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Critiques Séries : Show Me a Hero. Mini-series. BILAN.

Publié le 07 septembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Show Me a Hero // Mini-series. 6 épisodes.
BILAN


David Simon est l’un des papes des séries sur HBO. On lui doit The Wire, Génération Kill, Treme et maintenant Show Me a Hero. Il est également à l’origine du livre dont a été adaptée la série Homicide (NBC). C’est un scénariste de talent qui a toujours chercher à parler de problèmes de société à sa façon, dans des univers totalement différents. Afin de mettre tout cela en scène, HBO a fait appel à l’un de mes réalisateurs préférés : Paul Haggis (à qui l’on doit l’un de mes films préférés de tous les temps : Collision). Show Me a Hero est une série étonnante dans sa la on de dépeindre la côte Est américain, la difficulté d’être un jeune maire et d’appliquer une décision de justice difficile sur l’égalité entre blancs et noirs. En faisant son retour avec Show Me a Hero, David Simon revient par la grande porte. Si j’avais été déçu par Treme (je n’ai jamais pu aller au delà de la première saison), j’ai englouti les six épisodes de cette mini-série d’une traite. Il y a quelque chose de terriblement brillant dans cette série, basée sur le livre du même nom de Lisa Belkin. Écrite en étroite collaboration avec le journaliste William F. Zorzi, on sent que derrière il y a un travail documenté qui a été entrepris par l’équipe de la série.

Plus jeune maire de Yonkers, dans l'état de New York, Nick Wasicsko se voit contraint par la justice de faire construire des logements sociaux dans un quartier majoritairement occupé par des blancs. Ses efforts pour appliquer cette décision vont déchirer la ville et paralyser le conseil municipal. Son avenir politique ne s’en remettra jamais !

Dans un premier temps pour nous permettre de se retrouver en 1987. L’ouverture de la série se fait donc à cette époque là et tout est fait dans les décors de la série pour que l’on ait l’impression d’être encore dans les années 80, à l’aube de tout un tas de révolutions sociales (et notamment au travers de la relation entre les blancs et les afro-américains qui subissent encore à cette époque là de terribles représailles. Le plus intéressant là dedans c’est la façon dont le héros, Nick Wasicko est plongé au coeur de cette histoire. Oscar Isaac renoue alors un peu avec ce qu’il avait déjà démontré dans A Most Violent Year. Si ici il n’incarne pas un gangster italien, on retrouve énormément de sa prestation dans le film de J.C. Chandor. Au fil des épisodes, on se demande bien si Show Me a Hero a un défaut. Je ne suis pas arrivé à en trouver en tout cas, ce qui est tout de même très rare dans une fiction télévisée. Il y a toujours quelque part un truc qui cloche mais là tout sonne juste, sans faux pas. Cette série dérange aussi, car elle traite d’un sujet difficile pour les américains de la façon la plus intelligente. Le film ne cherche jamais à devenir trop complexe pour le spectateur, uniquement à nous raconter son aventure, à sa façon.

Au fil des épisodes, la série cherche petit à petit à nous raconter les conséquences que cela a eu sur la vie politique de ce jeune maire dont la carrière a été complètement détruite à cause de cette débâcle. Il a tenté de faire appliquer une décision de justice, tout en restant aussi plus ou moins neutre (ou en tentant de le reste). Oscar Isaac incarne cette mini-série de façon assez surprenante. Je ne m’attendais pas nécessairement à ce que l’acteur impose son style de façon aussi forte. Rien à redire de ce point de vue là, tout fonctionne de façon brillante, laissant entrevoir pour l’acteur un potentiel Emmy Awards sans problème (ce serait tout de même dommage de ne pas le récompenser…). Wasicsko a beau avoir envie, avoir réussi, finalement il va rapidement se rendre compte des difficultés que son métier lui impose, encore plus au milieu d’une crise qui n’avait jamais anticipé. L’adaptation a beau reprendre des éléments du livre (je le suppose puisque je n’ai pas lu le livre) mais l’on sent aussi que derrière il y a David Simon. Sans trop l’expliquer, on retrouve son goût bien à lui dans la manière de narrer l’histoire et de gérer un casting aussi grand. Car oui, le casting est particulièrement grand.

Par ailleurs, Show Me a Hero est avant tout une série pleine de nuances. Il y a donc énormément de jolis moments très touchants qui s’enchaînent de façon très intelligente. Show Me a Hero n’a pas pour but d’accabler le téléspectateur ou bien de nous donner l’impression qu’il n’y a qu’à traiter d’émotions en tout genre. L’émotion est là mais elle ne prend jamais plus de place qu’elle ne doit en prendre. C’est aussi une mini-série qui est là pour rappeler à quel point les Etats-Unis ont mis un temps fou à faire évoluer leurs pensées au sujet de l’harmonie raciale. Je me demande au fond si Show Me a Hero n’est pas ce que American Crime n’a pas nécessairement réussi (même si cette dernière reste une bonne série, elle a aussi ses défauts, contrairement à Show Me a Hero que je trouve sans défauts). Les Etats-Unis sont en train de changer mais uniquement en train. On va alors suivre petit à petit au fil des épisodes l’évolution des mentalités avec les années. Paul Haggis, cinéaste que je respecte énormément pour son travail, parvient à utiliser sa caméra de façon judicieuse ici, sans jamais nous décevoir. Le grain un peu suranné, tout en restant très brut c’est lui. On retrouve un peu de ce qu’il a déjà fait précédemment dans ses réalisations, notamment Les 3 Prochains Jours ou encore Collision.

Wasicsko avait pour but de faire tomber le mur qu’il y avait entre les blancs et les afro-américains, casser cette ségrégation qui ne peut plus durer dans un pays en pleine mutation. En six épisodes nous suivons donc le destin de Wasicsko, du début du scandale à la fin de celui-ci. David Simon ne cherche pas à faire dans la série romancée, et c’est un autre aspect intelligent de Show Me a Hero. Cela change énormément de ce que l’on a pour habitude de voir dans le monde des séries, qui restent bien souvent trop imprégnés de bons sentiments romancés. Certes il y a des relations qui sont dépeintes tout au long de ces épisodes (notamment celle du couple Wasicsko) mais ce n’est pas la seule chose. Le titre de la série parle donc d’un héros et ce héros est ce maire qui s’est battu seul contre les habitants de Yonkers afin de faire tomber une barrière. Certes aidé par une décision de justice mais son application n’aura pas été facile, dans une ville majoritairement blanche qui n’a pas envie de voir de logements sociaux se construire. Délivrant tout au long d’un grand récit des personnages complexes par leurs émotions et leurs façon de voir les choses, Show Me a Hero brille encore et encore.

Note : 10/10. En bref, un sans faute.


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