» Mouiller son lit » à l’âge adulte entraîne une détresse émotionnelle. En public, certaines personnes sont gênées d’acheter des protections contre l’incontinence ou des médicaments contre l’impuissance, car ces troubles restent tabous. Cette étude de l’Université de l’Indiana suggère que cet embarras est éprouvé aussi en privé, lors des achats de dispositifs ou de médicaments en ligne. L’étude, présentée dans le Journal of Consumer Psychology, rappelle l’effet important de ces troubles sur l’estime de soi. Elle montre l’intérêt de tout faire pour réduire cet embarras qui peut empêcher les usagers de s’informer sur ces produits sensibles, qui peuvent pourtant contribuer à rétablir leur qualité de vie.
L’étude porte précisément sur l’achat en ligne de produits de soins de santé personnels, tels que des kits de test à domicile, les protections pour l’incontinence et les médicaments de la dysfonction sexuelle. Kelly Herd, professeur de marketing à l’Indiana University montre que les usagers ne se sentent pas toujours plus à l’aise, seuls, derrière leur écran d’ordinateur. Chacun s’auto-juge durant l’acte d’achat et l’embarras alors ressenti n’a rien à voir avec la gêne de voir le produit livré chez soi : En effet, la plupart des fabricants ont développé des conditionnements de manière à ce que le produit » arrive discrètement » chez son destinataire.
· Les chercheurs ont effectué un sondage en ligne portant sur 177 participants recrutés en aléatoire et invités à décrire leurs expériences embarrassantes vécues en public et en privé. Cette première étape de l’étude confirme simplement que l’embarras peut être aussi une émotion toute personnelle, ressentie en privé.
· Dans une seconde étape, l’équipe a présenté à 124 participants un scénario impliquant l’achat d’une protection pour l’incontinence. L’équipe constate que l’intensité de la gêne ressentie n’est pas moindre en cas d’achat en ligne du dispositif. Dans la plupart des cas, l’embarras ressenti est même » pire « . Car si en public, il y a toujours la possibilité de retrait, en privé, "on ne peut échapper à soi-même", écrivent les auteurs.
· Dans une troisième phase, l’équipe a présenté à 304 hommes âgés de plus de 35 ans –un groupe cible pour la dysfonction érectile- un scénario impliquant l’achat de Viagra, soit » contre l’impuissance « , soit » pour le plaisir « . Sans surprise, l’intensité de la gêne est plus élevée lorsque le médicament est acheté pour traiter l’impuissance. Le sentiment de gêne est bien plus faible en cas de motivations non médicales.
Des résultats qui suggèrent des lignes de communication pour la vente en ligne des dispositifs et des médicaments destinés à la prise en charge de troubles toujours ressentis comme tabous. Alors que ces dispositifs ont un rôle important à jouer dans la santé et la qualité de vie des patients concernés, ceux-ci doivent pouvoir se sentir plus à l’aise lors de leur achat.
Mieux expliquer l’importance de ces palliatifs pour l’amélioration de la qualité de vie, intégrer l’usage des protections et des médicaments contre l’impuissance dans la norme culturelle, ne pas dramatiser le trouble et ses aspects médicaux, bref ne pas renforcer l’embarras, peut faciliter l’accès à ces aides par Internet au plus grand nombre. L’idée est que chacun, homme ou femme, puisse » se retrouver » sur les sites de vente et y bénéficier de conseils, d’informations et de solutions personnalisées (ex : "Librement-féminin"). L’embarras ou la gêne face à ces troubles doivent être mieux compris, car ces émotions peuvent freiner l’accès aux produits nécessaires et renforcer encore le stress lié aux troubles de l’incontinence ou de la dysfonction érectile.
Source: Journal of Consumer Psychology July 2015 doi:10.1016/j.jcps.2015.02.005 Wetting the bed at twenty-one: Embarrassment as a private emotion
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