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5 dangers du marché de l’emploi en Suisse à connaitre absolument… et à éviter

Publié le 01 septembre 2015 par David Talerman
derive-emploi-suisseLe marché du travail suisse propose de très belles opportunités, et attire des talents du monde entier. Mais bien que porteur, ce marché du travail connait aussi des dérives. Lorsque j’ai été recruté en 2001, il existait à l’époque une véritable éthique du recrutement en Suisse, et des professionnels qui, globalement, étaient de vrais pros. Aujourd’hui, si cette éthique existe chez la plupart des professionnels RH en Suisse, certains acteurs du recrutement, minoritaires, ont clairement laissé de côté cette éthique. Avec la mondialisation et des techniques de recrutement de plus en plus internationalisées et faciles d’accès, il est de plus en plus simple pour un recruteur de trouver des bons candidats, et d’utiliser à leur insu leur savoir-faire, ou leur profil. Voici donc 5 dangers et dérives du recrutement en Suisse qu’il faut être capable d’identifier quand on recherche un emploi en Suisse.#1. Les gens qui payent pour avoir un jobComment ça se passe ? Un ancien collègue, ou une connaissance sait que vous êtes à la recherche d’un emploi en Suisse, et vous propose de vous faire rentrer dans sa boîte. Seulement voilà, il y a une petite condition : elle percevra tous les mois un pourcentage de votre salaire (en général quelques centaines de francs suisses), soit pour une durée déterminée, soit pas. Cette situation n’est pas le cas le plus répandu, mais il existe depuis plusieurs années (le 1er cas nous a été reporté en 2010, ce qui ne veut pas dire que cela n’existait pas auparavant).Qui est concerné ? Cette pratique existe la plupart du temps dans le milieu « amicalo-professionnel » proche, et le plus souvent pour des métiers qui sont peu qualifiants. Cela concerne en général plutôt les grandes structures, un peu moins les PME.Que faire face à une telle pratique ? Vous l’avez compris, de telles pratiques sont peu éthiques, et probablement illégales (à vérifier). Mon conseil est bien entendu de refuser catégoriquement ceci, voire de le dénoncer si, dans votre entreprise, vous auriez connaissance d’une telle pratique. Si vous êtes en phase de recrutement et qu’on vous propose ceci, il me semble difficile de dénoncer, il vaut mieux simplement décliner.#2. Le consulting gratuitComment ça se passe ? Vous êtes à la recherche d’un emploi et êtes contacté par un cabinet de recrutement, par exemple via Linkedin. Dans son message, la personne vous indique qu’elle est à la recherche d’une personne ayant tel et tel profil, en général proche du vôtre. Un rendez-vous est pris, et vous rencontrez la personne, ou êtes en contact direct pour un 1er entretien téléphonique. La personne vous présente alors du poste, et rapidement vous demande votre avis sur la manière de faire pour telle ou telle chose : une façon, en somme, de vérifier que vous êtes bien le spécialiste ou professionnel que vous prétendez être. Le problème, c’est qu’il n’y a en réalité pas de poste, mais ça bien sûr vous ne le savez pas. En procédant ainsi, l’entreprise sonde en profondeur des professionnels qui possèdent une expertise dans un domaine, à moindre frais, en prétextant un poste.Qui est concerné ? Cette technique est utilisée des entreprises de petite taille, qui n’ont pas forcément les moyens de se payer un consultant ou un professionnel ayant une expertise, alors elles « innovent » avec de fausses techniques de recrutement. La fin justifie les moyens.Que faire face à une telle pratique ?  Avec un peu d’expérience, on finit par identifier rapidement les entreprises qui sont dans cette situation. Un 1er indice pourrait être par exemple l’absence d’annonces sur des sites payants (car vous l’aurez compris, le problème est ici avant tout financier). Avec une entreprise de grande taille, il y a peu de risques, vous pouvez donc aborder à un moment du recrutement des sujets opérationnels pour illustrer votre savoir-faire sans aucune crainte. Si vous avez un doute, mon conseil est de rester malgré tout assez évasif sur la manière de faire, tout en insistant sur les résultats et avantages que pourrait en retirer l’entreprise. Si vous l’avez déjà fait pour une autre entreprise, dites-le au recruteur. Mais ne donnez jamais vos « secrets de fabrication », car c’est clairement votre matière première.Si vous avez des doutes (évitez quand même d’être trop paranoïaque) et s’il s’agit d’une petite structure, posez des questions sur les fonds dont dispose l’entreprise, comment elle est financée, comment les dirigeants comptent financer l’activité qu’on vous présente. Récupérez le plus d’informations possibles sur l’état financier de l’entreprise : vous pouvez a minima consulter le registre de commerce suisse, Zefix, qui vous donnera déjà le montant du capital de l’entreprise. Si l’entreprise à un capital inférieur à 100’000 CHF, il faudra qu’elle vous explique comment elle compte vous payer… Le registre du commerce vous permettra également de vérifier les différents actionnaires. La présence d’actionnaires publiques ou connus peut être un gage de sérieux supplémentaire de l’entreprise (attention, cela ne veut pas dire que les entreprises qui ne sont pas dans ce cas ne sont pas sérieuses).