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Immigrée au travail

Publié le 06 juin 2008 par Malesherbes
Le 29 mai, le journal de 20 heures de France 2 consacrait un sujet au cas de travailleuses immigrées sans papiers qui demandaient leur régularisation. On a pu voir la directrice d’un hôtel s’exprimer ainsi à propos d’une femme qui avait travaillé dans son établissement : « une sous-traitante, je la considère comme un fournisseur style mes locations de draps, moi, si vous voulez, une femme de ménage, c’est comme si j’avais eu une machine à café ». A ce moment, elle tente vainement de réprimer un sourire et poursuit : « en fait, que j’emploie, c’est pas ... ». Semblant se rendre compte de ce qu’elle vient de se laisser aller à dire, elle hésite un peu, gênée, puis rit franchement et reprend : « que j’utilise tous les jours, quoi, ....et puis je paie ma facture de location en fin de mois, si vous voulez, c’est comme ça, on n’a pas à rentrer dans les détails des papiers ».
On peut parfois reprocher à certains dirigeants de sociétés de services informatiques de considérer un peu leur personnel comme de la « viande sur pied » mais au moins ils ne vont pas jusqu’à les assimiler à des choses. Ici, cette brave dame est descendue d’un degré dans la considération que l’on peut accorder à une employée. Qui plus est, certains objets peuvent susciter des sentiments. Ainsi une automobile est à même, dans certains cas extrêmes, de rivaliser avec une épouse. Mais qu’y a-t-il de plus stupide et de plus inerte qu’une machine café que l’on déclenche par la simple pression d’un bouton ? De là à imaginer que la personne qui travaille pour vous soit susceptible d’avoir une vie à elle, avec peut-être ses soucis et ses difficultés !
Ceci me rappelle un exemple des horreurs que, convaincus de leur bon droit, des employeurs peuvent commettre. Lors d’une des dernières grèves de transports en région parisienne, une femme de ménage se présente à l’hôtel où elle travaille avec deux heures de retard. La directrice l’apostrophe : «Qu’est-ce que vous faites ? Rentrez chez vous, je ne veux pas vous voir !». Pour éviter de se voir facturer une journée de travail incomplète, elle ignore les efforts que l’employée a dû déployer pour rejoindre son poste et n’a même pas la charité de lui proposer une boisson, au coût évidemment dispendieux pour ce genre d’établissement.

Dire qu’au siècle dernier on a pu accuser des employeurs de paternalisme. Voilà un danger enfin écarté !

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