Un nouvel anticorps capable de neutraliser une glycoprotéine d’enveloppe, du virus, gp120, et d’empêcher ainsi le virus d’infecter la cellule hôte, c’est la découverte de ces chercheurs du California Institute of Technology (Caltech). Mais ce n’est pas un anticorps neutralisant classique. Il se montre capable, outre sa grande capacité de neutralisation, de suivre à la trace sa cible, en dépit de ses transformations au cours de l’infection. Une découverte, présentée dans la revue Cell, qui vient étoffer une voie de recherche thérapeutique déjà poursuivie, pour prévenir ou traiter l’infection à VIH-1.
Le processus infectieux commence lorsque le virus entre en contact avec les cellules immunitaires appelées cellules T qui portent à leur surface, une protéine particulière, CD4. Les glycoprotéines situées à la surface du virus reconnaissent et se lient aux protéines CD4. Le virus peut alors fusionner avec la cellule cible, déposer son matériel génétique à l’intérieur de l’hôte, qui devient une mini-usine de fabrication de nouveaux virus qui vont ensuite partir infecter d’autres cellules.
Le principe des anticorps neutralisants (broadly neutralizing antibodies ou bNAbs), capables de se fixer sur certaines régions des protéines de l’enveloppe virale et d’inhiber ainsi l’infection virale au niveau de la cellule hôte, est une des voies poursuivies dans la recherche d’un vaccin contre le VIH. Car le virus ainsi » piégé » est incapable de s’implanter et de se répliquer. En nombre suffisant, ces anticorps neutralisants pourraient permettre, en théorie, de protéger contre une future infection à VIH.
Ici, il s’agit d’un anticorps neutralisant à large spectre (nommé 8ANC195), identifié dans des échantillons de sang de certains patients atteints du VIH dont le système immunitaire peut naturellement contrôler l’infection. Cet anticorps se montre capable de protéger les cellules saines du patient en reconnaissant et en se fixant sur la protéine d’enveloppe présente à la surface de toutes les souches de VIH, ce qui inhibe ou neutralise les effets du virus. Ce que les chercheurs de Caltech ont découvert c’est cet anticorps 8ANC195, particulier, pour sa grande capacité à reconnaître cette signature protéique du virus, en dépit des transformations de la protéine, cours de l’infection.
Les chercheurs du Caltech ont utilisé la cristallographie aux rayons X et la microscopie électronique pour étudier les interactions protéine-protéine au niveau moléculaire et sont ainsi parvenus à reconstituer tout le processus de liaison de cet anticorps sur la pointe de la protéine d’enveloppe du virus, reconstituer aussi la structure tridimensionnelle de cet anticorps et finalement, comprendre comment l’anticorps reconnaît le virus. Ils découvrent ainsi que 8ANC195 présente 3 caractéristiques intéressantes :
· il s’agit d’un bNAb puissant au point de pouvoir permettre au système immunitaire de certains patients atteints du VIH de contrôler l’infection.
· Ensuite, il cible une pointe ou épitope différent de tout autre bNAb de la glycoprotéine gp120.
· Enfin, il reconnaît, au contraire des autres bNAb, la protéine virale sous les différentes formes qu’elle développe au cours de l’infection, soit à la fois dans sa conformation fermée et partiellement ouverte.
Cet anticorps pourrait trouver sa place dans une thérapie combinée, de plusieurs anticorps travaillant de façons complémentaires contre le virus. Un principe en cours de test sur des modèles animaux, qui semble prometteur car capable de réduire considérablement la concentration de virus toujours d’attaque pour infecter l’hôte. Bref, 8ANC195 pourrait faire l’objet d’essais cliniques dans un proche avenir.
Source: Cell Sept, 2015 DOI:10.1016/j.cell.2015.08.035 Broadly Neutralizing Antibody 8ANC195 Recognizes Closed and Open States of HIV-1 Env (Visuel@ Louise Scharf/Caltech)
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