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Horresco referens, le "non" passe en tête en Irlande

Publié le 06 juin 2008 par Duncan
On le sait, l'Irlande sera le seul pays à adopter le Traité de Lisbonne par la voie référendaire ce 12 juin.
Horresco referens, Horreur, un sondage donne pour la première fois le "non" vainqueur en République d'Irlande. Ceci étant dit, ce qui est surtout étonnant c'est qu'à une semaine de la votation, pratiquement un tiers des irlandais ne "se prononce pas". Bref, le camp du oui et du non se tiennent désormais dans un mouchoir autour de 30% (35% et 30%)... Il reste à convaincre 28% d'indécis (7% annoncent ne pas vouloir aller voter).
Ceci étant dit, le non irlandais, s'il n'avait été précédé des "non" français et néerlandais en mai et juin 2005 à la défunte Constitution européenne, ne ferait sans doute pas trembler l'Union comme il le fait actuellement. On se souvient en effet que l'Irlande a déjà, par le passé, voté non - au Traité de Nice -  sans que cela ne remette fondamentalement en cause le dit Traité. il avait d'ailleurs été ensuite à nouveau soumis au vote des irlandais qui avaient finalement accepté le texte.
Bref, s'il n'y avait eu la Constitution... S'il n'y avait eu les deux années d'hébétude qui s'en étaient suivies, le "non" irlandais, sans être anodin, n'aurait certainement pas eu le même impact, venant d'un pays qui représente moins d'un % de la population européenne.
Ce qui ne manque d'étonner certains observateurs, c'est que l'on présente souvent l'île comme la preuve de l'efficacité des politiques européennes de soutien économique et du Marché Intérieur. L'Irlande devrait tout à l'Union, sa richesse récente, son développement économique foudroyant. Le "tigre de l'Europe". Bref, paradoxal de l'envoyer sur les roses. De là à parler d'ingratitude...
Sauf que. Sauf que, ce développement ne profite sans doute pas de la même manière à tout le monde, que la richesse de certains rend d'autant plus cruelle la pauvreté (qui relativement semble d'autant plus grande) de ceux qui n'ont pas (ou pas encore) profité de la manne européenne. Du reste, l'Irlande a désormais beaucoup à perdre puisqu'elle a beaucoup reçu. Des craintes de remises en cause des avantages acquis, notamment dans le domaine de l'agriculture, soutiennent également une partie du non (voir JMI). Egoïstes les nouveaux riches?
Ce qui est certain, c'est qu'une fois de plus, ce "non" est hétéroclite. Entre les craintes de "dumping social" et la perte de souveraineté, entre les peurs sociales et la peur des autres, il y a là une combinaison hétéroclite d'oppositions difficiles à résumer. Un melting pot fait de peurs légitimes face à une mondialisation qui semble inhumaine (la "froideur" du marché mondialisé vs la protection de l'Etat "chaleureux") et de peurs savamment entretenues sur la soi-disant perte de souveraineté de la Patrie (les méchants bureaucrates bruxellois vs les gentils politiciens locaux).
Et faut-il également ajouter que le caractère proprement illisible du texte proposé n'apporte certainement rien de bon? Faire voter un texte dont aucune version consolidée n'était disponible jusqu'il y a peu, encore une riche idée!

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LES COMMENTAIRES (1)

Par JANCAP
posté le 10 juin à 18:39
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Petit coup de pouce à nos amis irlandais ...rappel FRance 2005:

L'EUROPEEN ET SES ENFANTS

Réfléchissez, militez, prenez de la graine : Ce sont les peuples qui manquent le moins. Un brave Européen, sentant le social en peine, Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

Gardez-vous, leur dit-il, de donner notre Europe Aux élites libérales et autres financiers. Un trésor y est caché par les rentiers. Je ne sais pas l'endroit ; mais dans la Constitution Que l'on vous propose, vous perdrez vos droits.

Refusez ce texte, remettez l'Europe à l'endroit. Discutez, proposez, bâtissez ; ne laissez nulle place Où les peuples ne passent et repassent. Le père à la retraite, les fils vous refusent ce projet, Discutent, militent, construisent ; si bien qu'au bout du rejet, L'Europe sociale montra son visage.

De trésor, point de caché. Mais le père fut sage De leur montrer avant son retrait Que seuls les peuples peuvent faire un vrai projet.

                                       Jean Caplanne, d'après "Le laboureur

et ses enfants" de Jean de La Fontaine, Avril 2005, Landes - [email protected]

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