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Arrêtons le financement des énergies fossiles !

Publié le 31 août 2015 par Blanchemanche
#COP21 #Transitionénergétique #CO2
À l'occasion de la conférence internationale sur le désinvestissement carbone qui se tient ce 1er septembre à Paris, May Boeve, directrice exécutive et co-fondatrice de 350.org (1) appelle à une mobilisation citoyenne de grande ampleur. « Une avalanche d'engagements à désinvestir en amont de la COP21 enverrait un signal fort que le monde s'éloigne rapidement et irréversiblement des combustibles fossiles. »

Arrêtons le financement des énergies fossiles !
Le rythme d'extinction d'espèces s'accélère, les records de chaleur se succèdent, l'accès à l'alimentation et à un habitat décent se durcit chaque jour davantage pour les populations défavorisées dans le monde et particulièrement pour celles du Sud... C'est dans ce contexte que se tiendra la Conférence pour le climat, la COP21, à Paris-Le Bourget. Dans trois mois, les décisions qui y seront prises peuvent avoir une influence majeure sur la lutte contre le dérèglement climatique. A condition que ces décisions répondent à l'urgence de la situation. Pour cela, il est impératif de changer notre logiciel de pensées et d'actions. Prétendre limiter nos émissions de CO2 en exploitant davantage d'énergies fossiles relève de la schizophrénie. Tant que nous continuons à brûler les énergies fossiles, les émissions globales augmenteront alors que le degré supplémentaire que nous avons déjà causé suffit à lui seul, à faire fondre l’Arctique. Ce modèle est incompatible avec la justice climatique, incompatible avec des solutions qui permettraient aux peuples du monde et aux plus fragiles d'entre nous de ne plus payer un tribut si lourd qu'il soit composé de famines généralisées, de migrations forcées, d'épidémies et de morts prématurées. Nous ne voulons pas accompagner le système, nous voulons le dépasser.Pour cela, nous devons écouter la voix de ces scientifiques qui, ayant forgé un consensus, affirment clairement que pour ne pas atteindre la limite de 2°C de réchauffement global, nous ne devons pas exploiter 80% des réserves de combustibles fossiles. Le charbon doit rester dans le sol, pas dans nos poumons. Le gaz et le pétrole doivent rester sous terre, pas finir dans l'air.
Le temps presse, nous disposons d'une fenêtre très courte pour agir. Les décisions que nous prendrons, demain, dans les cinq ou dix prochaines années auront des conséquences sur les sècles, voire les millénaires à venir. Nos sociétés doivent faire preuve de lucidité et de courage : nous devons geler l'exploitation des combustibles fossiles, nous devons obtenir un moratoire sur tout nouveau projet d'exploitation. Les projets en cours doivent être arrêtés. Comme le souligne l’Agence Internationale de l’Energie, nous devrons cesser, dès 2017, de construire des infrastructures liées aux fossiles - puits, mines, oléoducs, raffineries - mais les aéroports sont aussi concernés. Enfin, nous devons nous fixer comme objectif de transition énergétique une société fondée à 100% sur les énergies renouvelables.
Or, jusqu'ici, les sièges des négociations internationales sont majoritairement occupés par des personnes qui refusent de voir cette réalité et, dès lors, échouent à répondre aux enjeux climatiques. Bien sûr, les politiques ne sont pas seuls responsables : l'industrie du gaz, du pétrole et du charbon, met tout en oeuvre pour polluer et obstruer le processus politique, notamment en faisant usage d'un lobbying intensif contre des arguments scientifiques incontestables. En Afrique comme en Arctique, en Amérique latine comme en Europe, cette industrie s'est révélée être à la fois la plus puissante et la plus destructrice de tous les temps. Dès lors, il revient aux citoyennes et citoyens dans le monde de contester la légitimité sociale de l'industrie des énergies fossiles, alors que celle-ci met tout en oeuvre pour détourner le monde des seules solutions viables pour toutes et tous. Le sommet de la COP21 doit envoyer un message clair aux dirigeants et aux investisseurs : l'ère des combustibles fossiles s'achève et l'ère d'une économie très bas carbone s'ouvre. Il faut vite sortir de la première et se précipiter dans la seconde. Et si les arguments moraux et éthiques ne suffisent pas, nous disposons d'un outil puissant pour accélérer ce changement : notre argent, à travers le mouvement de désinvestissement. Le désinvestissement souligne notre responsabilité directe. A tou.te.s, individus, institutions publiques et privées, entreprises, se pose cette question cruciale : êtes-vous prêt.e.s à continuer à cautionner le projet destructeur, pour les personnes comme pour la planète, de l'industrie des combustibles fossiles en recevant leurs dividendes ? La réponse doit être non. C'est d'ailleurs ainsi qu'ont déjà répondu des centaines d'institutions, représentant des centaines de milliards de dollars, et qui se sont engagées à se séparer de leurs investissements dans le pétrole, le gaz ou le charbon. L'argent doit aller aux solutions, pas aux problèmes. Pas de pognon pour le charbon !
Des campagnes qui s'opposent au pouvoir des multinationales, la campagne de désinvestissement, est l'une des plus rapides. Et elle grandit de jour en jour. En seulement trois ans, la campagne de désinvestissement s'est répandue dans le monde entier et apparaît aujourd'hui comme une force d'opposition à ceux qui défendent le « business as usual ». Ce mouvement citoyen a contribué à stimulé le basculement des investisseurs des énergies polluantes vers des énergies propres. Ce basculement se produit dans tous les secteurs, publics comme privés, nationaux comme internationaux, dans les institutions financières liées aux universités, aux groupes religieux et aux gouvernements. Ainsi le fonds souverain norvégien, qui pèse 820 milliards d'euros et détient la plus grosse capitalisation boursière du monde, vient de se retirer du charbon.
Avec le désinvestissement, nous contribuons à créer une nouvelle culture de la résistance. En marge de la conférence sur le désinvestissement qui se tient ce 1er septembre à Paris, nous lançons une page internet qui suit chaque nouvel engagements des institutions qui décident de désinvestir. Nous appelons d'autres institutions à ne plus financer des industries, qui quoique dirigées par des cols blancs, n'en sont pas moins criminelles. Les entreprises des combustibles fossiles, qui disposent d'un pouvoir sans équivalent, ne se limitent à répondre à la demande d'énergie, elles façonnent la demande d'énergie des sociétés en détournant l'usage des subventions au profit de leurs dirigeants et au détriment de leurs salarié.es, des énergies renouvelables et du reste de la planète.
Le désinvestissement est le modèle d'engagement financier vers lequel les Etats doivent s'engager. La conférence sur le climat, devra aboutir à une décision où les parties s'engagent à abandonner tout investissement dans le carbone, y compris toute subvention internationale, nationale et locale. Une avalanche d'engagements à désinvestir en amont de la COP21 enverrait un signal fort que le monde s'éloigne rapidement et irréversiblement des combustibles fossiles. Plusieurs voix de personnalités alliées au sein des Nations unies avancent que le désinvestissement est l'un des moyens de contribuer avec au succès de la COP21. La dynamique est de notre côté. A cette réalité il n'y aucune alternative.
(1) 350.org est une organisation internationale dédiée à la lutte pour la justice climatique.http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/310815/arretons-le-financement-des-energies-fossiles

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