A l’approche de la Cop21, la chef de file d’EE-LV intime au Parti socialiste de passer du discours aux actes.© Nicolas MESSYASZ/SIPALe 26 août 2015
INTERVIEW CAROLINE FONTAINE
La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, qui sera à l’université d’été du PS ce week-end, distribue les mauvais points à la veille de la rentrée.Paris Match. Que dire aux socialistes alors que se tient leur université d’été ?
Emmanuelle Cosse. Notre planète est malade, il est temps d’agir. La conférence climat, la Cop21, est une grande occasion, elle ne doit pas être une grande illusion ! Je dis aux socialistes qu’il est temps de passer du discours aux actes et de sortir de l’incohérence !C’est-à-dire ?
Pour être leader, la France doit être exemplaire et avoir des politiques publiques à la hauteur de l’enjeu. Le gouvernement n’est pas assez écologiste et les promesses présidentielles en matière de dérèglement climatique ne sont toujours pas tenues ! Il faut aussi instaurer une taxe sur les transactions financières pour assumer l’adaptation aux défis climatiques. Le président de la République a fait un discours au Bourget qui disait : “Mon ennemi, c’est la finance.” Et pourtant, aujourd’hui, du fait d’un intense lobbying des banques, c’est la France qui bloque !Pour réussir la conférence, ne faudrait-il pas aussi un parti rassemblé qui débatte d’autre chose que de son entrée au gouvernement ?
Nos journées d’été, avec de nombreux ateliers de haut niveau, ont montré que l’on parle d’écologie ! Mais, oui, les écologistes doivent se reconcentrer sur les questions écologiques. C’est même notre urgence. Je les appelle à se retrousser les manches.Arnaud Montebourg a fait sa rentrée avec un discours antiaustérité. Pensez-vous qu’un rapprochement avec lui soit possible ?
Ministre, il a défendu une vision productiviste de l’économie et il a passé son temps à parler du nucléaire, du gaz de schiste… Pour nous, l’écologie est une solution ; pour lui, visiblement un problème.
"TOUT LE MONDE NE PARLE DÉJÀ QUE DE LA PRÉSIDENTIELLE DE 2017, OR L’URGENCE EST AILLEURS..."
Jean-Christophe Cambadélis s’inquiète de la “mélenchonisation de l’écologie” et Jean-Luc Mélenchon vous dit sectaires. La guerre des gauches est déclarée ?Je n’ai pas envie de commenter leurs humeurs. La réalité, c’est que l’écologie oblige à sortir des schémas classiques et cela bouscule leurs vieilles habitudes. Il faudra qu’ils s’y fassent : nous sommes nous-mêmes et suivons notre propre voie.Aux régionales, les écologistes ont constitué des listes autonomes sauf dans quatre régions où ils pourraient partir avec le Front de gauche. Est-ce si compliqué de bâtir un projet avec le PS ?
Les écologistes ont l’expérience des années passées où il était si difficile de faire changer les politiques publiques, où ils avaient du mal à se faire entendre. Mais ce qui m’importe, c’est le projet écologiste porté par des têtes de liste écologistes. Et si, sur cette base-là, des gens veulent nous rejoindre, ils sont les bienvenus.Etes-vous inquiète du fait que, dans des régions, l’absence de rassemblement au premier tour ouvre la porte au FN ?
Je fais confiance à nos militants pour choisir la meilleure solution. Il faut les respecter sur leur maturité et leurs choix.Etes-vous pour une primaire à gauche ?
Tout le monde ne parle déjà que de la présidentielle de 2017, or l’urgence est ailleurs... Il faut des réponses à la crise sociale et environnementale.François Hollande parle désormais beaucoup d’écologie. S’est-il converti ?
Encore heureux qu’il s’ouvre enfin à ces questions ! Notre pays accueille la Cop21 et doit tout faire pour obtenir un accord. La lutte pour le climat ne se paie ni de mots ni de demi-mesures. C’est pourquoi je lui dis : “Ça chauffe, M. le Président, passez à l’action ! ”http://www.parismatch.com/Actu/Politique/Emanuelle-Cosse-Le-gouvernement-n-est-pas-assez-ecologiste-818199