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François Hollande, jusqu’au bout le président du « ras-le-bol fiscal » ?

Publié le 08 septembre 2015 par Délis

Baisse du cours du pétrole, ralentissement de l’inflation et par ailleurs des salaires annoncées en hausse pour 2016, la conjoncture économique a semblé ces derniers mois timidement s’améliorer. Résolu à faire oublier le « ras-le-bol » fiscal du début de son mandat, François Hollande a cherché à accompagner cette séquence positive à travers notamment la suppression de la tranche inférieure de l’impôt sur le revenu mais aussi en annonçant dernièrement de futures baisses d’impôt.

Et pourtant, malgré une amélioration réelle du pouvoir d’achat des Français depuis 2012 selon l’Insee, François Hollande ne semble pas en bénéficier au sein de l’opinion. En témoigne ce chiffre de 59% des Français qui estimaient en mai dernier que depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir en 2012, leur pouvoir d’achat dans l’ensemble s’était détérioré.

Dans un tel contexte, on peut s’interroger sur le fait de savoir si le combat entamé par François Hollande pour restaurer le pouvoir d’achat des Français est gagnable dans l’opinion ou au contraire s’il restera, quoi qu’il advienne et quoi qu’il fasse, jusqu’au bout de son mandat le président du « ras-le-bol fiscal ».

François Hollande face à des Français toujours très pessimistes…

Remporter la bataille du pouvoir d’achat pour François Hollande se heurte aujourd’hui au pessimisme profondément ancré des Français sur le sujet. Si dans les chiffres de l’Insee, cette bataille, sans être gagnée, semble aujourd’hui mieux engagée qu’au début de son mandat, force est de constater que le ressenti des Français apparaît en profonde contradiction avec les chiffres de l’institut national de statistique dans la mesure où une majorité d’entre eux indiquent aujourd’hui ne pas ressentir cette légère amélioration. Environ un Français sur deux (51%) déclarent ainsi que leur pouvoir d’achat a plutôt diminué au cours de l’année qui vient de s’écouler tandis que près de quatre sur dix (39%) affirment qu’il est resté stable et seuls 8% ont observé une augmentation. Signe d’un profond ancrage de ce ressenti, les perspectives d’avenir formulées par les Français demeurent par ailleurs majoritairement négatives avec 43% d’entre eux qui anticipent une nouvelle baisse de leur pouvoir d’achat pour l’année à venir, une proportion identique s’attendant à une stabilisation et seuls 9% à une hausse.

…mais moins !

En dépit de ces chiffres négatifs, une éclaircie semble poindre à l’horizon avec l’effritement du niveau de ce pessimisme par rapport aux années précédentes. Le taux d’anticipation d’une baisse du pouvoir d’achat était en effet de 58% l’an dernier, soit un recul de 15 points cette année et ne concerne donc désormais qu’une majorité relative de Français, à égalité avec le nombre de personnes prévoyant une stabilisation qui lui progresse de 11 points. Ces scores, bien que globalement négatifs, sont toutefois le signe d’un changement de tendance – qui si elle se confirmait pourrait être de bon augure pour François Hollande – dans la mesure où ce pessimisme est à son niveau le moins élevé depuis 2012 (entre 55% et 60% de 2012 à 2014).

graph pouvoir achat

Note de lecture : la courbe rouge correspond à l’item « va plutôt diminuer » ; la courbe jaune à « va rester stable » ; la courbe bleue à « va plutôt augmenter ».

De tels résultats ont par ailleurs pour conséquence que pour la première fois depuis son élection, la prévision de stabilité est majoritaire dans un certain nombre de catégories (39% des 18-24 ans, 49% des 25- 34 ans, 47% des 35-49 ans, 48% des professions intermédiaires et des employés). Les retraités se distinguent cependant par un niveau d’inquiétude nettement plus élevé, 54% anticipant une nouvelle baisse, un chiffre inquiétant pour François Hollande dans la mesure où cette catégorie se mobilise davantage que les autres classes d’âge lors des élections et vote traditionnellement majoritairement pour le candidat de droite.

Des annonces de l’exécutif qui ne suffisent pas à enrayer le sentiment d’une pression fiscale accrue

Remporter la bataille du pouvoir d’achat se heurte également au sentiment d’une pression fiscale toujours très élevée, cette dernière contribuant également à la perception d’un pouvoir d’achat en berne. Ainsi, en dépit des premières mesures de l’exécutif pour alléger le niveau de la fiscalité à l’instar de la suppression de la tranche inférieure de l’impôt sur le revenu, le paiement des impôts demeure cette année le premier poste de dépenses qui grève le budget des Français en cette rentrée (21%). Face à cette situation, les Français qui déclarent être en difficulté pour boucler leur budget de rentrée optent plutôt pour l’austérité: 59% déclarent qu’ils vont réduire leurs dépenses et 29% qu’ils vont puiser dans leurs économies.

Et c’est probablement là que réside une des principales difficultés pour François Hollande, à savoir faire oublier à l’opinion qu’il est associé à une hausse de la fiscalité. Invariablement depuis maintenant plus de deux ans, la question du pouvoir d’achat et du niveau de la fiscalité figurent au cœur des préoccupations des Français et l’exécutif est systématiquement critiqué pour sa politique en la matière, comme en témoigne le Baromètre mensuel du moral des Français qui chaque mois fait la part belle aux citations négatives sur le sujet. Pour n’en citer que quelques unes, en septembre 2013, une retraitée déclarait que « la pression fiscale ne fait qu’augmenter malgré la déclaration mensongère du président qui dit le contraire. » Un mois plus tard, une autre soutenait que « la fameuse « pause » fiscale est un leurre ». Ou encore cet ouvrier qui un an plus tard affirmait que « le président ne fait rien pour nous. Tout augmente sauf nos salaires. » Enfin, plus récemment en août 2015, un employé affirmait que « les impôts continuent d’augmenter malgré la baisse annoncée ».

Alors que le pouvoir d’achat semble être sur une voie – certes ténue – d’une relative amélioration, tout se passe pour le moment comme si François Hollande n’en bénéficiait pas et au contraire demeurait cantonné dans son image de président responsable du « ras-le-bol » fiscal, un carcan qui semble si ancré dans l’opinion qu’il sera difficile à faire oublier (malgré ses efforts de communication pour abaisser la fiscalité) et ce d’autant que son bilan sera au centre des débats dès le printemps prochain avec le démarrage de la campagne pour l’élection présidentielle.


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