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Papa à l’épreuve de la crèche

Publié le 09 septembre 2015 par Emmanuel S. @auxangesetc

Ce qui devait arriver arriva: ma femme a repris le travail lundi . Après 20 mois d’arrêt. 2 grossesses, 3 enfants, un deuil périnatal, la naissance d’une princesse et cette nouvelle maternité avec son lot d’apprentissage, de manque de sommeil, de questions, d’épuisement, mais surtout de joie et rires.

Du coup, maintenant qu’on est super bien organisé côté sport (clic), reste à s’organiser côté maison / bébé. Comme d’habitude, tout dépend de ma femme. Ou plutôt de ses horaires. Et comme elle travaille le soir cette semaine, c’est papa qui s’occupe de bébé le soir. Cool, j’adore avoir mes soirées avec ma princesse. A croire que je deviens patient. Je m’épate moi-même (je m’auto-complimente vu que personne ne le fait jamais sinon).

Tout commence plutôt bien: il faut partir tôt du travail pour être à 18h30 dernier délai à la crèche. So far, aucun problème! Après avoir rentré le scooter au garage (oui, il n’y a pas encore l’option « cosi » sur les scooters pour ramener bébé à l’arrière), j’ai 3mn pour préparer, tant que j’ai mes deux mains libres, ce dont j’ai besoin pour bébé. Etape très importante à ne pas rater car bébé refuse d’être posée ne serait-ce que 5 secondes. Non, non, le soir, c’est dans les bras de papa, ANYTIME! Sans interruption. Même pas le temps de pisser.

A 18h30, il n’y a déjà plus grand monde à la crèche. Merde, je peux encore trouver un travail aux horaires encore plus cool. J’enfile donc mes sur-chaussures pour ne pas salir l’espace des petits et m’engouffre dans le labyrinthe aux nombreux pièges (i.e. tous les jouets par terre).

Et c’est le départ d’une lutte acharnée…

Déjà, bébé voit arriver papa. Après une longue journée, couplée à l’habitude d’être dans les bras de papa le soir, la puéricultrice est repoussée sans ménagement pour tendre les bras vers papa. On ajoute un petit cri et un début de pleurnichement pour tout de suite poser les bases de la négociation: les bras ou l’enfer! C’est clair, limpide, efficace, concis. Je n’aurais pas fait mieux.

Comme je suis prudent, je choisis les bras direct, sans négocier les conditions. Erreur… Mais la joie de serrer ma fille contre moi après une journée de travail, de pouvoir lui faire plein de bisous pendant qu’elle me griffe m’enlace le visage, le vaut bien. C’est donc APRES ça que je m’aperçois que, en fait, la puéricultrice était en train de lui mettre un pull vu que ses autres vêtements étaient tâchés. Elle a donc un bras dans le pull, l’autre en dehors… Bon, pour une bonne première impression, je repasserai… Elle a dû se dire: « les papas sont vraiment largués en 30 secondes« .

Vient ensuite le compte-rendu de la journée: nombre de cacas, liquide ou normal ou les deux (miam), nombre de siestes, durée des siestes (je veux moi aussi en faire!!), conditions des siestes (dans le lit, dans les bras de la puéricultrice), aliments du repas, aliments du goûter, etc. J’absorbe les infos comme une éponge car ma femme voudra un compte-rendu détaillé, avec plusieurs interrogatoires répétitions pour être sure que 1/ je ne me contredis pas et 2/ je n’oublie pas un détail entre la version n°1 du récit et sa version n°4, celle où je commence à m’énerver de répéter les mêmes choses.

Ensuite, on rentre à la maison. Oh punaise que ça devient compliqué là maintenant. Impossible de la mettre dans la poussette. Enfin, physiquement, c’est possible. Mais alors elle me regarde avec ses beaux yeux bleus remplis de larmes de crocodile, sa lèvre inférieure qui se retrousse en émettant un « aaa-bbbooouuuhhhhh » qui me fait dire qu’elle est super malheureuse et qu’un papa ne doit JAMAIS rendre sa fille malheureuse. Je suis gâteux et j’assume pas. Fort de cette excuse, je pourrai expliquer, dignement, à ma femme que je n’avais pas d’autre choix. Je pourrai ajouter, avec tout l’aplomb d’un avocat, que la journée a été dure pour elle, la première journée entière à la crèche et que les bras étaient nécessaires, une juste récompense pour bébé. Maman me regardera en souriant. Elle ne sera pas dupe, je le sais, elle le sait, nous le savons. Et papa ne changera pas, il le sait, elle le sait, nous le savons.

Pour couronner le tout, j’oublie le « casier à l’entrée de la crèche » dont ma femme m’a visiblement parlé. Difficile de prétendre que je l’écoute toujours attentivement… Je pars donc de la crèche avec bébé, mais sans son manteau ni ses chaussettes. J’ai pas l’air con dans la rue avec un bébé pieds nus et en pull alors qu’il fait 15°, bébé dans un bras, la poussette dans l’autre dont le seul passager n’est autre que Winnie l’ourson, suant à grosses gouttes avec cet effort physique intense.

A la maison, tout se passe globalement bien, sauf la sortie du bain: un combat entre un bébé de 8 mois,  short couche blanche, 67cm au garrot et 8kg à la pesée et un papa de 1m85 pour 85kg, short gris et front déjà plissé pour faire semblant d’être sévère. S’il est facile de la sortir de la baignoire et de lui mettre sa couche baby-super-dry-night-mega-absorbante-24h-supercontroletotal-à-1€-la-couche, elle refuse d’attendre plus longtemps allongée alors que le monde l’attend. Elle doit donc être impérativement sur le ventre pour aller et venir à SA guise, grâce à la traction des bras, phénomène découvert il y a 2 semaines. C’est ELLE qui décide où aller. Papa est pénible à vouloir lui mettre un pyjama. Et sa diversion de lui donner un canard jaune en plastique est pathétique.

Solution de repli: habiller bébé sur le lit parental. Deux atouts majeurs: de la surface pour que bébé se retourne dans tous les sens et deux nounours en peluche qu’elle adore. Commence donc le combat, version ultimate fighting: papa met la jambe droite du pyjama sur un moment d’inattention de bébé, bébé se retourne pour anticiper la jambe gauche, papa a vu le coup venir et enfile la jambe gauche pour s’apercevoir que son cerveau est trop lent et qu’avec le retournement la jambe gauche est devenue la jambe droite, et qu’en plus, la jambe droite déjà enfilée c’est défiléeEt MMEEERRRRDDDDDEEEEEEEE, faut tout refaire déjà!! Et dire qu’il reste ensuite les bras et, horreur de l’horreur, LES BOUTONS-PRESSION!!! Après 5mn d’un combat sans merci, papa est vainqueur. Il a perdu ses lunettes sur un coup bas, est gratifié de quelques balafres mais a réussi à enfiler le pyjama sans s’énerver. Mieux: papa a réussi à faire de l’habillement un jeu qui a fait rire aux éclats sa princesse. De quoi oublier toute la misère du monde à ce moment là et avoir presque envie de recommencer à enfiler le pyjama. J’ai dit presque…

La suite de la soirée est presque trop normale pour vous la conter ici. Mais vivement les prochaines soirées. Et cette fois-ci, papa sera ferme: il ne cèdera à aucun caprice!! Sauf s’il y a une bonne raison de croire, raisonnablement et honnêtement, sans mauvaise foi et en bon père de famille, et en dehors de cas de force majeure (ou mineure) que ce n’est pas un caprice


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