Publié le 11/09/2015 par Jean-Bernard Gilles
Dans son dernier ouvrage, Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie, reprend plusieurs de ses thèses sur les inégalités croissantes aux États-Unis
© AFP JEWEL SAMADLa formule a fait le tour du monde mais elle est de lui : "Si l'on mettait 85 multimilliardaires dans un autobus, il contiendrait une fortune équivalente à celle de la moitié la plus pauvre de la population planétaire." Joseph E. Stiglitz reprend la plume. Prix Nobel d'économie, pourfendeur des excès inégalitaires du système économique dominant aux États-Unis et dans le monde, l'ancien économiste en chef de la banque mondiale recommence, dans sa dernière livraison, son combat pour combler le fossé croissant entre les plus riches et les plus pauvres Outre-Atlantique.- A lire : "La Grande Fracture", éd. Les Liens qui libèrent, 470 p, septembre 2015, 25 €.
Riches toujours plus riches
"Il y a deux façons de s'enrichir, soit agrandir la taille du gâteau national, soit tenter d'obtenir une plus large part du gâteau qui existe déjà", explique Joseph Stiglitz qui n'a pas de mots assez durs pour qualifier les baisses d'impôts importantes décidées par les administrations Reagan et Bush. Il désigne clairement les coupables. Les banques, qui ont sous estimé les risques de la titrisation et leurs complices que sont à ses yeux les agences de notation, les courtiers hypothécaires, les régulateurs et ces intellectuels arrimés, à tort, à l'idée que le marché libre générerait une croissance sans entraves et une juste répartition de ses bienfaits.La puissance de la finance est dans le collimateur du Prix Nobel d'économie et l'absence de régulation assez forte pour la contrôler."Les riches deviennent de plus en plus riches aux États-Unis, répugnent à dépenser de l'argent pour le bien commun et disposent des moyens pour se payer l'aide médicale et une bonne éducation", constate l'économiste. Les pauvres et même les classes moyennes ne participent plus au partage du gâteau. "Plus l'argent se concentre au sommet, plus la demande globale décline", explique le Prix Nobel.Les pauvres sont même exclus du pouvoir politique ce qui transforme l'inégalité économique en une inégalité politique quasi définitive. Parmi les très nombreuses fissures qui accroissent l'inégalité de la société américaine, qui sont mise en lumière dans ce livre, les pages consacrées aux 13 millions de propriétaires américains qui ne peuvent plus rembourser leur prêt immobilier et qui vont être saisis, ou celles sur la bulle abyssale de la dette étudiante qui menace d'exploser sont à lire.Parmi les solutions d'un propos qui est largement américain on retiendra des investissements massifs dans l'éducation et dans les infrastructures une plus large imposition des successions, des taxes sur les transactions financières même si l'auteur croît illusoire la proposition Piketty d'une taxe mondiale. Les hommes politiques américains ont encore du grain à moudre pour corriger les inégalités. Mais beaucoup, pas tous, pourraient être dans le bus des multimilliardaires.http://www.sudouest.fr/2015/09/11/capitalisme-dans-le-mur-2121201-6072.php