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La rançon du nucléaire

Par Francis Lo @FrancisLO_ecolo

Par Francis LO dans Coups de gueule le 25 Août 2015 à 13:29

En France, si le nucléaire génère un sentiment de puissance, il est aussi une véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des français qui en sont les otages.
Le bouclier mis en œuvre sur la future centrale de Flamanville qui doit les protéger du risque d'incidents majeurs, présente de sérieux défauts, et sur ce sujet Jacques Attali sait que " p our se protéger d'une épée, il faut un bouclier, o r construire un bouclier contre l'arme nucléaire s'est révélé jusqu'ici impossible " .
Le coût global de la fermeture de la centrale de Fessenheim est estimé à 5 milliards d'euros dont 4 milliards d'indemnisation pour l'exploitant EDF - Madame la Ministre de l'écologie a qualifié cette requête de " fLa rançon du nucléaireIl n'existe aucun bouclier, même pas fiscal, qui protège les finances publiques dans le conflit nucléaire opposant EDF à l'État qui mène le débat sur la transition énergétique : EDF envisage de demander à l'État des indemnités conséquentes s i elle est contraint e de fermer des réacteurs, ce qui a été exprimé dans un rapport produit à l'Assemblée . arfelue ". L'on a pu voir le budget initial prévu pour la construction de l'EPR de Flamanville littéralement explosé - l'important est que cette explosion ne concerne pas l'un des réacteurs du parc et que le toit en demi-sphère posé censé protéger les français résiste. En attendant 2017 pour qu'il produise les premiers kilowatts, le château du nucléaire se fissure.
La rançon du nucléaireS'il est manifestement possible que l'ensemble des besoins en électricité soit entièrement produit par les énergies renouvelables, comme au Danemark, dans l'absolu le coût global d'un démantèlement des 59 centrales - selon les quelques chiffres évoqués dans les rapports présentés - est de l'ordre de 300 à 500 milliards. C'est une estimation " à la louche ", mais EDF n'a pas fait mieux dans le chiffrage de son projet EPR. L'état des lieux du parc nucléaire est alarmant. Un vaste projet de restauration est lancé : il est estimé à 55 milliards mais nul ne peut dire quel en sera le coût final et réel. De très sérieuses défaillances sur ce gigantesque chantier apparaissent dès le début de sa mise en œuvre.
A grand coup médiatique l'État interpelle les usagers de la route dès que le nombre de morts sur les routes de France augmente, seulement il est bien moins communicatif sur les accidents du nucléaire.
Juin 2015, centrale nucléaire du Blayais en Gironde : taux de radioactivité anormal dépassant les 500 Becquerels par mètre carré, évacuation immédiate du personnel, une semaine plus tard, nouvelle évacuation et 11 ouvriers contaminés en sachant que les intervenants issus de la sous-traitance n'ont généralement pas de suivi médical. L'incident qui n'est pas anodin est aussitôt minimisé et présenté à la presse comme un événement sans gravité où les personnes contaminées n'ont reçu qu'une " radioactivité de faible dose ".
Trois semaines plus tard, juillet 2015, centrale de Paluel en Seine-Maritime, incendie suite à travaux de réparation sur un condenseur, 71 pompiers interviennent pendant 6 heures pour éteindre le foyer. Ces opérations se déroulaient à chaque fois dans le cadre de travaux de maintenance destinés à prolonger la durée de fonctionnement des centrales bien au-delà des trente ans initialement prévues, en rappelant qu'en terme de sécurité routière, les autorités sont intraitables.
Ces événements qui menacent la population de masse sont subrepticement tus, ou tout au moins ne sont manifestement pas autant publiés sur les médias que les chiffres de la sécurité routière.
Sortir du nucléaire ? La seule alternative se joue entre son maintien où les français devront s'acquitter d'une très lourde facture de réparations avec un risque accru d'accident majeur, et son démantèlement où les français devront s'acquitter d'une rançon pyramidale pour démonter la première pierre de l'édifice. Les français sont les otages du nucléaire, et pendant ce temps d'autres pays d'Europe gagnent le pari du tout renouvelable.

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