Le Transporteur : Héritage // De Camille Delamarre. Avec Ed Skrein, Ray Stevenson et Loan Chabanol.
Enlever au Transporteur Jason Statham est une hérésie. Bien entendu, Ed Skrein (Game of Thrones) n’est pas nécessairement mauvais sous les traits de Frank Martin, mais disons que cela aurait été un peu mieux de sortir de la mécanique des trois premiers volets afin de nous offrir quelque chose de vraiment intéressant. En changeant le casting, s’offrant les services d’acteurs particulièrement inconnus (sauf Ray Stevenson), on a l’impression de voir un DTV qui aurait juste eu la chance de sortir au cinéma, rien de plus. Cela me fait un peu penser au reboot de Hitman sorti il y a peu. Le Transporteur Héritage donne pourtant de la place à l’action, sans pour autant sortir complètement du cadre défini par la première trilogie. Afin de mettre tout cela en scène, Luc Besson (à la production et au scénario) a fait appelle à Camille Delamarre qu’il a déjà testé avec le remake américain de Banlieue 13 : Brick Mansions (avec feu Paul Walker). Pour tout vous dire franchement, j’aime beaucoup la franchise Le Transporteur. Mais elle a aussi ses côtés surréalistes et barrés qu’il n’y a plus vraiment ici. On a donc l’impression que Le Transporteur Héritage enchaîne encore et encore les scènes d’action plutôt qu’autre chose et c’est dommage.
Frank Martin, un ex-mercenaire des forces spéciales, est aujourd’hui spécialisé dans le transport de colis top secrets pour des clients pas toujours recommandables.
Alors que son père lui rend visite dans le Sud de la France, Frank se retrouve entraîné dans un braquage par Anna, cliente mystérieuse et manipulatrice, et ses trois partenaires. Précipité au cœur d’une vendetta impitoyable menée par ces quatre femmes fatales, et tandis que l’ombre de la mafia russe plane sur la Riviera, Frank devra plus que jamais faire appel à ses talents de pilote et de séducteur.
Du côté du scénario, Luc Besson s’est associé à Adam Cooper (Exodus ou encore le très mauvais Le casse de Central Park) et Bill Cottage (qui a le même CV que son co-équipier sur le coup). Pourquoi pas. Le résultat n’est cependant pas brillant. Il y a des choses sympathiques, mais cela tient plutôt de cette longue scène d’action tournée à Monaco. Il n’y a rien à redire, cette scène envoie du bois et réveille surtout un spectateur qui n’a rien à faire de l’histoire du film. Soyons honnête, l’histoire est sacrément tordue et surtout perdue dans ses propres problèmes. Le premier problème c’est qu’il n’y a rien de cohérent. On a une bande de filles, sous la houlette d’un vilain garçon tout droit sorti des pays de l’Est, qui décident de se venger de cet homme et de ses associés. Elles veulent alors voler tout leur argent et ensuite s’amuser et faire le bien avec tout ça. Mais pour ce faire, elles vont avoir besoin de l’aide de Frank Martin pour les protéger et les conduire de lieux en lieux. Jusque là, tout va bien. Sauf que le cheminement afin de récupérer l’argent manque cruellement d’enjeux et de sens. Les seuls faces à faces qui ont de l’intérêt ce sont ceux avec la police (qu’elle soit monégasque ou bien française). Car oui, Le Transporteur Héritage s’est aussi permis une scène dans l’aéroport de Nice. Oui, Frank nous offre une scène assez drôle où il conduit DANS l’aéroport.
Je me demande cependant pourquoi ils ont voulu rebooter cette franchise alors qu’il y a déjà eu une série et accessoirement Jason Statham n’a pas voulu rempiler. Camille Delamarre n’est pas le meilleur metteur en scène qu’il soit. Il y a tout un tas de moments où l’on sent que Le Transporteur Héritage n’est pas vraiment le film d’action que l’on nous avait vendu au départ. Je ne parle pas tant du scénario que ça, juste de la façon dont finalement Le Transporteur Héritage n’arrive pas à s’ôter de la tête que les mentalités ont changé en 2015. La façon dont la femme est mise en scène et traitée dans ce film est une vraie déception. On a véritablement l’impression de revenir des années en arrière. Je ne suis pas féministe, mais disons que la femme devrait avoir droit à une place égale à celle de l’homme et pas être traitée comme la prostituée qui vient des pays des l’Est. C’est le vrai problème de Luc Besson et de son amour de la femme objet. Car c’est clairement ça. Le casting est à côté de ça mal utilisé. Ray Stevenson tente de reprendre la place de François Berléand dans la première trilogie (sans pour autant que le lien avec Frank soit le même). Mais cela ne fonctionne pas aussi bien. Rien que la scène où il se livre avec quelques shots de vodka est longue et ridicule. Finalement, Le Transporteur Héritage est donc un film décevant, de l’action simplette qui ne cherche jamais à surprendre son spectateur.
Note : 2/10. En bref, Luc Besson tente de faire passer le spectateur une dernière fois à la caisse afin de renflouer sa société qui a besoin de financer son futur blockbuster.