Trois à quatre cents personnes étaient présentes à la manifestation organisée par Sea Sheperd contre le massacre des dauphins des îles Féroé. Seulement quatre cents en ce mois d'Aout d'un Paris déserté mais beaucoup de jeunes. Pendant que les participants se positionnaient pour la mise en scène médiatique, des cris de dauphins commencèrent à percer la chaleur d'une place sans ombre. Puis les écrans devant la scène se mirent à diffuser les films des massacres. Je suis pris alors d'un profond malaise! Les manifestants se rassemblaient pour assister au massacre avec une sorte de fascination qui me semblait alors morbide et malsaine. Je refusais de voir à nouveau cette horreur et crois être pratiquement le seul à tourner le dos aux écrans.
Puis vint sur scène la présidente de Sea Sheperd France nous rappeler sans émotion ni colère perceptible la raison de notre présence içi. Suit le témoignage d'une activiste de Sea Sheperd traduite d'une manière très approximative et amatrice; la dureté des propos avec force détails contrastait avec le ton monocorde et désincarné. Ensuite on nous annonça une surprise. Un ami de la cause, humoriste, allait nous "détendre un peu". Étonnement de ma part; je ne me suis pas déplacé pour assister à un stand up d'un comique plus que débutant qui plus est! Au bout de cinq minutes je décide de partir. Pendant ces deux heures je n'aurais pas eu le loisir de voir Paul Watson à l'abri d'une tente , non loin des deux gros groupes électrogènes qui enfumaient la place surchauffée. Il a dû intervenir plus tard devant j'espère une foule plus nombreuse.
Ce samedi la place de la république se partageait en trois groupes, les défenseurs des animaux, des opposants au régime ivoirien en place et une tente du DAL (droit au logement) qui défendait les expulsés, ces citoyens à qui l'on refuse dans l'un des pays les plus riches du monde le droit inaliénable d'avoir un toit. Chacun dans son coin, semblant les uns et les autres ne pas se soucier des autres combats. Je me suis pris à imaginer une autre vision plus proche de ma perception des choses. J'aurais aimé que tous ensemble nous allions tour à tour rejoindre les autres, ne serait ce que pour s'informer et être solidaires.
Car en fait nous menons tous un même combat celui contre l'oppression.
Ce samedi place de la république, nous étions tous Charlie mais chacun pour sa cause. La différence peut-être que les défenseurs des animaux se battent pour le droit des autres pas pour leurs droits.