Le Tout Nouveau Testament // De Jaco van Dorsale. Avec Benoît Poelvoorde et Yolande Moreau.
Qui a dit que les belges ne pouvaient pas faire de bons films. Quand j’ai vu la bande annonce de Le Tout Nouveau Testament pour la première fois, j’y ai vu beaucoup de Jean-Pierre Jeunet là dedans, mais dans le bon sens du terme. C’était un univers comme il aime en créer et Jaco Van Dormael a beau ne pas avoir le même grain de mise en scène, il trouve en tout cas tout un tas de choses afin de nous faire rire, de nous amuser, mais aussi de nous émouvoir. Car dernière cet humour blasphématoire est aussi teinté d’une vraie poésie dramatique. Il y a quelque chose de fatal dans cette histoire mais que le film utilise de façon intelligente. Le film en met plein la vue mais avec des choses très simples et très belles. Il y a aussi quelque chose de très humain dans ce film qui sort clairement du lot. L’évangile selon Benoît Poelvoorde c’est tout de même quelque chose d’assez drôle, mais malgré l’humour qu’il y a, se cache aussi quelque chose de particulièrement dramatique. Le film lève le voile sur tout un tas de choses différentes, notamment sur les problèmes de notre société et de ce que chacun enfoui en lui-même mais que l’on a tendance à oublier.
Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais très peu de sa fille. Sa fille c’est moi. Je m’appelle Ea et j’ai dix ans. Pour me venger j’ai balancé par SMS les dates de décès de tout le monde…
Le Tout Nouveau Testament étudie dans un premier temps la morosité qui règne chez Dieu aujourd’hui. Que l’on soit croyant au pas, le film cherche à nous dire qu’au fond s’il y avait un Dieu, que celui-ci ne fait pas en sorte de nous faire vivre des moments faciles, créant les problèmes juste pour s’amuser là haut de la vie d’en bas. Au delà de ce précepte assez fantastique, le film nous raconte aussi l’histoire de six personnages, tous très différents qui vont être liés par le besoin d’écrire un tout nouveau Testament. Mais c’est terriblement touchant car tous les personnages ont une vie terrible : une femme avec un bras en moins qu’elle a perdu dans le métro, un autre qui a décidé d’assassiner des gens depuis qu’il connait sa date de décès, et j’en passe. Tout au long de cette histoire, le rythme est très bien utilisé avec un choix de bande originale particulièrement intelligent. Le fait que chacun ait une musique au fond de lui permet de donner un vrai rythme au film, mais une vision légèrement différent. Si je m’attendais à voir un film assez amusant, c’est un peu morose sur la morosité de la vie aujourd’hui que l’on nous livre et le scénario est truffé de bonnes idées, que cela soit en termes de répliques (« Cloué sur un cintre »). En tout cas ce film n’est pas étrange pour un réalisateur comme Jaco Van Dormael.
Celui à qui l’on doit le brillant Mr. Nobody, garde cette même énergie au travers de ce nouveau film : à la fois son goût pour la richesse des images mais aussi pour l’utilisation de la musique. J’aime beaucoup cette façon de marier certaines images avec certaines images, cette façon d’utiliser le ralenti sur une musique classique, etc. Côté casting, les choix sont là aussi intelligents. A commencer par Benoît Poelvoorde même si ce dernier n’est pas le mieux utilisé de tous. Si je pensais que cela allait être le héros de ce film, c’est loin d’être le cas. C’est la fille l’héroïne et peut-être que c’est justement ce qu’il y a de plus intéressant là dedans. On retrouve également Catherine Deneuve, à la fois pleine de tendresse sur la fatalité de sa vie romantique qui n’a jamais été heureuse. François Damiens est lui aussi brillant dans ce rôle dramatique. D’ailleurs, ce qui me surprend énormément avec cet acteur c’est qu’il peut être particulièrement drôle dans ses caméras cachées et au cinéma, qu’il peut être dramatiquement fort. Finalement, Le Tout Nouveau Testament est donc une très bonne et belle surprise qui change de ce que l’on a déjà pu voir cette année au cinéma. Il y a une vraie morosité mais aussi une volonté de s’en sortir (même si la fin du film est particulièrement étrange).
Note : 8/10. En bref, une très belle surprise.