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Série: RUST Titre : Tome 1, Black List Auteur : Blengino (scénario), Nesskain (dessin) Editeur : Delcourt Collection : Neopolis Année : 2015 Page : 144 Prix : 17,95€ Résumé : Nous sommes en 2100 après JC ou en 25 après le White Strike, selon votre calendrier. Un petit groupe de commandos tentent de récupérer un robot géant, ou plus précisément quelque chose dans le robot géant. Et pour cela, ils sont prêts à risquer leurs vies, puisqu'ils sont menacés d'une mystérieuse interception et reçoivent même l'ordre de rebrousser chemin. Mais ils ne vont pas s'arrêter pour autant, c'est sans doute à cela qu'on reconnaît les héros. Par contre, ce qu'il vont trouver dans les entrailles de ce robot ne va pas leur faire plaisir et va avoir comme conséquence de rendre la Black List inévitable pour sauver l'humanité... Mon avis : Je suis un peu entre deux chaises – oui, j'aime l'équilibre - . J'ai aimé l'idée de fond de l'histoire et j'ai hâte d'en découvrir la suite ! Je trouve l'annonce « on va confier la sauvegarde de l'humanité à une bande de psychopathes » un peu... un peu mensongère. Des psychopathes, il y en a un. Après, tueur à gage, drogué, folle relèvent d'un autre domaine que la psychopathie. Cette scène d'accroche, où un groupe de commandos va chercher à explorer le robot, fonctionne très bien. Mais parfois, il y a des choses un peu exagérées. Ou c'est du second degré. Je n'ai pas réussi à trancher. Par exemple, la réplique qui entrera dans la légende : « Il y a 138% de chances que vous soyez interceptés » m'a fait beaucoup rire. Toute l'analyse scientifique du début m'a plus rebuté qu'emporté. Mais je me suis accroché et j'ai eu raison, car au global, j'ai une impression plus positive que négative. Un des problèmes de fond de cette histoire est un classique souvent traité « Peut-on faire n'importe quoi sous prétexte de sauver l'humanité, et sacrifier sciemment des vies humaines, sans leur accord » par exemple dans Watchmen. Mais il est abordé ici sous l'angle original de Angel. Ce personnage, anti-héros au possible, taré pris de crise de folies meurtrières, se révèle être un des derniers espoirs de l'humanité. Alors, donne-t-on au psychopathe ce qu'il désire, des victimes, pour le convaincre de nous aider, ou trouve-ton une autre solution ? Et y a-t-il une autre solution ? C'est autour de ce dilemme que se construit l'histoire. Bon, mais sans plus de détails, tout ceci va vous paraître un peu nébuleux. Alors, une fois n'est pas coutume, je vais vous DEVOILER une partie de l'intrigue – SPOILER, comme on dit aujourd'hui -. Attention, si vous voulez garder l'esprit libre pour vous plonger vierge dans RUST, passez ces paragraphes. La terre a été envahie par des créatures extra-terrestres mi-organiques mi-mécaniques mi-on ne sait pas trop quoi. L'humanité, décimée, s'est réfugiée sous terre et est menacée d'extinction. Ils ne sont plus qu'un demi milliard d'habitants ! Sur toute la terre, hein, pas qu'aux Etats-Unis... ;^) Heureusement, malgré le manque de ressources et le fait de devoir vivre caché sous terre, l'humanité a pu construire des robot géants ! Oui, ils ont construit de très grandes caves sous les parkings. Robots, pas sûr. Il s'agit plus d'entités semi-organiques, pilotés par des pilotes qui fusionnent biologiquement avec le robot pour le contrôler comme un corps géant. Le pilote doit donc avoir un ADN compatible avec le robot, ce qui ne concerne qu'une personne sur cinquante millions. Si vous faites le calcul rapide, pour 500 millions d'habitant, ça fait dix personnes ! Coup dur. Or, le dernier pilote vient de mourir ! Double coup dur. Et c'est là que sort la BlackList ! La liste de fêlés en tout genre, qui sont aussi compatibles, soit cinq personnes au total. Dans le lot, un psychopathe, Angel et également un tueur à gage, un drogué, une fanatique religieuse et un terroriste pyromane. Le compte est bon. Pour ma part, si j'avais été au gouvernement, j'aurais juste laissé le psychopathe dans son asile pour prendre le tueur à gage, le drogué -après cure de désintox, hein - et le terroriste pour commencer ! En gardant le pire pour la fin. Mais bon, je suis pas dans le gouvernement donc voilà. Allez, fin du SPOILER, la vérité ne vous sera plus DEVOILEE ici. On reprend le cours de la chronique pour tous, sans gâcher la surprise de personne. Donc, il y a quand même certains éléments de la narration qui m'intriguent et que je trouvent un peu tirés par les cheveux. Au fur et à mesure de la lecture, on se rappelle les probables prédécesseurs et inspirateurs de RUST - on repense avec