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Critique Ciné : Loin des Hommes (2015)

Publié le 09 septembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Loin des Hommes // De David Oelhoffen. Avec Viggo Mortensen, Reda Kateb et Vincent Martin.


Entrer Viggo Mortensen parler en français est quelque chose d’assez intéressant. Je ne savais pas l’acteur capable d’une telle prestation dans notre belle langue de Molière mais pourquoi pas. Cela permet aussi de donner une toute autre dimension à un film qui est surtout porté par la prestation sans faille de son casting. Adapté de L’Hôte d’Albert Camus, Loin des Hommes n’est peut-être pas l’adaptation la plus facile que l’on ait pu voir à l’écran. Pour avoir lu la nouvelle (qui reste un grand classique tiré de « L’exil et le royaume »), je dois avouer que je ne m’attendais pas nécessairement à une lecture aussi intelligente du récit. Le tout reste assez littéraire, mais David Oelhoffen (L’affaire SK1, Nos retrouvailles) ne cherche clairement pas à nous assommer au dessous de tout un tas de mauvaises surprises. Il veut aussi que sa mise en scène s’accorde avec quelque chose de plus moderne. Si l’on reste en 1954 dans l’espace temps dépeint par le film, la façon que le réalisateur a de mettre tout cela en scène, de façon brut, sans tomber dans le bon sentiment larmoyant dégueulasse est assez étonnant. Accessoirement, c’est le personnage de Daru qui est probablement le plus intéressant de tous dans ce récit, il apporte quelque chose d’assez différent des autres alors que sa force est justement de se dévoiler petit à petit, au fur et à mesure que le récit évolue.

1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas algérien. Au coeur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un paysan accusé du meurtre de son cousin. Poursuivis par des villageois réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté.

Le seul reproche que l’on peut faire à Daru c’est peut-être de ne pas en dire suffisamment. Disons que c’est là aussi où Loin des Hommes trouve sa plus grande faiblesse, de rester presque parfois trop poli dans sa façon de dépeindre le récit de ces hommes alors qu’il y aurait peut-être été plus intéressant d’être un peu plus rustre, plus rentre dedans avec la façon de raconter les choses. D’autant plus que la mise en scène va de pair avec l’idée que je me fais de la narration réussie pour Loin des Hommes. Cela ne veut pas dire que le côté un peu lisse de certaines séquences n’a pas de contre exemple. Tout au long de ce film, Viggo Mortensen parvient à donner un vrai souffle à un récit qui manque parfois d’un côté chaleureux. C’est sa prestation en elle-même qui fait une grosse partie du boulot et la façon dont il est dirigé derrière. Car la direction de l’acteur est très importante là aussi, prouvant que l’alliance des deux peut presque faire un miracle. En tout cas elle permet de transformer un petit film insignifiant au premier abord en quelque chose de beaucoup plus intriguant, proche du spectateur. Mais le talent de l’acteur n’est pas à remettre en cause, lui qui n’a de cesse d’aider des tas de films à gagner les ferveurs des critiques simplement par la façon dont il peut transmettre une émotion ou bien quelque chose que le film vient bien raconter.

Du coup, la mise en scène de David Oelhoffen est presque un peu trop parfois. Il y a aussi une véritable leçon que Loin des Hommes tente d’offrir au spectateur. C’est une adaptation libre de Camus et justement, la modernité qui apparaît à l’écran (plus que dans la manière de délier le récit, qui reste parfois un peu scolaire à mon goût) est ce qui donne un peu de pep’s à cet ensemble. L’adaptation n’était cependant pas si facile que ça étant donné que la nouvelle de Camus est très courte (environ une quinzaine de pages dans mes souvenirs) et ne laissait pas présager un long métrage. Pour un court cela aurait été beaucoup plus facile je suppose. En tout cas, Loin des Hommes tente quelque chose d’assez sobre, parfois un peu scolaire et ennuyeux mais soulevé par la prestation sans faille de son casting 5 étoiles. Reda Kateb, l’une des dernières trouvailles du cinéma français prouve encore une fois ici qu’il est l’un des piliers de la nouvelle génération. Si sa surexploitation pourrait lui jouer des tours dans les prochaines années, je trouve qu’il est ici utilisé à bon escient et que l’exercice auquel il se prête face à un grand comme Viggo Mortensen est assez merveilleux. Pas tout le temps mais suffisamment pour que l’on garde un bon souvenir de Loin des Hommes.

Note : 6.5/10. En bref, un film assez moderne et brut malgré une narration un peu trop scolaire à mon goût.

Date de sortie : 14 janvier 2015


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