Lionel Steinmann / Journaliste | Le 08/09/2015
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Le nouvel Alstom va devoir faire face à une concurrence accrue à l'export et des commandes en berne en France.
Avec le feu vert donné par Bruxelles à la cession de ses activités Energie, Alstom va enfin pouvoir se recentrer sur son activité Transport. Ce destin de « pure player » était annoncé depuis plus de quinze mois, mais restait en suspens tant que les autorités européennes de la concurrence n'avaient pas validé l'opération. Le report à plusieurs reprises de l'échéance, et l'incertitude qui l'accompagnait, a fini par peser sur le moral des salariés, comme sur le dynamisme du carnet de commandes.Alstom Transport va désormais pouvoir repartir de l'avant. Au niveau financier, tout d'abord. Le produit de la vente à General Electric va servir en partie à assainir les comptes du groupe, qui traîne aujourd'hui un lourd endettement (3,1 milliards d'euros fin mars). Sur le plan stratégique, ensuite. Fusion des deux fabricants de trains chinois CNR et CSR, rachat de l'italien AnsaldoBreda par le japonais Hitachi… : le secteur est en pleine recomposition depuis quelques mois. Le groupe français en était jusque-là un spectateur attentif ; il compte bien désormais jouer son rôle dans la consolidation en cours, fort de son carnet de chèques remplumé.Pas le droit à l'erreur
Reste à faire le bon choix. Rachat d'un concurrent européen plus petit ? Rapprochement avec le canadien Bombardier, qui va mettre en Bourse une part du capital de sa branche ferroviaire ? Henri Poupart-Lafarge, successeur annoncé de Patrick Kron à la tête du groupe, n'aura pas le droit à l'erreur. Car la concurrence s'est considérablement renforcée ces dernières années, comme le symbolise le géant chinois CNR-CSR, qui affiche un chiffre d'affaires trois fois supérieur à celui d'Alstom Transport (6,2 milliards d'euros pour l'exercice 2014-2015) et n'hésite plus à venir lorgner des appels d'offres en Europe.Le groupe français a aussi une obligation de réussite à l'export, car le marché national est à la peine. Les commandes de TER Regiolis par les régions se font au compte-gouttes et la SNCF n'envisage pas de nouvelles commandes de TGV avant 2020. De quoi entraîner « une catastrophe industrielle et humaine dans les trois prochaines années », prédisait, fin juillet, la Fédération des industries ferroviaires (FIF). Si les représentants du secteur ont parfois tendance à l'alarmisme pour accélérer les commandes publiques, les syndicats sont cette fois sur la même longueur d'onde. Sur les 10 sites de production d'Alstom en France, 3 (Reichshoffen, la Rochelle-Aytré et Belfort) présenteraient un plan de charge préoccupant. Assurer la pérennité de sa base industrielle en France sera sans doute le plus gros défi pour le « nouvel » Alstom Transport.Lionel Steinmann, Les Echos
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