émotion à Makross et à l'Attaque des Titans -, mais RUST parvient à se différencier par son intrigue noire, où tout d'un coup, la vie perd énormément de sa valeur, par ses personnages qu'on pressent intéressants et qui vont probablement se développer dans les tomes suivants et surtout par des rebondissements qui ont l'amabilité de vous surprendre. Le cliffhanger de la fin de ce premier tome est fort intéressant. Car si on n'apprend rien sur les envahisseurs, on en découvre plus sur autre chose... Je ne dirai rien, le paragraphe spoiler est terminé. Scientifique blasé, psychopathe en vadrouille, envahisseur rappelant un peu quelques grands anciens, vous savez, ceux de Lovecraft, qui apparaissent un jour, écrasent un peu tout autour et s'en vont après avoir rendus fous tous ceux qui les ont vus. Et tout ça sans qu'on comprenne vraiment leur raisons ! Des éléments forts mais auxquels il manque encore un petit souffle pour vraiment décoller. Comme ce moment où l'un des R.U. - Robots Unit, c'est comme ça que sont nommés les Robots semi-biologiques – doit se rendre dans une zone où il faut quelques minutes pour repositionner les satellites et établir des communications. Comme l'humanité a envie de gâcher ces RU, au lieu de lui dire d'attendre quelques minutes avant d'aller dans la zone, ben, on l'envoie tout de suite en lui disant qu'on va juste perdre le contact quelques minutes. C'est malin, ça ! A moins que j'ai mal compris la problématique... En fait, pour ma part, j'étais plus intrigué par comment les commandos/savants vont gérer Angel que par savoir si on va se débarrasser des envahisseurs ou non. Mais pour vous attirer encore plus dans cette histoire, il y a les dessins de Nesskain ! Tirant vers le réalisme, tout en donnant une touche comic à ses personnages, Nesskain sait nous rendre cette histoire crédible. Ces personnages sont expressifs, mais je regrette qu'Angel ne soit pas plus angoissant. Son portrait le plus réussi est sans aucun doute celui de la couverture, où on sent l'homme qui sait que son heure va venir et attend, sûr de sa supériorité, inquiétant pour ceux qui le regarde. Les décors sont réalistes et les espaces naturels, comme le désert, ont quelque chose d'onirique, de mystérieux, qui marche vraiment bien. Les envahisseurs sont tout ce qu'il y a de plus surprenant. Tous différents, tous étranges, aucun ne peut vous faire deviner à quoi va ressembler le suivant. Une vraie réussite. Et les robots ont aussi un design original. Différents les uns des autres mais à l'inverse des aliens, on sent une ligne qui les unit dans leur conception. Là aussi, ça fonctionne bien. Les couleurs sont travaillées. On est donc dans une intrigue sombre, noire, pesante, et pourtant, les teintes claires sont toujours présentes. La force de ce choix et de son utilisation, c'est que ces couleurs vives ne rendent pas l'histoire moins sombre, bien au contraire. Par contraste, la clarté des images vous renvoie la noirceur du récit. Malgré le format petit de cette BD, le découpage est ample, laissant la place à de grandes cases. Il favorise ainsi une mise en avant de l'action, limitant les dialogues pour permettre des belles scènes muettes qui visuellement sont réussies. L'histoire, coupée en chapitres, trouve ainsi son espace entre de beaux dessins pleine page et des planches composées de deux à quatre bandes de une à trois cases. Le cadrage en met plein la vue et sait intriguer en mettant en avant au bon moment les éléments nouveaux de l'histoire. Robots géants sous la pluie battante, regards sournois, têtes hallucinées ou monstres surgissant des profondeurs de la terre ! RUST est annoncé en trois tomes, une bonne nouvelle ! Une mini-série, qui ne va pas prendre le risque de délayer son histoire pour durer. Et c'est tant mieux pour nous, lecteurs. Malgré la taille conséquente d'un volume - comptez 144 pages, mine de rien -, les deux autres sortiront en 2016 ! L'un au premier semestre et l'autre au second. Du coup, on se doute que les auteurs ont vraiment dû se donner à fond pour tenir de tels délais. Ce qui pourrait expliquer ces éléments de l'histoire un peu bancal relevés plus haut. Mais je ne bouderai pas et serai bien curieux de connaître la suite et même la fin de ce récit. J'espère que l'aspect noir présenté dans ce premier tome sera conservé jusqu'au bout, et qu'Angel l'anti-héros ne passera pas par une rédemption ultime pour devenir un véritable héros. Après tout, « Noir c'est noir », et c'est que que j'aime dans cette BD ! Et pour finir en beauté, la Bande-Annonce : Zéda recruté pour devenir pilote de méchas semi-organiques ? David