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Bilan : succès et flops de l’été des nouveautés en trois catégories

Publié le 08 septembre 2015 par Jfcd @enseriestv

Longtemps, l’été a été synonyme de télévision légère, le plus souvent considérée comme une saison « bouche-trou » où l’on s’empresserait de diffuser toutes les fictions pas assez dignes de figurer en heure de grande écoute à l’automne ou à l’hiver. La tendance n’est plus appropriée puisque depuis un certain temps, l’été constitue un intéressant terrain d’expérimentation : adieu les valeurs sûres, mais surtout très formatées et en rien innovantes comme les prodécuraux policiers ou médicaux. On a aussi droit à une pause bien accueillie des adaptations télévisées des Marvels et des DC Comics qui se multiplient d’année en année au point où on espère qu’une saturation se fera vite sentir. Dans cet univers estival, trois types de télévision se démarquent : les grands networks qui cherchent à oser, tout en essayant de plaire à tout le monde, les câblos qui y vont plus que jamais avec des fictions de niche et enfin Netflix qui multiplie les productions, mais à qualité extrêmement variable. Voici donc quelques uns des meilleurs et des pires coups de l’été. Quant au bilan britannique concernant la BBC (elle seule nous est arrivée avec de nouveaux contenus), c’est en deuxième partie de cette critique.

Bilan : succès et flops de l’été des nouveautés en trois catégories

ABC, CBS et NBC; déclin prévisible

  • (5/10)  Astronaut Wives Club(ABC): le projet à vu le jour dès 2013 et a été sans cesse été repoussé, ce qui n’augurait rien de bon. Résultat? Pas aussi catastrophique qu’on l’appréhendait, mais rien d’extraordinaire non plus. Une fois de plus, ABC tente de flatter son public féminin dans le sens du poil et alors que dans les années 60, des hommes risquent leur vie pour être les premiers à mettre un pied sur la lune, on préfère s’attarder ici à ces femmes qui papotent, qui se définissent entièrement par leurs maris et qui passent leur temps à concocter de la nourriture en abusant un peu trop du Jell-O!
  • (2/10) The Whispers (ABC) : intrigues mal cousues, personnages peu attachants, c’est surtout la stratégie de communication qui a fait défaut à la série. Pour la décrire plus tôt cette année, ABC affirmait que des extra-terrestres se servaient d’enfants afin de prendre le contrôle de la planète Terre. Or, changement de dernière minute, toute la saison serait consacrée à ce que l’on découvre ces identités inconnues qui manipulent les bambins. Disons que vendre le punch final à l’avance n’était pas le coup du siècle.
  • (1/10)  Zoo (CBS): une idée qui avait du potentiel, mais qui ne va nulle part, le jeu de certains acteurs est à en pleurer et c’est sans compter certaines mises en situation ridicules. CBS, qui souhaitait peut-être réaliser l’exploit d’audience de Under the Dome d’il y a deux ans s’est complètement plantée. Le seul argument qui aurait pu jouer en sa faveur : l’élément « spectacle » concernant l’attaque des animaux. Or, on ne nous montre que l’avant et l’après. The Birds, un film de 1963 d’Hitchcock avait plus de crédibilité.
  • (0/10) Aquarius (NBC) : si on a tant parlé de la série, ce n’est pas pour son contenu, mais bien pour son mode de diffusion. En effet, NBC est le premier des grands networks à s’être risqué à mettre tout d’un coup l’entièreté des épisodes de la saison en ligne, imitant ainsi Netflix, tout en diffusant celle-ci au compte-goutte de façon hebdomadaire. Malgré des critiques acerbes et sans doute pour sauver la face, la chaîne annonce qu’il y aura une deuxième saison. Ses cotes d’écoute traditionnelles étant médiocres, la série change de case horaire, soit, du jeudi au samedi, tout juste à côté de Hannibal qui est finalement annulée après trois saisons. Un deuxième opus se justifierait en raison des bonnes écoutes en ligne… sans que l’on ne connaisse les chiffres. L’expérience à de quoi nous laisser dubitatif.

