A Girl at my Door // De July Jung. Avec Doona Bae, Kim-Sae-Ron et Song Sae-Byeok.
A Girl at my Door veut nous confronter à une dure réalité, celle du monde rural en Corée du Sud. Ce n’est pas un havre de paix, pas un endroit dédié à la modernité que la Corée veut bien nous montrer en tend normal. J’ai trouvé ce film intelligent et parfois même bouleversant dans le sens où l’histoire comptée n’est pas aussi facile qu’elle ne veut bien le faire paraître au premier abord. Il s’agit aussi d’un premier film et si c’est parfois un peu scolaire dans la mise en scène, globalement A Girl at my Door sait très bien comment utiliser les émotions des personnages afin d’en faire quelque chose de rustre et de complexe. Bien entendu, le film n’échappe pas à certains poncifs du genre qui tentent de parler de façon encore plus complexe des problèmes ruraux en Corée du Sud mais c’est encore un peu plus que ça aussi. Les personnages de cette série sont très étranges bien souvent et leurs actions très peu prévisibles. On a beau avoir l’impression d’assister à un film facile, c’est tout le contraire auquel on va avoir droit. Certaines scènes savent même créer une certaine forme d’ambiguité, sans trop savoir pourquoi telle ou telle chose se passe. La scène de la « branlette » si je puis dire est l’une des dérangeantes (mais aussi l’une des plus malignes dans le sens où elle utilise quelque chose d’assez simple pour venir à bout de son histoire).
Young-Nam, jeune commissaire de Séoul, est mutée d'office dans un village de Corée. Elle se retrouve confrontée au monde rural avec ses habitudes, ses préjugés et ses secrets. Elle croise une jeune fille, Dohee dont le comportement singulier et solitaire l'intrigue. Une nuit, celle-ci se réfugie chez elle…
July Jung nous offre donc un film avec une histoire qui a une volonté profonde de nous plonger dans l’émotion. Dommage que derrière tout cela, la réalisatrice ne soit pas toujours à la hauteur des ambitions du scénario. Je pense que c’est là le plus gros problème de A Girl at my Door, sa mise en scène. Cela n’en fait pas pour autant un mauvais film étant donné que la réflexion qu’il y a derrière fonctionne et reste intelligente mais disons que la mise en scène aurait pu donner plus de nuance et c’est un élément que j’aurais vraiment apprécié. L’erreur la plus flagrante dans le scénario est peut-être de parfois donner trop d’importance à certains éléments qui ne sont là que pour faire le lien entre les rebondissements et les diverses intrigues qui sont développées du début à la fin. En deux heures de film il y avait largement de quoi couper quelques trucs au montage qui n’apportent rien du tout à l’histoire. Ou bien les remplacer avec une personnification beaucoup plus forte dans la mise en scène de July Jung. En voulant rester à tout prix sobre, sans faire de vague, la réalisatrice ne parvient donc pas à sortir suffisamment des rangs et donc à nous offrir un paysage beaucoup plus grandiose que ce qu’elle nous met sous les yeux.
Surtout que le casting est lui très réussi. Je ne connais aucun des acteurs (en même temps mes références en termes de cinéma coréen ne sont pas encore très développées) mais tous ont quelque chose de fort à nous offrir et c’est l’une des forces de ce film. Le casting est toujours très important, surtout dans un film où l’émotion est sensée être la chose la plus intrinsèque, celle qui donne le ton en somme. Avec une thématique complexe et une exécution parfois un peu bâtarde, A Girl at my Door ne manque pas d’intérêt et laisse de riches émotions se développer chez le spectateur au fil des minutes qui passe. C’est parfois beau, parfois un peu hermétique aux émotions mais cela reste un film qui ne peut pas laisser indifférent. Surtout que pour un premier jet, le moins que l’on puisse dire c’est que cela sort vraiment de l’ordinaire. Peut-être est-ce aussi car je ne suis pas habitué du cinéma sud-coréen. Je ne sais pas mais toute la délicatesse, très féminine, que vient apposer July Jung est importante et donne aussi à A Girl at my Door tout le coeur qu’il a à revendre. En somme, voici un film assez intelligent dans son ensemble, truffé de bonnes surprises malgré le fait qu’ils auraient pu en faire encore un peu plus.
Note : 6/10. En bref, un premier film délicat et truffé de belles idées.
Date de sortie : 5 novembre 2014