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Migrants

Publié le 31 août 2015 par Malesherbes

Depuis quelques jours, on voit fleurir dans les journaux, écrits ou parlés, un mot jusqu’ici peu utilisé, celui de migrant. Sa formation est récente. Il est apparu en 1951, formé par le participe présent du verbe migrer. Celui-ci désigne l’action de se déplacer d’une région à une autre. Il qualifie donc exactement ceux qui ont quitté un pays, voire un continent, à destination d’un autre. Mais, avant ce terme, on disposait d’autres mots plus précis pour désigner des migrants.

L’émigré est celui qui quitte un pays pour s’établir dans un autre. C’est ainsi que, pendant la Révolution française, on appelait les nobles qui, craignant pour leur vie, partaient s’établir à l’étranger, attendant, ou agissant pour la précipiter, la fin de cette Révolution. Nous avons désormais une nouvelle race d’émigrés, ceux qui quittent leur pays pour des raisons  fiscales. On les nomme improprement des évadés fiscaux, comme s’ils avaient dû briser des barreaux pour fuir leur pays considéré ainsi comme une prison. Ils sont parfois appelés exilés fiscaux, terme tout aussi impropre, comme s’ils étaient victimes d’un exil imposé et non choisi.

Inversement, l’immigré est celui qui vient s’établir dans un autre pays que le sien. À la fin du XIX° siècle et au début du XX°, des millions d’Européens abandonnèrent leur continent pour s’installer aux États-Unis d’Amérique. De même, au siècle dernier, des Maghrébins, des Italiens et beaucoup d’autres vinrent en France chercher du travail. La distinction entre émigré et immigré est parfois malaisée, un même individu étant considéré comme émigré dans le pays qu’il quitte et comme immigré dans celui où il se fixe. C’est peut-être pour cette raison qu’est apparu le terme plus général de migrant. De plus, son origine de participe présent indique une action en train de se faire, une migration qui n’est pas achevée. Ceci correspond très exactement à ceux qui campent à Calais, dans l’espoir de gagner la Grande-Bretagne.

Je crains que, malheureusement, ce ne soient pas des considérations linguistiques qui président  à une généralisation  du terme de migrant. Parmi tous ces migrants, nombreux sont ceux qui sont en fait des réfugiés, c’est-à-dire des personnes qui ont fui leur pays parce qu’elles craignaient pour leur vie. Cela fait d’eux des fugitifs, des réfugiés, en quête d’un asile. Et il me semble que c’est pour ne pas leur conférer cette qualité de réfugié qu’on les désigne du nom plus neutre de migrant. Lorsque ces personnes demandent l’exercice du droit d’asile, on mène une longue enquête afin  de déterminer si leur vie est menacée dans leur pays d’origine, celui d’où elles ont émigré. Si la multiplication des demandes non suivie d’une augmentation des effectifs de contrôle peut expliquer la longueur des enquêtes, je suis sceptique quant à leur impartialité. J’ai vu ce samedi un documentaire dans lequel on voyait une famille être déboutée de sa  demande au motif que son pays d’origine, l’Albanie, avait  disparu de la liste des pays troublés. En effet, on comprend qu’il ait fallu plus d’un an d’instruction pour découvrir ce fait.  


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