#3. Les cabinets de recrutement qui veulent remplir leur base de CVComment ça se passe ? Vous êtes un professionnel ayant une certaine expertise, vous recherchez un emploi en Suisse et tombez sur une petite annonce qui présente un poste qui vous correspond. Détaillée, la petite annonce permet de se faire une idée relativement précise du poste et du type d’entreprise. Vous décidez d’écrire et d’envoyer votre CV et votre dossier complet, et après quelques jours, on vous répond dans un message très laconique que l’entreprise a finalement décider de délocaliser son recrutement dans tel ou tel pays (Portugal, pays de l’Est…) ou que l’entreprise n’a finalement pas ouvert le poste, mais qu’elle garde votre candidature au cas où un poste se présenterait.Qui est concerné ? C’est une technique très vieille mais qui a encore cours. Le Temps en parle d’ailleurs dans un article. Les agences de placement ou cabinets de recrutement (en Suisse ou ailleurs) ont pour mission de trouver pour  leur entreprise cliente le bon profil. On parle ici en principe de profils qualifiés, voire très qualifiés. Les cabinets de recrutement sont dans ce cas soit en mandat exclusif pour l’entreprise, soit en compétition avec d’autres. Pour y arriver, les professionnels du recrutement ont à leur disposition plusieurs outils et techniques, comme par exemple le sourcing (on recherche dans son réseau ou sur les réseaux sociaux comme LinkedIn le profil que l’entreprise cliente souhaiter recruter). Mais de manière générale, pour qu’un cabinet de recrutement soit attractif pour une entreprise, il faut qu’il ait des profil. Dans le cas d’un cabinet de recrutement qui se lance ou qui opère depuis l’étranger, il aura peu de candidats en base ou « sous la main » et donc une attractivité réduite pour les entreprises. Alors pour se rendre plus attrayante, elle doit se composer rapidement cette base. Et dans ce cas, rien de mieux que de mettre en place une petite annonce bidon, voire, dans le cas le plus fréquent, plusieurs.Que faire face à une telle pratique ? Si l’annonce provient d’un cabinet de recrutement à l’étranger (le Royaume Uni, les Pays bas ou la France par exemple), alors méfiance. Il est important de savoir qu’il est interdit de recruter depuis l’étranger pour le marché suisse. Si l’annonce vient d’une SSII (société de service en ingénierie et informatique), alors méfiance également, car certaines de ces entreprises sont également de grosses consommatrices de ressources qualifiées, et doivent toujours avoir « en catalogue » de bons profils  pour être intéressantes aux yeux de leurs clientes.Si vous avez un doute, alors décrochez votre téléphone, et posez des questions précises sur l’entreprise (à ce stade on ne vous communiquera pas son nom, mais vous pouvez demander dans quel secteur elle se trouve, pour quand est prévu la prise de poste, dans quel département ou secteur etc…). Si le recruteur reste évasif ou si vous avez le moindre doute, ne postulez pas. Le risque est que le cabinet de recrutement transmette votre CV à votre insu à une entreprise… Et malheureusement, cela se fait, bien que cela soit interdit.Si vous avez transmis votre CV, envoyez un message stipulant précisément que vous leur interdisez de transmettre votre CV et d’utiliser votre profil. Dans la plupart des pays, il existe une protection des données, qui est, dans certains pays, très sévère en cas d’utilisation abusive.Pour plus d’informations, je vous conseille de jeter un oeil sur le site de l’APRF, qui rassemble plusieurs professionnels du recrutement en Suisse qui ont décidé d’avoir une approche éthique du recrutement en Suisse. Si l’entreprise qui vous contacte est l’un des membres de l’APRF, alors vous pouvez avoir totalement confiance de l’utilisation qu’ils feront des informations et données que vous leurs transmettrez. Je pourrai citer par exemple Alec Allan & Associés, Headline Consulting S.A. (qui est l’un des cabinets de recrutement avec qui j’ai été en contact lors de mon recrutement en 2001), ou encore Carreerplus SA. Attention : cela ne veut pas dire que celles qui n’en sont pas membres ne sont pas fiables.