Rencontre fortuite
En ce temps de festivals (enfin, ceux qui ont réussir à survivre…), les Gipsy pigs, groupe musical de rue du Havre se produit rue Maréchal Joffre devant un public copieux. Soudain, une faible clameur s’élève au bout de la rue. Apparaissent des drapeaux, occitans, kurdes, une banderole aux larges lettres noires et rouges caractéristiques du groupe Libertat ! qui se manifeste toujours au moment d’Hestiv’oc.
Le leader des musiciens jauge vite la situation et invite tout le monde à faire une haie d’honneur. Les militants, une dizaine, ralentissent le pas, embarrassés, puis stoppent à cinq mètres. Le plus hardi vient inquiet en éclaireur, aussitôt rassuré par le musicien. Surpris par la réaction favorable, il rejoint ses camarades, se retourne et audacieux, clame qu’avant de passer ils vont faire un communiqué. « Pas trop long alors… » souffle à voix modérée une spectatrice à mes côtés. Tout le monde écoute, en silence.
Le cortège se remet en branle tandis qu’un autre militant lit le trac que le premier n’a pas manqué de distribuer, dénonçant le massacre en toute impunité des combattants kurdes par le gouvernement turc. Intimidés, les jeunes défilent, regardant droit devant eux. Le spectacle reprend pendant que Libertat ! s’éloigne.
La noblesse, la beauté de ce militantisme sont émouvantes.
Colette Milhé