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La maladroite, d'Alexandre SEURAT

Publié le 12 septembre 2015 par Alice Join @Alice_sur_twitt

Quatrième de couverture : Inspiré par un fait divers récent, le meurtre d'une enfant de huit ans par ses parents, La maladroite recompose par la fiction les monologues des témoins impuissants de son martyre, membres de la famille, enseignants, médecins, services sociaux, gendarmes? Un premier roman d'une lecture bouleversante, interrogeant les responsabilités de chacun dans ces tragédies de la maltraitance.

Ce roman de la rentrée, je le redoutais, parce que dès qu'il s'agit de maltraitance, d'enfance, je n'ai aucun recul et cela me bouleverse tant que j'en perds tout esprit critique. Or, point de larmes, point de misérabilisme dans ce récit dénué de toute émotion.

En effet, on le lit d'une traite, parce que finalement, au cours de ces pages, ce n'est qu'un énoncé de constats, un "roman chorale" sans roman, où les avis et aveux d'échecs se succèdent, qu'ils soient professionnels ou personnels.

C'est pathétique mais sans pathos, aucun lyrisme, la grand-mère n'a pas de prénom, chaque voix est définie par son lien avec la Maladroite, cette Diana (au prénom à la destinée tragique mais qui n'aura pas connu l'adulation de celle, si célèbre).

Mauvais départ? reproduction d'un triste schéma familial? on ne peut pas dire que le destin lui avait distribué les bonnes cartes. Des histoires qui débutent comme la sienne, malheureusement, il y en a des tas. Heureusement qu'elles se terminent toutes moins tragiquement.

Alors pourquoi ce roman ? pour dénoncer l'incurie des services sociaux ou judiciaires? les dysfonctionnements entre les différentes services administratifs? C'est en effet l'incompétence de leur coordination qui est largement mise en avant entre les lignes. Chacun a fait comme il pouvait, je n'ose imaginer la culpabilité de ceux qui ont pressenti, mais qui se sont sentis impuissants face à la rigidité et à la lenteur du système.

En effet, il ne faut pas oublier, oui, il en va de la responsabilité collective d'être vigilant à ce que cela ne se reproduise pas. Toutefois, cela ne fait pas de La Maladroite un beau roman, un texte bien écrit et sensible. C'est froid, sans analyse, à la manière des minutes d'un procès, où le greffier prendrait note de tous les témoignages des proches. On n'y cherchera pas l'émotion mais le souci d'authencité, et, très honnêtement, ce n'est pas ce qui en fait la valeur d'une oeuvre littéraire selon moi.

"Avec elle, les mots paraissaient pris d'un tremblement, soit qu'elle se trompe sur leur sens, soit que ce soient les mots eux-mêmes qui ne convenaient pas à ce qu'elle voulait dire ou ne voulait pas dire. Et là-dessus, je ne parvenais pas à me faire une idée, je me sentais mal à l'aise, et j'avais l'impression que pour moi aussi les mots tremblaient maintenant, je ne savais plus lesquels utiliser."

Vous pouvez retrouver toutes mes lectures sur mon autre blog, ma page FB. Je rejoins, ce samedi, les lectrices de chez VirginieB.


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