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Velox prend ses quartiers à La Rochelle et sa conception avance bien. Le projet de construction d'un voilier multicoque innovant, futur laboratoire flottant et plateforme culturelle embarquée, poursuit son chemin, rejoint par plusieurs groupes industriels partenaires.
Les travaux exploratoires d'architecture navale et du comportement dynamique du navire, menés par Luc Poitevin et Pedro Amaral dos Santos de l'Ecole Centrale de Nantes, sont terminés. La future silhouette de Velox, qui devrait être construit sur un design de SWATH, n'est pas encore révélée mais on sait déjà que le bateau mesurera environ 50 mètres et qu'il disposera d'une surface de pont de 1300 m2.Le projet vient, par ailleurs, d'être labellisé COP 21.Un voilier multicoque à l’architecture audacieuse de SWATH, un laboratoire pour les nouvelles propulsions marines, une résidence autour du monde pour de jeunes scientifique, le projet Velox est tout cela à la fois. « L’innovation à tous les niveaux, c’est ce qu’il faut pour créer les conditions d’une nouvelle rupture technologique. Velox, c’est le nom d’un yacht de 42 mètres, sorti en 1875 des chantiers Normand du Havre. A son époque, il avait 30 à 40 ans d’avance. C’est pour cela que nous voulons reprendre son nom et son esprit », détaille François Frey, l’initiateur du projet. Homme de mer, ancien officier de marine, ingénieur et expert environnement dans plusieurs grands groupes industriels, le Rochelais réfléchit depuis longtemps à un nouveau vaisseau qui conjugue à la fois la recherche scientifique et industriel, l’aventure, le progrès technologique et un respect maximale de l’environnement.Un voilier SWATHIl a embarqué avec lui l’architecte naval Marc Van Peteghem, grand spécialiste, entre autres, des bateaux à voile, « c’est un champ technologique où il voulait aller » et l’Ecole centrale de Nantes. « Notre idée, c’est de reprendre la coque du yacht de 1875 pour construire un bateau qui ait à peu près cette taille, entre 40 et 50 mètres. Nous voulons ensuite la placer sur des flotteurs qui plongeront à 3 mètres sous l’eau sur la base d’une architecture de SWATH ». Small Waterplane Area Twin Hull, une forme de catamaran inventée dans les années 30, qui est utilisée pour certains navires de servitude, de guerre ou à passagers. « A la voile, ça n’a jamais été fait. C’est justement cela qui est intéressant parce que cela pose des questions techniques intéressantes, notamment en terme de stabilité ». Pour le choix du matériau, « on ne s’interdit rien, il devra permettre de remplir les conditions de navigations que nous nous sommes fixées ». La jauge devrait se situer entre 250 et 400 tonnes et il devrait marcher à 10-12 nœuds, dans des eaux chaudes et très froides. « Voilà le cahier des charges sur lequel nous travaillons, nous devrions finir la conception en 2016, c’est à ce moment-là que nous choisirons le chantier ».Le Velox de 1875 (HOWELL'S STEAM VESSELS AND MARINE ENGINES)Offrir une résidence embarquée pour des jeunes scientifiquesPour occuper ce voilier innovant, François Frey est parti de plusieurs constats. « Celui du monde scientifique d’abord. A la sortie des études, beaucoup de jeunes scientifiques, avec un master ou une thèse, se retrouvent dans une période floue : chercher un travail en entreprise, continuer la recherche… et finalement beaucoup s’éloignent de leur vocation première et de l’objet de leurs recherches universitaires. C’est terriblement dommage, parce que c’est à ce moment-là, que ces jeunes scientifiques ont le plus de connaissances et de fraîcheur, qu’ils sont les plus affutés et les plus en mesure de proposer des innovations radicales, qui peuvent amener à des ruptures technologiques ». François Frey a donc imaginé offrir à ces jeunes experts une plateforme, un « moyen de confronter leurs intuitions avec la réalité ». Un programme embarqué post-doctorat de 18 mois au sein d’une équipe de 12 scientifiques, à traverser toutes les mers du