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EMMANUELLE COSSE27 AOÛT 2015
Parce que la crise environnementale se traduit chaque jour davantage en injustice sociale, l’écologie peut et doit être au cœur du progressisme. Suggestion au PS alors que s’ouvre son université d’été à La Rochelle.
Cher(e) camarade socialiste,Tu le sais, alors que ta formation politique a conquis l’essentiel des leviers de pouvoir de la Ve République, la France et l’Europe vont mal. Une crise démocratique durable éloigne les citoyens, désabusés, de la prise de décision. Cela laisse le champ libre à tous les lobbys qui luttent contre le changement tant promis. Cela bloque les réformes qui permettraient de prendre le virage d’un modèle de prospérité compatible avec les limites de la planète. Cela donne du grain à moudre aux xénophobes.Les ressources naturelles s’épuisent. Nous vivons à crédit une bonne partie de l’année, consommant plus que notre planète ne peut produire, et les records de température et de sécheresse se succèdent pour illustrer la réalité du dérèglement climatique et les drames humains qu’il engendre.En 2015, en France, qui accueille la COP 21, la première partie de l’année aura été celle du mois le plus chaud jamais enregistré et celle du record de dividendes distribués aux actionnaires. Coïncidence ? Je ne crois pas. La clé d’un accord décisif à Paris, c’est le financement par les pays du G20, principaux responsables du dérèglement climatique, de la solidarité avec les pays, essentiellement du Sud, qui en sont les premières victimes. Or, sans taxe sur les transactions financières (TTF), sur laquelle la France freine sous le poids du lobby bancaire, et sans harmonisation européenne permettant de remettre au service du bien commun les sommes gigantesques qui échappent aux fiscalités nationales, le Fonds vert pour le climat ne sera pas suffisamment alimenté.Dérégulation financière et dérèglement climatique forment ainsi les deux faces de notre ennemi commun. «Il n’a pas de nom, pas de visage.» Il en a deux ! Cela ne te rappelle rien ? Oui, la lutte pour le climat peut donner enfin corps au discours du Bourget. Parce que la crise environnementale se traduit chaque jour davantage en injustice sociale, l’écologie peut et doit être au cœur de la refondation du progressisme. Si la gauche est en train de mourir, l’écologie peut la faire renaître.Pour cela, la France doit mettre en adéquation ses discours et ses actes et devenir le fer de lance de la lutte contre le dérèglement climatique. Tout en renforçant la parole de l’Europe, elle se doit, en tant que puissance invitante, d’être elle-même à la hauteur de l’exigence climatique.Dans les semaines qui viennent, avec la loi de finance pour 2016, le gouvernement doit présenter un budget «2 °C compatible». Cela doit se traduire par un soutien massif au développement des énergies renouvelables, notamment à travers la réorientation du CICE, afin de mettre réellement en œuvre la transition énergétique. Cela implique aussi le lancement d’un plan national de rénovation thermique du logement sur quarante ans et le passage à une agriculture respectueuse de la terre et des hommes.Il s’agit aussi d’en terminer avec les renoncements et les contradictions, en adoptant une fiscalité écologique qui rendra cher ce qui pollue et accessible ce qui ne pollue pas. En ce sens, la mise en place d’une taxe poids lourds régionale et la suppression de la niche diesel, qui nous coûte, chaque année, 7 milliards d’euros, sont indispensables.Au-delà du budget, l’Etat doit mettre sa puissance d’investisseur au service d’une reconversion écologique. D’abord en tenant la promesse présidentielle de supprimer tout soutien financier à la construction de centrales à charbon à l’étranger, plutôt que de se laisser dicter sa politique par Alstom ; plus largement, en sortant l’ensemble des fonds qu’il pilote, à travers la Caisse des dépôts, des investissements dans les énergies fossiles ; enfin, en assumant son rôle d’Etat stratège, actionnaire clé des grands groupes énergétiques et automobiles pour mettre la France et l’Europe sur la voie de la nouvelle révolution industrielle. Voilà, cher(e) camarade, des mesures concrètes pour répondre aux besoins des Françaises et des Français. Face à l’urgence climatique, la France a rendez-vous avec l’histoire. L’avenir, c’est l’écologie !Emmanuelle COSSEhttp://www.liberation.fr/politiques/2015/08/27/si-la-gauche-est-en-train-de-mourir-l-ecologie-peut-la-faire-renaitre_1370605