Des changements cérébraux liés à l’usage de drogues, et précisément ici d’héroïne peuvent persister après le sevrage, la récupération voire des années d’abstinence, révèle cette étude chinoise. Cette toute première étude à évaluer la connectivité fonctionnelle chez des personnes ayant été dépendantes à l’héroïne mais abstinentes depuis des années, montre des connections toujours perturbées voire aberrantes dans la zone impliquée dans la recherche de récompense. Des données publiées dans le Journal of Neuroscience Research qui contribuent à expliquer la fragilité de l’abstinence et le risque de rechute.
Des modèles de connectivité cérébrale anormaux bien connus chez les usagers de drogue mais qui selon l’étude persistent après une abstinence prolongée de plusieurs années, sont révélés par ces chercheurs du Beijing Institute of Basic Medical Science. Leur analyse a comparé via l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, les cerveaux de 30 personnes ayant été dépendantes à l’héroïne après plus de 3 ans d’abstinence avec ceux de 30 témoins sains.
Une activité anormale dans le centre de la récompense : L’équipe constate chez les ex-usagers d’héroïne, une activité dysfonctionnelle dans le noyau accumbens, une zone du cerveau impliqué dans la recherche de récompense. D’autres zones du cerveau présentent également des modèles de connectivité qui semblent spécifiques aux ex-usagers de drogue. Des données qui suggèrent, selon les chercheurs que le dysfonctionnement des réseaux desservant le noyau accumbens est toujours présent chez les personnes autrefois dépendantes et abstinentes depuis plusieurs années.
Une persistance qui pourrait expliquer les rechutes : La persistance de cette connectivité cérébrale anormale qui reflète le fondement de la dépendance aux drogues, pourrait contribuer à expliquer les rechutes, même après un sevrage réussi et une abstinence prolongée. Car ces mêmes schémas cérébraux sont retrouvés chez les patients toxicomanes et chez les toxicomanes abstinents depuis peu. Ainsi, sous le coup du stress ou d’autres facteurs environnementaux, l’envie de drogues peut se re-déclencher chez ces pourtant abstinents depuis longtemps.
Des données qui montrent toute la fragilité de l’abstinence et doivent inspirer les stratégies de réadaptation pour les personnes ayant souffert de toxicomanie.
Source: Journal of Neuroscience Research 17 AUG 2015 DOI: 10.1002/jnr.23608 Abnormal resting-state functional connectivity of the nucleus accumbens in multi-year abstinent heroin addicts
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