#4. Le dumping salarialComment ça se passe ? Vous êtes en phase finale de recrutement et discutez des contours précis du poste et bien sûr du salaire. Vous êtes étranger, et n’avez jamais travaillé en Suisse. On vous propose un salaire que vous jugez exceptionnel par rapport à celui que vous aviez l’habitude de toucher dans votre pays d’origine. Alors vous acceptez, une si belle occasion ne se refuse pas. Le problème, c’est que sans le savoir vous venez d’accepter un salaire trop bas d’environ 30 à 40% en comparaison de ce qui se pratique dans le secteur ou dans l’entreprise suisse. Vous venez d’être victime de dumping salarial, qui est une technique qui consiste à recruter un étranger moins cher, précisément parce qu’il est étranger. Cette pratique s’est répandu en Suisse il y a quelques années, et sévit encore dans certains secteurs et certains milieux.Qui est concerné ? Dans la plupart des cas, les personnes concernées sont peu qualifiées ou dans un marché où un secteur qui sous-paie historiquement ses salariés. Cela concerne également les jeunes diplômés, issus parfois de formations qualifiantes, et principalement les étrangers. Tous les profils sont potentiellement concernés, mais nous estimons que beaucoup d’entreprises ne prendront pas le risque de sous-payer un talent, au risque de le voir partir quelques mois plus tard dans une autre entreprise. Nous avons eu un cas en direct en 2011, quand, une diplômée en Master d’un pays de l’Union européenne nous a sollicité pour nous demander notre avis sur une proposition de salaire. Après vérification, le salaire était 2 fois moins important que ce qu’il aurait dû être.Que faire face à une telle pratique ? Il est indispensable de se renseigner avant d’accepter un tel contrat. J’ai rédigé un article complet sur ce sujet « Proposition de salaire en Suisse : 10 réflexes à adopter avant d’accepter un poste » qui vous donnera la marche à suivre et vous donnera quelques indications sur ce qu’il faut faire pour éviter le dumping salarial en Suisse. Les sociétés étrangères qui vous recrutentComment ça se passe ? Vous êtes en recherche active d’un poste en Suisse, et résidez à l’étranger (Allemagne, France ou ailleurs). Votre veille vous permet de repérer des annonces alléchantes pour des postes en Suisse. L’entreprise est au Royaume Uni. Vous transmettez votre CV, avez un petit entretien téléphonique de cadrage, et le cabinet de recrutement va alors transmettre votre dossier de candidature à des entreprises en direct, voire à des filiales suisses ou partenaires suisses de ce cabinet de recrutement étranger. Dans certains cas vous êtes prévenus qu’on transmet votre dossier de candidature, dans d’autres pas. Ce qu’il faut comprendre, dans un tel cas, c’est que vous perdez le contrôle total de votre dossier de candidature, vous ne savez pas à qui il a été transmis, ni comment, ni dans quelles conditions. Et cela peut compromettre votre recrutement.Qui est concerné ? Tout le monde peut potentiellement être concerné par ces pratiques. Notre expérience nous montre que ce sont souvent les jeunes professionnels qui sont visés. Côté entreprise, ce sont les cabinets de recrutement anglais qui pratiquent le plus ce type de méthode, ainsi que les cabinets de recrutement français et néerlandais. Ci-dessous un exemple d’annonce sur Twitter d’une société néerlandaise à éviter soigneusement.exemple-derive-recrutement-suisseQue faire face à une telle pratique ? Les cabinets de recrutement professionnels en Suisse vont vous demander l’autorisation de diffuser votre dossier de candidature, et ils vous diront précisément à quelle entreprise suisse ils le transmettront. Mon conseil est simple : évitez toutes ces entreprises étrangères. Elles recrutent en général du Royaume-Uni, des Pays-bas, de France et parfois d’Irlande.En résuméVous êtes un talent et voulez travailler en Suisse ? Faites très attention à la manière dont vous allez aborder le marché de l’emploi en Suisse, et surtout confiez votre dossier de candidature aux bons professionnels. Évitez les sociétés qui recrutent depuis l’étranger, et ne vous faites pas avoir en offrant du consulting gratuitement à une entreprise qui n’a pas les moyens de vous payer. Vous avez un profil un peu plus « standard » et recherchez un emploi en Suisse ? Faites attention aux pièges qui vous attendent, et n’acceptez pas un poste à n’importe quel prix. Pire, ne payez pas pour travailler ! Si vous souhaitez des conseils sur la recherche d’un emploi en Suisse, je vous conseille de jeter un oeil dans la rubrique « emploi » de notre site www.travailler-en-suisse.ch. Notez cet articlePARTAGEZFacebook0Twitter0Google+2LinkedIn0

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