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Critique Ciné : Tokyo Fiancée (2015)

Publié le 25 août 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Tokyo Fiancée // De Stefan Liberski. Avec Pauline Etienne et Taichi Inoue.


Adapter du Amélie Nothomb n'a jamais été la chose la plus simple à faire. On se souvient de la catastrophe qu'a été Hygiène de l'Assassin et accessoirement, Stupeurs et Tremblements ne vaut que pour la prestation sans faute de Sylvie Testud. Pour cette troisième adaptation d'un roman de l'écrivaine française, Tokyo Fiancée s'occupe de Ni d'Adam, Ni d'Eve. Ce n'est pas le roman le plus facile à adapter, soyons clairs. La réussite de Tokyo Fiancée est de parvenir à traduire les moments les plus métaphoriques et rêvés du livre. C'est d'ailleurs pour moi l'adaptation la plus réussie d'une oeuvre de l'écrivaine. Ce n'était pas donné à tout le monde de réussir mais je suis content de voir qu'ils n'ont pas fauté. Le film reprend alors les codes de la société japonaise, de la façon dont une occidentale tente de s'intégrer à sa façon dans cette société et tout ce qui peut justement englober sa propre existence. Et puis il y a Pauline Etienne, une actrice au talent assez brillant que je ne m'attendais pas du tout à retrouver ici (car oui, je regarde des films sans regarder le casting parfois). Je l'avais déjà vu dans La Religieuse (de Guillaume Nicloux) mais c'est dans ce film que j'ai réellement pu découvrir tout l'étendu de ses talents. Et pour le coup, ce récit initiatique a tout d'une belle petite réussite inattendue.

La tête pleine de rêves, Amélie, 20 ans, revient dans le Japon de son enfance. Elle propose des cours particuliers de français et rencontre Rinri, son premier et unique élève, un jeune Japonais qui devient bientôt son amant. A travers les surprises, bonheurs et déboires de ce choc culturel drôle et poétique, nous découvrons une Amélie toute en spontanéité et tendresse, qui allie la grâce d'un ikebana à l'espièglerie d'un personnage de manga.

La façon dont Stefan Liberski met tout cela en scène me plaît car cela change de ce que l'on avait pour habitude de voir dans les adaptation d'Amélie Nothomb. Les paysages sont magnifiques et c'est là dessus que le film veut mettre l'accent. Il a très bien choisi son directeur de la photographie avec Hichame Alaouie qui parvient à nous offrir une vision magnifique du Japon (notamment du mont Fuji et d'autres espaces atypiques qui font justement le caractère le plus intéressant de ce pays). Visuellement, ce film est donc très réussi. Là où il y a peut-être un problème c'est dans le scénario. Certes l'histoire est sympathique et très bien adaptée mais ce n'est pas le meilleur roman d'Amélie Nothomb, tout du moins pas celui qui m'a le plus accroché. Ses récits japonais (ou asiatiques) sur fond d'autobiographie c'est amusant mais cela peut aussi rapidement devenir redondant. Le film m'a d'ailleurs beaucoup fait penser à d'autres de l'oeuvre de l'écrivaine et c'est bien dommage. Heureusement qu'il y a dans ce film un garçon, mais un garçon légèrement farfelu sur les bords qui sort justement des sentiers battus. Mais heureusement pour nous qu'il y a Pauline Etienne devant la caméra.

Elle parvient à nous faire oublier l'actrice et à nous laisser penser que Amélie Nothomb est avec nous dans ce film. Amélie, le personnage de Tokyo Fiancée, est tellement pétillante. Il y a quelque chose de terriblement drôle dans sa façon de voir les choses qui est complètement barrée. Le film ne se refusant jamais de rêver, le film est donc un pur moment de bonheur qui se déguste sans raison. Il y a aussi pas mal de tendresse et de poésie dans ce récit que l'on retrouve à l'écran de façon très différent de ce que j'avais imaginé dans ma tête quand j'ai lu le livre. Je ne connais rien du tout de la culture japonaise mais justement, j'apprécie que Amélie Nothomb tente, de temps en temps, d'être ce porte parole (même si le récit reste égo-centré autour de son expérience personnelle et pas de celle d'un personnage fictif qu'elle aurait créé). Finalement, Tokyo Fiancée est donc une excellente surprise que je n'avais pas du tout vu venir. Un film qui mélange les genres, passant de moments joyeux et colorés à d'autres beaucoup plus acides et amers. Mais encore une fois, c'est peut-être aussi toute la beauté de ce film, d'être un bonbon qui change à chaque couche.

Note : 7/10. En bref, joli récit initiatique.

Date de sortie : 4 mars 2015


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