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Nous sommes en première ligne, depuis mardi matin, pour 21 jours.

Par Cantabile @reimsavant

Nous sommes en première ligne, depuis mardi matin, pour 21 jours.

Le 10 septembre 1915
Mon cher maître,
merci beaucoup de votre carte et aussi ces bonnes et douces paroles que vous m'adressez.
Vous m'excuserez si j'ai tardé à faire réponse, il y a un mois nous étions, c'est-à-dire la compagnie, en réserve du bataillon car le régiment prend les tranchées par bataillon.
Nous sommes en première ligne, depuis mardi matin, pour 21 jours.
Le secteur de ma section n'est pas bien beau, mais en revanche, nous sommes en pleine forêt, et les boches aussi.
Nos tranchées sont éloignées de 900 à 1000 mètres, devant nous, nous ne sommes pas pour se voir tout de suite, on n'en cherche pas le moyen !
Nous nous fortifions sur place, réseau de fils de fer barbelés, "Bloc Hausse", faisant face de tous côtés en cas d'attaque.
Car c'est toujours à craindre.
La nuit et le jour, nous prenons la garde au poste "écoute" qui est placé à 150 mètres en avant de la tranchée de tir, on
est toujours en sentinelle double...

Nous sommes en première ligne, depuis mardi matin, pour 21 jours.

Le courrier se termine ainsi, il y avait certainement une suite, qui ne nous est pas parvenue.
Au moins, nous avons quelques précisions quant à cette vie de soldat dans les tranchées, et en premières lignes.
On le comprend bien, il n'est pas désireux de voir les "boches" de plus près ! Même si ce doit-être très pesant, de savoir l'ennemi, finalement aussi proche.
Difficile d'imaginer réellement ce que fut leur vie, ou plutôt leur survie, dans la boue, le froid, l'humidité... l'enfer !
...et on s'amuse de l'orthographe du "Blockhaus"... qui s'est retrouvée francisée de manière très arbitraire.
Même si la carte envoyée est bien de Reims, on ne peut pas vraiment savoir d'où notre soldat écrit !
Le visuel représente la place Royale en 1915, prise en direction de la Rue Colbert.
Légèrement colorisée, mais ce n'est pas cela qui ajoute un soupçon de gaieté à l'ensemble.
Les destructions sont passées par là ! et c'est hélas, loin d'être terminé. Nous ne sommes qu'en 1915 !!

Laurent ANTOINE LeMog - AMICARTE 51

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