Prémonitions // De Afonso Poyart. Avec Anthony Hopkins, Colin Farrell et Jeffrey Dean Morgan.
Prémonitions repose sur un genre de cinéma assez classique. Afonso Poyart, jeune réalisateur qui nous propose ici son second long métrage a un oeil assez intéressant, très classique mais qui nous offre une vision assez intelligente de cet univers là. En effet, Prémonitions a beau être très classique, c’est un film qui a visuellement quelque chose d’intelligent et d’intéressant. On ne sort pas vraiment des carcans mais une fois de plus, il s’avère que ce film est joli. Dans le registre de la série B, je trouve que l’on n’avait pas vraiment fait mieux depuis un petit bout de temps, surtout sur l’univers du médium et de la prédiction de l’avenir. L’avantage là dedans est aussi Anthony Hopkins, rongé par l’âge qui parvient à délivrer une prestation assez forte. Si visuellement, Prémonitions fait des efforts, le scénario est lui aussi truffé de petites idées. Toutes plus ou moins empruntées ailleurs mais qui fonctionnent de façon très intelligente. Sean Bailey (Enemies) et Ted Griffin (Terriers, Les associés) font un travail minutieux, de façon à mettre en scène une vraie aventure policière, une sorte de chasse à l’homme différente de celles que l’on a pour habitude de voir ces dernières années. En effet, ces derniers temps c’est plutôt l’oeil de la technologie qui est utilisé pour créer des chasses à l’homme. Ici c’est le contraire, c’est la psyché, un angle fort qui apporte une once d’originalité dans les thrillers actuels.
Un tueur en série énigmatique sévit à Atlanta, laissant le FBI totalement désemparé. Quoi qu’ils fassent, les enquêteurs ont toujours un coup de retard, comme si le tueur pouvait anticiper leurs mouvements à l’avance ! En désespoir de cause, ils se tournent vers le docteur John Clancy, un médium retraité dont les visions les ont aidés dans le passé.En étudiant le dossier, Clancy devine rapidement la raison pour laquelle le FBI est incapable de coincer le tueur : ce dernier possède le même don divinatoire que lui. Comment dès lors arrêter un tueur capable de prévoir l’avenir ? Commence alors une partie d’échecs impitoyable.
Pourtant, Prémonitions repose sur des tas de choses que l’on a déjà pu voir précédemment au cinéma. Notamment Seven. Et ce n’est pas si étrange que ça dans le sens où ce script a été imaginé dans un premier temps comme la suite de Seven de David Fincher avant de devenir un film à part entière, totalement détaché de Seven. Mais l’ambiance de ce thriller reste gravée au fond du script, et se ressent un peu de partout. C’est une belle référence et ce film, qui sort aujourd’hui et qui est un peu en décalage avec le thriller d’aujourd’hui, très mécanique et très technologique, est logique dans le sens où le script a été laissé de côté pendant plusieurs années. C’est de ce fait Afonso Poyart qui s’est retrouvé avec ce scénario après être passé par plusieurs mains au fil des années. Si au premier abord, Prémonitions était tout à fait le genre de film que l’on pourrait trouver nanaresque à souhait, il s’avère que cette série B est assez luxueuse. La mise en scène est travaillée, la photographie aussi, le scénario a quelques bonnes idées et le casting cabotinant parfois, s’en sort sans encombre. Ce n’est probablement pas facile de faire un film cohérent quand il a été réécrit mainte et mainte fois. Sauf que justement, ici l’association du paranormal au milieu de cet univers très sombre colle parfaitement bien.
Bien entendu, Prémonitions n’échappe pas non plus aux facilités du genre. En effet, on se demande parfois pourquoi tel ou tel personnage s’engage dans cette direction alors que c’est justement celle qu’il ou elle aurait dû éviter. Il y a des parallèles qui sont fait, pour tenter de donner une certaine forme de pertinence au métier de John Clancy. Notamment dans la façon qu’il a de critiquer la profession de psy, ou encore de justifier tout ce qu’il entreprend. Sauf que voilà, ce qui apparaît comme une vraie originalité dans ce film (et qui le sort d’un classicisme facile) c’est avant tout le surnaturel. C’est clairement la partie la plus intéressante de ce film d’autant plus que Anthony Hopkins est parfait dans ce registre là. Ce dernier apporte une sorte de vision posée au milieu de quelque chose de particulièrement fort et rythmé. Sa façon d’avancer au milieu du film est très différente des autres personnages. Lui n’a pas besoin d’accélérer tout le temps, il pose sa voix et énonce chaque choses de façon assez intelligente. Le casting est complété par Colin Farrell, assez fidèle à lui-même bien que très peu présent à mon goût et Jeffrey Dean Morgan qui semble toujours incarner les mêmes rôles de la même façon mais c’est justement ce qu’il y a de bien chez lui. Enfin, de mon point de vue en tout cas.
Note : 7/10. En bref, un thriller surnaturel facile mais efficace.