monde. « Il peut s’agir de sciences humaines ou de sciences dures. Le seul dénominateur commun serait la valeur ajoutée que peut apporter l’embarquement. Je pense même que la confrontation entre différentes disciplines dans ce contexte peut être une intéressante source de créativité ». Avec ces post-docs, il souhaite même faire embarquer trois artistes en résidence « pour échanger et que ça fasse des bulles ». Pour pouvoir choisir les heureux élus, un comité scientifique examinera les candidatures qui feront suite à un appel d’offres lancé tous les trois ans. « Nous sommes déjà en contact avec les autorités européennes pour voir comment nous pourrions aligner notre programme dans un cadre "post-Erasmus" ».Une plateforme de test pour la R&D des industrielsLa science et l’industrie vont souvent de pair. C’est pour cela qu’après les 18 mois consacrés aux jeunes chercheurs, Velox deviendra une plateforme de projets de R&D dédiée aux besoins des industries. « Pendant cette deuxième partie de campagne, le format de navigation sera différent, adapté aux besoins spécifiques de chaque projet ». Des groupes industriels ont déjà marqué leur intérêt : Areva, ABB, Bossard, SACMO, SOTRECO ont déjà embarqué, Armor, DCNS et McPhy doivent confirmer leur positionnement. « Ces partenariats sont basés sur une collaboration étroite : les industriels nous aident à construire Velox grâce à leurs savoir-faire. En échange, nous embarquerons leurs produits en test ». Les industriels pourront ainsi profiter de cette plateforme pour faire évoluer leur R&D, particulièrement dans les énergies renouvelables et tester des nouveaux types de production électrique : « nous pouvons faire cohabiter plusieurs sources : solaire, éolien, hydrogénérateur, pile à hydrogène…ce mix énergétique peut être étudié et suppléer la propulsion vélique ».Des campagnes d’observation au long coursEt pour finir, il y a la recherche « institutionnelle », celle qui organise des programmes longs nécessitant plusieurs mois d’observation. « Nous travaillons déjà avec des labos du CNRS et de l’Ifremer, dont beaucoup ont déjà l’habitude d’être en mer. Avoir une plateforme qui puisse embarquer leur matériel pour des opérations de longue durée, c’est évidemment quelque chose qui les intéresse ». Ils pourront donc aisément trouver leur place aux côtés du matériel des industriels, dans la deuxième partie de la campagne. « De plus, ils nous ont beaucoup aidé dans la phase de conception du bateau en nous donnant des conseils techniques ».Un premier tour du monde en 2018Le projet fédère déjà beaucoup, tant il paraît adapté sur le fond et sur la forme à ce que l’industrie navale veut projeter dans les années à venir. Velox a fini sa première phase, celle de la mise en forme. C’est maintenant l’étude faisabilité énergie qui démarre, piloté par Bossard et Michel Guillement et avec, notamment, l’intervention de l’EIGSI, l’école d’ingénieur de la Rochelle. En même temps, la faisabilité architecture est lancée sous la direction de Marc Van Peteghem avec l’Ecole centrale de Nantes et, notamment, la contribution de l’ENSAM pour la partie éco-conception. Ces deux phases seront finies à la fin de l’année 2015. La construction devrait donc pouvoir démarrer en 2016 et le bateau effectuer son premier tour du monde en 2018. « Nous allons armer le navire sous pavillon français avec un équipage marine marchande de 7 à 8 marins. Nous sommes déjà en contact avec l’Ecole Nationale Supérieure Maritime et l’Ecole Navale pour les impliquer dans le projet ».Le budget se chiffre aux alentours de 50 millions d’euros. « Notre calendrier a été respecté jusqu’à présent et j’espère que cela va se poursuivre de la même manière. Nous continuons à chercher des partenariats et des moyens financiers pour embaucher une équipe permanente de 8 personnes qui sera constituée pour moitié d’architectes, ainsi que de communicants et des personnes pouvant effectuer des relais pédagogiques auprès du grand public ». http://meretmarine.com/fr/node/99143