Sous X // De Jean-Michel Correia. Avec Jean-Michel Correia et Karim Leklou.
Parler des problèmes des banlieues françaises en montrant à quel point c'est un monde violent n'était peut-être pas l'angle d'attaque que j'avais imaginé pour Sous X. Disons que le film prenait pour point de départ l'histoire d'un homme qui sort de prison après neuf ans. J'aurais aimé voir un film sur la réinsertion et pas quelqu'un qui mélange cette idée là avec un film de gang ultra clichés et balisés. Plus le temps passe avec ce film et plus tout devient assez confus, on ne sait plus sur quel pied danser et ce malgré toute la bonne volonté du monde. Les scènes d'action sont alors souvent maladroites mais cela peut aussi donner un certain charme au film. Les maladresses de Sous X peuvent parfois être des qualités car la vision que Jean-Michel Correira a avec sa caméra est plus proche du documentaire qu'autre chose. Après, le film prend aussi un chemin plausible de l'homme qui sort de prison et qui finit par ne pas changer et simplement reprendre le chemin de son ancien gang. Sauf que voilà, j'aurais apprécié que justement, en s'inspirant de sa propre expérience, Jean-Michel Correia prenne le titre du film au pied de la lettre.
Jean-Jacques a passé 9 ans en prison pour braquage. A sa sortie, il retrouve le quartier où il a grandi mais les choses ont changé… Le pays est en crise, les jeunes tiennent le business et ses anciens amis le pressent de reprendre ses activités… C’est peut-être pour Jean-Jacques le temps de se poser les bonnes questions. Mais il risque de basculer à nouveau lorsque Nassim, son ami rencontré en prison, fait appel à lui. A la croisée des chemins, Jean-Jacques est pris en étau entre ses contradictions : métis adopté par des blancs, converti à l’islam, attiré par deux femmes, tiraillé en réinsertion et délinquance… la quête de ses origines lui permettra-t-elle de prendre un nouveau départ ?
Sous X n'est qu'un titre de film et quelques répliques dans un récit qui ne parle pas de quête identitaire. Jean-Jacques, le héros du film, a beau être né sous X, avoir été élevé par des parents blancs, etc. cela n'a pas vraiment l'intérêt que j'aurais aimé que cela puisse avoir car justement, Sous X tombe bien trop souvent dans l'auto-parodie. On voit que Jean-Michel Correia a des influences diverses et variées pour raconter son histoire comme L'impasse de Brian de Palma. Ce n'est pas une mauvaise référence mais la façon dont il raconte son histoire, cela se fait sans créer de vrais conflits. Il n'y a rien d'intéressant là dedans alors que justement, Sous X aurait pu être tout le contraire. Je crois que le film est aussi mal fichu dans sa façon de parler de différence et d'intégration. Le côté cliché n'aide pas à apprécier le propos du film qui était pourtant bien plus intéressant que prévu. On passe 9 ans en prison, on sort et pus après ? Qu'est-ce qui se passe ? Dans Sous X, on retrouve ses amis mais pas dans un sens particulièrement narratif. C'est comme posé là et beaucoup de scènes s'enchaînent comme ça, sans véritable ligne conductrice (ce qui est vraiment dommage).
On passe donc la première partie du film sur les retrouvailles. Ca se taille une bavette, se fait la bise, ça roule dans de belles Audi et BMW, ça fait la fête, etc. mais ce n'est jamais fait de façon intelligente. Au contraire, tout s'enchaîne comme si Jean-Michel Correia voulait mettre tous les clichés possibles et imaginables dans son film. C'est loin d'être ce que j'avais envie de voir au premier abord. Je reste malgré tout persuadé que Sous X n'était pas une mauvaise idée, le film n'a juste pas su devenir intéressant. Ni par ce qu'il raconte, ni par tout le reste. Afin de revoir un film de banlieue qui glace le sang mais qui raconte son univers avec un réalisme proche du documentaire avec les questions qu'il pose (et auxquelles il répond) on va préférer revoir La Haine de Matthieu Kassovitz (et peut-être même le second volet si jamais il voit le jour… un jour). Finalement, je me demande si au fond le seul intérêt de ce film ce n'est pas la jeune fille qui fait des études pour sortir de la banlieue. Sous X a aussi le désavantage de passer après plusieurs bons films comme Bande de Filles qui parvenait justement à parler de banlieue de façon intelligente.
Note : 2/10. En bref, déçu par cette empilement de clichés.
Date de sortie : 14 janvier 2015