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Mobilisation civile contre le « crime climatique »La destruction des fondements vitaux de l'existence n'est pas une fatalité

Publié le 06 septembre 2015 par Blanchemanche
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Geneviève Azam, économiste à l'université de Toulouse et porte-parole d'Attac France (1)

Mobilisation civile contre le « crime climatique »La destruction des fondements vitaux de l'existence n'est pas une fatalité
Le réchauffement climatique a quitté le monde de l'abstraction, des prévisions à moyen ou long terme. Les alertes répétées des scientifiques depuis près d'un demi-siècle croisent désormais l'observation quotidienne et l'expérience vécue, par les générations présentes, d'un bouleversement écologique.L'humanité concrète – les peuples de la Terre – est confrontée à un défi immense: la permanence de la vie humaine et de la vie tout court est menacée. Cette menace n'est ni un effet du destin, ni une malédiction, elle est le résultat des activités humaines. Plus précisément, elle découle d'un rapport de domination sur la nature, rapport utilitariste et instrumental, qui a autorisé l'exploitation sans merci des ressources naturelles. Le capitalisme s'est ainsi construit dans le déni des liens de dépendance entre la nature et les sociétés, entre la nature et les humains, comme si la rationalité techno-économique autorisait une émancipation radicale des limites naturelles, une négation de la matérialité de l'existence et une expansion infinie. La globalisation économique et financière, en étendant ce modèle à l'échelle du monde, a amplifié les menaces de destruction des éléments vitaux de l'existence.Au lieu de la liberté promise par le libéralisme économique et le néolibéralisme, nous découvrons que nous vivons dans des sociétés droguées à des énergies fossiles qui accélèrent le changement climatique, que les sols sont appauvris ou détruits par l'agriculture productiviste, que le réchauffement climatique aggrave les problèmes de l'alimentation, que la fonte des glaciers menace l'approvisionnement en eau de zones très peuplées, que les réfugiés climatiques rejoignent tous ceux qui quittent leur terre dans l'espoir d'une vie décente.Face à ces menaces, deux grandes orientations se dessinent. Certains voient dans le changement climatique une opportunité technique et économique, susceptible de permettre un nouvel élan. Loin d'accepter la fragilité des écosystèmes et des sociétés, ils y voient un manque à combler, une erreur de la nature, un défaut de rationalité. Les solutions préconisées vont alors dans le sens d'une volonté de maîtrise redoublée, appuyée sur l'utilisation de techniques dites vertes – certaines visant à adapter les humains et la planète en les reconfigurant – et sur l'inclusion de la nature et de ses « services » dans le processus de la marchandisation du monde.L'autre option, incarnée par de très nombreux mouvements de base, partout dans le monde, abandonne sans regret les rêves tout-puissants qui s'abîment désormais dans un monde invivable, défiguré par les injustices, les pollutions et la laideur. Ils entendent en effet cultiver la fragilité au lieu de la vaincre et rétablir avec la nature des liens de coopération. Conscients des responsabilités, loin des promesses tonitruantes des « sauveurs » du climat, ils sont dès à présent engagés dans des alternatives locales, concrètes, à la portée de tous. Ils entendent construire des sociétés résilientes, capables à la fois de s'adapter au changement climatique, de le limiter, d'inventer de nouvelles manières d'être ensemble, de nouvelles solidarités entre les humains et avec la Terre. Ils s'opposent résolument aux minorités qui nient le changement climatique et qui, en toute connaissance de cause désormais, continuent à perpétrer de véritables crimes climatiques, au nom d'intérêts privés et d'un consentement à un ordre des choses qu'ils entendent perpétuer.Ces responsabilités ne peuvent être diluées dans une vague responsabilité collective car le réchauffement climatique est le résultat de choix qui engagent désormais la responsabilité de leurs auteurs. Il en est ainsi du secteur tout-puissant des énergies fossiles et des banques qui le financent. C'est ce que nous entendons exprimer dans la perspective de la COP21 et après.
(1) Elle vient de publier: Osons rester humain. Les impasses de la toute-puissance, Éditions Les liens qui libèrent, 2015, 224 p., 18 €.AZAM Geneviève

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