Bilan : succès et flops de l’été des nouveautés en trois catégories

Netflix : deux petits bijoux, un nanar et un navet

  • (9/10) Sense8: Série internationale par excellence, c’est la beauté des interactions et de ces expériences communes très émouvantes, qu’on soit d’un bout à l’autre de la terre qui séduisent ici. L’histoire générale cède le pas aux histoires individuelles et qu’importe si on ne comprend pas tout; les épisodes filent à la vitesse de l’éclair. On ne peut que déplorer que les personnages, qu’ils soient d’Allemagne, de Séoul ou d’Inde par exemple parlent tous l’anglais…
  • (9/10) Narcos : Exit les clichés et les archétypes, la série ne laissera personne indifférent, tant pour les acteurs qui font un travail formidable que pour le style de narration qui effectue un pont efficace entre la fiction et le documentaire. À l’opposé de Sense8, son bilinguisme ne la rend que plus crédible et espérons que cette initiative fera mouche.
  • (3/10) Wet Hot American Summer: La série peut peut-être plaire aux nostalgiques ou aux fans de ces acteurs cultes, mais l’idée de faire une série issue d’un nanar de film ne fait pas beaucoup de sens. Par conséquent, WHAS est aussi un nanar avec des blagues qui tombent à plat, sauf de rares exceptions. L’idée audacieuse de prendre les mêmes acteurs et de les rajeunir de plus de trente ans donne au final un résultat pathétique.
  • (1/10) Between: la série ne peut aspirer qu’à un seul point seulement parce qu’enfin, le Canada était représenté sur le service de vidéo sur demande avec une série (coproduction) originale. Mais ici, Netflix rompt avec la plus élémentaire de ses règles en ajoutant un épisode par semaine, comme à la télévision traditionnelle. Du reste, les acteurs et les intrigues sont d’un amateurisme humiliant pour son pays d’origine.

Bilan : succès et flops de l’été des nouveautés en trois catégories

Le câble : alternative plus que convenable

  • (9/10) Deutschland 83(Sundance): Merci à Sundance Channel de nous initier à ce qui se fait de mieux à l’étranger. Enfin un drame d’espionnage qui fait fi de l’adage selon lequel l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs. L’Allemagne de l’Est et de l’Ouest sont malgré elles au cœur de cette guerre froide. Loin de nous endormir avec des idéologies aux antipodes, ce sont plutôt des protagonistes qui agissent par amour pour leurs proches plutôt que celui dédié à la patrie. Les suspens ne manquent pas et l’intrigue fascinante de bout en bout.
  • (8/10) Unreal (Lifetime): Effort récompensé pour Lifetime qui délaisse ce qu’on appelle en France le marché des « ménagères » pour s’orienter vers une clientèle plus jeune. Loin du soap glamour aux intrigues prévisibles, on reprend les codes de la téléréalité pour en faire un drame assez cruel, avec des candidates qui paient le prix fort pour une célébrité aussi instantanée qu’éphémère et des travailleurs de l’industrie qui auraient dû composer un manuel des coups bas, tellement ceux-ci sont nombreux et toujours plus tordus. On en redemande!
  • (7,5/10) Mr Robot (USA Network): la chaîne a frappé un grand coup cet été en nous présentant enfin un hacker qui goûte à sa propre médecine. En ayant accès en quelques clics seulement à toute l’intimité de ses interlocuteurs, incluant leurs travers les plus abjects, il me peut qu’éprouver un inévitable dégoût du monde. Ponctué de suspens et d’une intelligente réflexion sur notre société de plus en plus connectée et de moins en moins humaine, on largue le personnage de Christian Slater et quelques longueurs et on améliore encore plus notre expérience télé.
  • (4/10) Texas Rising (History Channel): Jamais une chaîne n’a porté aussi mal son nom. On fait fi des réalités historiques les plus élémentaires au profit du récit. Tous ceux qui ne sont pas blancs sont des salops et comble de l’hypocrisie, les Américains envahissent le Texas au nom de la « liberté », eux qui pendant plusieurs décennies s’opposeront farouchement à l’abolition de l’esclavage. Évidemment, il n’est pas question de ces menus détails ici. La chaîne nous avait fait le même coup plus tôt cette année avec Sons of Liberty.
  • (2/10) Ballers/The Brink (HBO) : Voilà un cas typique où la popularité de ce « duo » fictif du dimanche soir est inversement proportionnelle à sa qualité. Dans la lignée de The Interview, on se croirait dans une pub de bière avec des hommes aux neurones limitées et aux femmes qui n’ont pour atout que leurs généreuses poitrines qu’elles exhibent plus d’une fois. L’humour vulgaire est évidemment de mise et que voulez-vous, le public aime ça et en redemande. Heureusement, pour HBO il s’agit d’une exception et non de la règle.

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