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Critique Ciné : Floride (2015)

Publié le 26 août 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Floride // De Philippe Le Guay. Avec Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain.


Après les très bons Les femmes du 6e étage et Alceste à bicyclette, Philippe Le Guay est de retour avec une aventure curieuse autour d’une malade terrible de notre siècle : Alzheimer. Le film est drôle mais aussi particulièrement touchant, parlant du fait de vieillir et de ne plus se souvenir de tout un tas de choses de sa propre vie. C’est terrible mais c’est aussi le récit de ce qui pourrait nous attendre dans le futur, perdre la mémoire. Personnellement, ce serait l’une des pires choses qui pourraient m’arriver. Mais le film ne veut pas nous accabler. Au contraire, il veut que l’on prenne conscience du fait qu’être vieux et dépendant ne veut pas dire que l’on ne peut pas faire rire le spectateur. Si le film repose sur un scénario assez simple, le choix des comédiens aura été probablement primordial : Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain forment un duo de choc qui s’entrechoque de façon intelligente. Jean Rochefort, qui a décidé de mettre un terme à sa carrière d’acteur, achève sa filmographie avec un rôle à la hauteur de son talent. Il nous fait rire, nous émeut, et bien plus encore. Si son personnage est touchant sur le papier, l’âme que l’acteur lui donne est assez unique et je ne suis pas sûr qu’un autre acteur que lui aurait pu incarner ce même personnage.

A 80 ans, Claude Lherminier n'a rien perdu de sa prestance. Mais il lui arrive de plus en plus souvent d'avoir des oublis, des accès de confusion. Un état qu'il se refuse obstinément à admettre. Carole, sa fille aînée, mène un combat de tous les instants pour qu'il ne soit pas livré à lui-même. Sur un coup de tête, Claude décide de s'envoler pour la Floride. Qu'y a-t-il derrière ce voyage si soudain ?

Adapté de la pièce de Florian Zeller, multi récompensée, Floride part donc déjà avec une base assez solide et reconnue. Philippe Le Guay tente alors de faire de cette histoire un récit presque initiatique pour une femme qui veut aider son père alors que ce dernier refuse de voir la vérité en face. Il y a cependant beaucoup de poésie dans la manière de construire l’histoire, entre des flashforwards dans un avion et les scènes se déroulant au présent. Enfin, les flashforwards n’en sont pas vraiment mais c’est aussi là toute la beauté de la poésie de ce film. A côté de Jean Rochefort, on retrouve une Sandrine Kiberlain sincère et touchante. Ce que j’aime dans ce film c’est la façon dont elle parvient à se glisser dans la vie de l’homme (qui est son père) en l’aidant coûte que coûte alors que lui n’a de cesse de la rejeter dans tout ce qu’elle entreprend. Cependant, derrière le jeu de l’actrice, son personnage manque cruellement de développement personnel. Certes, il y a des scènes avec son amant du moment, avec son fils, mais ce n’est pas suffisant. Il manque quelque chose à son histoire, comme si elle n’était que spectatrice du spectacle de Jean Rochefort (enfin, de Claude) et rien de plus. C’est peut-être là la faiblesse de Floride.

Car finalement, sans être brillant, ce film fait un constat assez intelligent sur une maladie qui ronge les populations depuis des années. Le film évite de tomber dans le pathos dégoulinant. Il n’y a donc pas trop de scènes touchantes (une grande sur la fin et puis c’est tout) mais pour combler le tout, une bonne dose d’humour qui elle, est assez réussie. Les répliques s’enchaînent de façon assez sympathique sans pour autant toutes être tordantes. La répartie de Jean Rochefort ou plutôt de Claude fait plus ou moins tout le boulot demandé ce qui dans un sens n’est pas si mal que ça. Au contraire, l’humour, sans faire oublier la gravité de la situation permet de faire passer un peu mieux une histoire sacrément dure. L’adaptation d’une pièce de théâtre n’est jamais facile mais l’on peut dire que la tentative est ici assez louable et intéressante. Tout du moins, je n’ai pas grand chose à redire étant donné que je n’ai pas vu la pièce d’origine et ne je peux donc pas comparer. L’ambiance n’est pas très théâtrale c’est sûr mais peu importe, ce n’est pas le plus important. Enfin, je pourrais aussi dire à quel point je suis déçu des flashbacks (à contrario des flashforwards) qui alourdissent le récit en voulant lui donner une dimension larmoyante sans succès.

Note : 5.5/10. En bref, terrible constat d’une maladie qui ronge le monde et les souvenirs. Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain sont au poil.


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