Cette étude socio-épidémiologique, américaine, menée par des chercheurs de la Mailman School de l’Université de Columbia fait un constat américain mais probablement généralisable aux pays riches: la situation délicate des personnes » du milieu de la hiérarchie sociale « , qui souffrent de taux plus élevés de dépression et d’anxiété que les personnes appartenant aux classes sociales les plus élevées mais aussi les moins élevées. Ainsi les employés ou les jeunes cadres sont deux fois plus nombreux à indiquer souffrir d’anxiété par rapport aux "travailleurs" ou aux dirigeants. Ces données, présentées dans la revue Sociology of Health & Illness, appellent à mener des études plus fines en santé mentale sur la relation entre la classe sociale et la santé.
De précédentes études ont montré que le stress au travail et que l’épuisement professionnel sont des facteurs de risque importants dans le développement de la dépression. Les travailleurs ayant peu de possibilités de prise de décision et des contraintes élevées montrent des taux plus élevés de symptômes dépressifs.
Les chercheurs ont analysé les données de 21.859 participants, travailleurs à temps plein, participant à l’Enquête NESARC (National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions) portant sur l’alcool et les troubles associés menée sur un échantillon représentatif de la population adulte américaine. Les chercheurs ont estimé la prévalence, le risque à vie et l’incidence au cours des 12 derniers mois de la dépression et du stress professionnel par catégories de classe, de revenu et d’éducation. Les » classes » étaient définies en fonction des revenus et des postes occupés (cadres, employés, ouvriers).
· Les symptômes de dépression sont rapportés par 18% des employés et cadres vs 12% pour les ouvriers.
· Si le désavantage social lié au revenu et au niveau de scolarité est associé à un risque plus élevé d’effets indésirables sur la santé mentale,
· les personnes situées au milieu des hiérarchies sociales présentent les taux les plus élevés de dépression et d’anxiété.
Il faut donc revoir les approches standards : Ces groupes de population n’ont pas toujours de faibles revenus et ces données suggèrent que la seule prise en compte de facteurs dits sociodémographiques, indépendants de la position hiérarchique au travail, ne suffit pas à identifier les personnes à risque élevé de stress et d’anxiété. » La dépression et l’anxiété peuvent peut être masquées ou seulement partiellement expliquées par des mesures de statut socio-économique standards « , expliquent les auteurs.
De nouvelles recherches épidémiologiques sur l’humeur, le bien-être, les risques de stress et d’anxiété devraient » creuser » l’analyse de la classe sociale moyenne qui ne se définit pas complètement par des mesures de statut socio-économique et qui, selon ces conclusions, apparaît comme plus exposée au risque de dépression.
Source: Sociology of Health & Illness 3 AUG 2015 DOI: 10.1111/1467-9566.12315 Anxious? Depressed? You might be suffering from capitalism: contradictory class locations and the prevalence of depression and anxiety in the USA
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