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PRÉ et PROBIOTIQUES : L'espoir de pouvoir moduler le microbiote – Supplémentation

Publié le 02 septembre 2015 par Santelog @santelog

PRÉ et PROBIOTIQUES : L'espoir de pouvoir moduler le microbiote – SupplémentationLe rêve des “chercheurs en microbiote”, mais bientôt aussi des médecins et diététiciens est de pouvoir modifier, dans un sens favorable bien sûr, le microbiote. La méthode la plus radicale, en cours d’expérimentation (et même de réalisation thérapeutique), est le transfert ou la transplantation d’un microbiote étranger, par instillation colique à partir d’un donneur. Elle est déjà appliquée dans certaines pathologies graves comme l’entérocolite à Clostridium difficile. Mais, comme Icare qui voulait voler et s’est brûlé les ailes de cire en se rapprochant du soleil, cette méthode peut aussi s’avérer dangereuse.

Pour preuve cette mère obèse qui a donné sa flore à sa fille atteinte de Clostridium difficile : la mère était obèse et la fille l’est devenue en quelques semaines. Ceci est l’application humaine de l’expérience de Gordon réalisée, il y a 10 ans, chez des souris axéniques et minces (sans germes), recevant le microbiote de souris obèses, les premières devenant obèses. Voici la preuve du rôle du microbiote dans l’obésité et sans doute, à côté des facteurs génétiques, dans la différence métabolique entre individus en termes de poids.

Aujourd’hui la modulation du microbiote repose dans la quasi-totalité des cas sur les espoirs fondés sur les probiotiques et sur les prébiotiques.

Les probiotiques sont donc des germes non pathogènes apportés par l’alimentation ou sous forme de compléments alimentaires. Notre alimentation en apporte naturellement, notamment sous forme de produits laitiers fermentés (yaourts ++), mais tous les aliments lacto-fermentés et fermentés en apportent. C’est le cas de la choucroute, du pain, de la bière, du vin…

Apportés sous forme standard et calibrée dans des compléments alimentaires à forte dose, ils peuvent modifier sensiblement le microbiote, probablement à condition de les apporter en permanence. Bien que les quantités apportées soient très significativement inférieures à l’immensité du microbiote, (108-107-106 / gramme au lieu de 1012 au gramme de contenu intestinal), ils semblent pouvoir s’implanter et agir.

Les études sur leurs effets sont encore limitées : aujourd’hui un certain nombre d’études ont montré un effet positif de la prise de certains probiotiques administrés chez la femme enceinte dans la prévention de la dermatite atopique. Dans l’obésité, autant certains travaux expérimentaux sont très encourageants chez l’animal, autant les essais chez l’homme sont modestes ou contradictoires : mais certaines études avec certaines espèces microbiennes ont montré une réduction du poids, de la masse grasse abdominale.

En cas d’administration en fin de grossesse et en période d’allaitement, des études ont montré un effet bénéfique sur le gain de poids ultérieur de l’enfant. Mais il faut noter que le choix des espèces est encore balbutiant. Or, les effets semblent très fortement souche-dépendants. Des résultats très encourageants ont été publiés dans la stéato-hépatite alcoolique et non alcoolique.

D’autres travaux sont en cours dans d’autres pathologies telles que la maladie de Crohn, la pochite…

Les prébiotiques sont tout aussi intéressants. Ils peuvent modifier la composition et la diversité du microbiote puisque les prébiotiques, c’est-à-dire les fibres fermentescibles tels que les fructo-oligosaccharides (FOS), les galacto-oligosaccharides (GOS) ou les xylo-oligosaccharides (XOS), sont les substrats de la flore intestinale. Mais les substrats sont flore-dépendant dans la mesure où un type d’espèce métabolise un type de prébiotique avec des métabolites variés. Rappelons que les FOS sont présents dans des aliments tels que oignons, artichauts, topinambours, asperges, pissenlits, poireaux, échalotes, salsifis, chicorée ; les GOS dans les légumes secs, le lait ; les XOS dans le blé…

Des études cliniques très bien menées ont montré que les prébiotiques avaient un impact biologique réduisant, par exemple, les marqueurs de l’inflammation ; des études ont montré un effet très intéressant au cours de l’obésité et du surpoids sur des paramètres cliniques et anthropométriques tels que poids, tour de taille et masse grasse. Certes, en valeur absolue, les effets sont modérés mais ils sont statistiquement significatifs.

Les symbiotiques : Enfin certains travaux ont testé la combinaison de pré et de probiotiques, appelés symbiotiques : les effets peuvent être synergiques ou antagonistes : prudence !

Ainsi s’ouvre une voie adjuvante dans la prise en charge de certaines pathologies, y compris l’obésité. Certes, il ne faut pas trop en attendre aujourd’hui dans l’état du spectre des produits disponibles, mais des espoirs en termes de prévention et d’accompagnement thérapeutique naissent.

PRÉ et PROBIOTIQUES : L'espoir de pouvoir moduler le microbiote – Supplémentation
Source : La Lettre de la Nutrition- Lettre d’Information des Thermes de Brides-Les-Bains® N°18 – Septembre 2015 (Visuel@Fotolia)

Auteur : Jean-Michel Lecerf, Chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille


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