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Instagram, hashtags et hypocrisie

Par Jsbg @JSBGblog

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On croyait avoir tout vu en matière de revendications sur Instagram? Loin de là. Et une fois de plus, la femme et son apparence se situent au cœur des oppositions entre le réseau social et ses utilisatrices, prises de becs qui s’expriment à coup de nouveaux hashtags et de censures successives. Dernier en date, au mois de juillet, #curvy est banni par l’application sous prétexte qu’il est utilisé pour diffuser des images à caractère érotique. Qu’à cela ne tienne, les femmes désireuses de partager des images de leurs rondeurs le rebaptisent #curvee et le tour est joué. La presse relaye l’info et Instagram revient sur sa décision, réhabilitant dans son lexique le terme exclu hier. Plus récemment encore et à la suite d’un article déconseillant le crop top aux rondes, paru dans le magazine O d’Oprah Winfrey, c’est le hashtag #RocktheCropTop qui a le vent en poupe dans la lutte des femmes à montrer leur corps tel qu’il est, loin des diktats de la mode. Il fait suite à tant d’autres : #LoveyourLines, #ThighReading, #FreetheNipple puis #Malenipples, tous plus honorables les uns que les autres dans leur volonté d’authenticité face à l’apparence des femmes. Que de justes causes, mais alors? Qu’est-ce qui coince avec Instagram? Certes, il y a d’abord le fait de devoir se justifier de ne pas entrer dans un 36. Expliquer ensuite à nos filles que les mensurations de Barbie ne s’obtiennent qu’à coup (nombreux) de bistouri et accepter finalement que nos seins ne se dévoilent qu’à condition d’allaiter un nouveau-né affamé, tout en étant si possible manucurée et bien coiffée. Une lutte donc pour le droit d’être soi et pour le droit de le montrer au même titre qu’un homme et qui, en 2015, donne encore de quoi voir rouge tant les inégalités et discriminations sont nombreuses. Une noble cause qui ne s’exprime pas que sur la toile évidemment et qui ne se réglera pas au gré de nouveaux hashtags.

Ce qui est plus gênant pour le réseau social, c’est que sa pudibonderie s’exerce à des niveaux très différents. Comme son grand frère Facebook, il accepte désormais la nudité d’une femme en train d’allaiter (reconnaissant « la beauté et le caractère naturel de l’allaitement ») mais exige que ses tétons soient masqués ou floutés en dehors de ce geste maternel. Il bannit régulièrement des images d’Helmut Newton ou Robert Mapplethorpe tout en laissant accessibles aux usagers des profils riches en selfies ultra sexy derrière lesquels se cachent souvent des canaux officieux de prostitution. N’étant que l’hébergeur d’un contenu posté par ses utilisateurs, Instagram n’a qu’une responsabilité allégée et ne se trouve pas dans l’obligation de vérifier la bienséance du profil de chacun. Ce sont effectivement les usagers eux-mêmes qui signalent aux modérateurs d’Instagram toute image ou tout compte susceptible d’heurter leur sensibilité. Et à ce jeu-là, il est regrettable de constater que l’on puisse vouloir bannir une femme sous prétexte qu’elle n’entre pas dans la norme.

– Virginie Galbarini

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Photo 1: © Instagram @boardroomblonde

Photo 2: © Instagram @alinenilsson


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