L'Epoux et moi nous nous perdons. Régulièrement. Ou continuellement peut-être plus surement.
Depuis quand? que nous sommes parents de deux blonds. Depuis les petites nuits. Ou les heures de solitude qui se comptent sur le doigt de la main.
Quand les Blonds sont couchés, tardivement pour Ernest qui cherche inlassablement le sommeil encore, je me réfugie dans le silence, les quelques minutes les plus apaisantes de la journée. Deux étages plus haut, sous les toîts, notre chambre, mon livre à la main, le silence ponctué du cri des mouettes en fond sonore.
Les déjeuners à deux sont rares. Les dîners impossibles car nous tenons aux repas familiaux quand nos horaires coïncident, et la gestion de "deux services" nous parait d'une longueur désespérante.
Alors nous ne parlons plus à bâtons rompus, comme autrefois lorsque nous étions "jeunes". Nous voyons autour de nous des crises de la quarantaine, des couples qui se font bien du mal, des enfants malmenés.
Heureusement, même si nous pourrions en douter au quotidien, la communication (ou plutôt la verbalisation) de ce qui agace et tracasse est un fondement de notre relation. Avec le temps, nous avons appris à condenser, et les sms échangés au fil des journées sont bien plus riches et tendres (voire salavateurs) que mille mots prononcés.
Et puis, parfois, comme un grondement qui prend de l'ampleur et dont la nécessité se fait vitale, on a besoin de s'offrir une grande et profonde respiration à deux. On s'enfuit. Quelques heures, quelques jours de discussions à bâtons rompus (où les Blonds prennent beaucoup de place je dois avouer).
C'est notre rythme de croisière quand la tempête menace ou que la houle agite nos quatre murs. C'est quand même pas facile de ne pas se perdre entre les creux de vagues...