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80 % de la déforestation est due à l’agriculture

Publié le 07 septembre 2015 par Blanchemanche
#agricultureextensive #déforestation
LE MONDE | 07.09.2015 
Par Sébastien Hervieu (Durban (Afrique du Sud), envoyé spécial)
Une vue aérienne montre une déforestation illégale dans l'Etat du Para, au Brésil.
Une vue aérienne montre une déforestation illégale dans l'Etat du Para, au Brésil. © Nacho Doce / REUTERS
Depuis 1990, la planète perd chaque année 51 600 kilomètres carrés de forêt, l’équivalent de la taille des régions Nord - Pas-de-Calais et Centre réunies. C’est l’un des constats du rapport sur « l’évaluation des ressources forestières mondiales 2015 », dévoilé, lundi 7 septembre, à Durban, en Afrique du Sud, où se tient toute la semaine le XIVe Congrès forestier mondial.
José Graziano da Silva, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), auteur du rapport, préfère toutefois relever « une tendance très encourageante au chapitre du ralentissement du rythme de la déforestation et des émissions carbone provenant des forêts, et à l’augmentation des capacités en matière de gestion durable des forêts ». De 2010 à 2015, la superficie des forêts (naturelles et plantées) a régressé chaque année de 0,08 %, contre 0,18 % entre 1990 et 2000.« Même si à l’échelle mondiale, l’étendue des forêts continue de diminuer alors que la croissance démographique et l’intensification de la demande en nourriture et en terres se poursuivent, le taux de perte nette de forêts a chuté de plus de 50 % », indique l’étude publiée tous les cinq ans. « Cependant, cette tendance positive doit être consolidée, surtout dans les pays qui accusent un retard. »La forêt a principalement reculé dans les tropiques, particulièrement en Amérique du Sud et en Afrique. Abritant près des deux tiers de la forêt amazonienne, le Brésil est le pays au monde qui a perdu le plus d’hectares de forêts (984 000), devant l’Indonésie, la Birmanie, le Nigeria et la Tanzanie. A l’inverse, c’est la Chine, devant l’Australie et le Chili, qui a le plus augmenté sa couverture arborée. La France se classe dixième (gain de 113 000 hectares par an depuis 2010). « Au Brésil, les autorités mettent désormais en ligne un maximum d’informations sur les zones de déforestation pour accélérer la prise de conscience de chacun, et dans la forêt amazonienne, des zones protégées possédées par des communautés locales ont été instaurées pour jouer le rôle de tampon », explique Mette Loyche Wilkie, chargée de la mise en œuvre des politiques environnementales au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Lutte contre la pauvreté

80 % de la déforestation est due à l’agriculture. Si cette experte critique l’extension dans le monde des productions d’huile de palme et de soja, qui contribue à la dégradation de la couverture forestière, elle reconnaît toutefois que « les multinationales s’engagent de plus en plus à ne vendre que des produits qui ne sont pas liés de près ou de loin à la déforestation, elles savent que c’est un risque de plus en plus important pour leur réputation ».Les forêts plantées ne cessent de s’agrandir et représentent désormais 7 % de la totalité de la superficie forestière de la planète ; 1,7 % de la main-d’œuvre mondiale travaille dans le secteur forestier, et celui-ci contribue à 0,8 % du produit intérieur brut international. Pour le directeur de la FAO, il est essentiel que la prise de conscience s’accélère. « L’ampleur de l’apport des forêts au bien-être humain est considérable. »Leur rôle dans la lutte contre la pauvreté rurale, en assurant notamment la sécurité alimentaire, est souligné. Mais aussi, « elles offrent des possibilités prometteuses de croissance verte à moyen terme, et fournissent des services environnementaux vitaux à long terme, comme l’air pur et l’eau propre, la conservation de la biodiversité et l’atténuation du changement climatique », rappelle l’organisation, qui indique que, depuis vingt-cinq ans, la quantité de carbone stockée dans la biomasse forestière mondiale a diminué de près de 17,4 gigatonnes (Gt). La déforestation contribue ainsi au réchauffement climatique, le tissu forestier jouant de moins en moins son rôle de « piège à carbone ».Lire aussi : Les forêts du globe malades du réchauffement climatiqueUn document du PNUE publié en 2014 jugeait qu’un investissement annuel de 30 milliards de dollars (27 milliards d’euros) pouvait suffire pour assurer la conservation des forêts tropicales. Un montant qui était rapporté aux 480 milliards de dollars de subventions globales annuelles aux combustibles fossiles. « C’en est fini ! Aujourd’hui, on ne peut plus couper un arbre au prétexte que cela va servir à quelque chose », s’est exclamé José Graziano da Silva dimanche à Durban, lors d’une rencontre avec d’autres responsables d’organisations internationales, membres du Partenariat de collaboration sur les forêts.« Pour convaincre les parties prenantes, il est très important de leur faire comprendre qu’il peut y avoir un intérêt économique à préserver les forêts », a insisté Magdy Martinez-Soliman, du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Alors que 1,6 milliard de personnes sur terre dépendent des forêts pour vivre, les intervenants ont régulièrement rappelé la nécessité d’associer les communautés locales à cette démarche, « sinon, nous ne parviendrons pas à gagner cette bataille ». Aucun de leurs représentants n’était pourtant présent.Le rapport de la FAO relève toutefois que des progrès « substantiels » vers la gestion durable des forêts ont été réalisés au cours des vingt-cinq dernières années. De plus grandes superficies sont affectées à la conservation de la biodiversité. « Les progrès ont été les plus marqués dans les zones tempérées, mais très variables dans les tropiques, où la capacité à faire appliquer les politiques, les lois et règlements sur la gestion durable des forêts demeure inégale », est-il écrit.A horizon 2030, les forêts en Amérique du Sud, puis en Afrique, vont continuer à rétrécir, selon les projections de la FAO. Leur superficie va s’accroître dans toutes les autres régions du monde.

  •   Sébastien Hervieu (Durban (Afrique du Sud), envoyé spécial) 
  • Journaliste au Monde

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