La librairie indépendante, le genre de commerce qui rend un quartier si agréable, a été menacée par l’apparition du commerce en ligne et l’arrivée du livre électronique sensé remplacer tout bonnement le livre papier. Toutefois, les analystes semblent s’être fourvoyés quelque peu.
Trois articles, parus coup sur coup, dressent un portrait assez intéressant du bon état de santé des librairies indépendantes. Le premier, sur le site SLATE, un article dépeignant l’état de la situation aux États-Unis, où, après une “crise sans précédent entre 2000 et 2007” qui a vu environ un millier de librairies indépendantes fermer, on enregistre une augmentation de plus de 20% du nombre de librairies indépendantes entre 2009 et 2014. Selon l’Association des libraires américain (American Booksellers Association), pendant que les ventes des librairies indépendantes augmentent de 8%, la grande chaîne Barnes & Noble a été obligée de fermer une “quarantaine de magasins sur l’ensemble du territoire américain en deux ans”.
Quelles sont les raisons du succès des librairies indépendantes? Jason Diamond en relève 5 : le fait que chaque librairie indépendante soit unique tant dans sa présentation que dans son choix éditorial, l’amour du métier des propriétaires, la création d’une communauté locale, la capacité à réagir rapidement face aux tendances des médias sociaux et, finalement, la marge de manoeuvre qui est laissée aux employé.
Second article, publié sur la page frontispice du Devoir du samedi 5 et dimanche 6 septembre 2015, dont le titre est : “La relève investit les librairies”. Le journaliste Catherine Lalonde relève qu’une nouvelle génération prend la relève de librairies indépendantes. Il faut dire que la situation devenait inquiétante, l’Association des librairies du Québec (ALQ) relevait en 2007 que 68% des membres avaient plus de 60 ans. Mais depuis moins d’un an, l’ALQ constate que les générations montantes prennent la relève : la Librairie Pantoute (Québec) est devenue une coopérative lors du départ de son fondateur afin que les employés puissent l’acheter, le fils du fondateur de la Librairie Marie-Laura (Jonquière) reprend les commandes tandis qu’un jeune de 25 ans a racheté la librairie Au boulon d’ancrage (Abitibi). Sans oublier la fameuse Librairie du Square à Montréal, où le nouveau propriétaire travaille de pair avec l’ancien afin d’assurer une transition en douceur. Ces nouveaux venus sont à l’aise avec l’informatique et les réseaux sociaux, deux éléments qui seront sans l’ombre d’un doute à la base du succès de leur commerce.
D’autres librairies vont aussi connaître des transitions similaires, dont les librairies du Quartier, La Liberté, Vaugeois (Québec), Harvey (Alma), A.B.C. (La Tuque), Monet (Montréal), du Soleil (Gatineau), Côte-Nord (Sept-Îles) et Carpe Diem (Mont-Tremblant).
Finalement, le troisième article : “Renaud-Bray achètera Archambault au cours des prochaines semaines” (Le Devoir, samedi 5 et dimanche 6 septembre 2015). Dans un billet publié peu de temps après l’annonce, je soulignait que Renaud-Bray allait se retrouver propriétaire des 14 librairies de Archambault. Seulement voilà, 8 d’entre elles sont situées à moins de 900 mètres d’une librairie RB. Encore aujourd’hui je me demande la raison qui sous-tend cette transaction.
Bref, la librairie indépendante semble avoir de beaux jours devant elle.