Faut-il interdire totalement les acides gras trans industriels, utilisés dans l’agroalimentaire comme stabilisateurs et comme conservateurs ? Leur effet très largement démontré d’augmentation du risque cardiovasculaire via l’augmentation du "mauvais" cholestérol (LDL) et la réduction "bon" cholestérol (HDL) pousse aujourd’hui ces experts britanniques à invoquer cette interdiction dans le British Medical Journal. En cause, ici, les pas moins de 7.000 décès cardiaques qui pourraient être évités, en Angleterre, sur les 5 prochaines années.
L’interdiction totale est techniquement faisable, expliquent ces experts qui appellent donc à » une action décisive « . Car si aucune augmentation du risque cardiovasculaire n’a été mise en évidence avec la consommation d’acides gras trans naturels (viande, produits laitiers), les acides gras trans des aliments transformés, fabriqués à partir d’huiles végétales, sont, au-delà d’un apport supérieur à 2% des apports quotidiens, associés à un risque accru de maladie coronarienne et de décès. L’Agence américaine FDA travaille depuis 10 ans à leur suppression dans les produits alimentaires, estimant qu’aux Etats-Unis, ces graisses sont responsables de 7.000 décès par maladies cardiaques et de 20.000 crises cardiaques chaque année. Les études épidémiologiques soulignent, par ailleurs, que leur consommation » touche » plus fortement les groupes socio-économiques défavorisés.
L’équipe de Liverpool et d’Oxford a donc travaillé sur 3 options stratégiques pour réduire la consommation de gras trans :
- l’interdiction totale des acides gras trans dans les aliments transformés;
- l’amélioration de l’étiquetage des aliments;
- l’interdiction des acides gras trans dans les restaurants et points de vente de repas à emporter.
Les chercheurs ont calculé les économies de santé et la rentabilité de chacune de ces politiques par rapport à la situation actuelle (les recommandations actuelles préconisent de limiter les gras trans à 1% de l’apport énergétique), en prenant en compte les variables telles que l’âge, le sexe et le statut socioéconomique. De cette analyse, il ressort :
Øune consommation moyenne d’acides gras trans chez les adultes britanniques estimée à 0,7% de l’apport énergétique.
· une consommation moyenne d’acides gras trans chez les groupes les plus défavorisés, estimée à 1,3%.
Øl’interdiction totale des acides gras trans industriels dans les aliments transformés pourrait empêcher (toujours en Angleterre) ou retarder environ 7200 décès (2,6%) liés à la maladie coronarienne sur les 5 prochaines années,
· réduire les inégalités du risque de décès mortalité par maladie coronarienne d’environ 3.000 décès chez les groupes socio-économiques les plus défavorisés.
Øl’amélioration de l’étiquetage ou l’élimination des acides gras trans dans les restaurants et point de vente à emporter pourraient réduire de 1.800 à 3.500, le nombre de décès par maladie coronarienne dont 600 à 1.500 chez les groupes plus défavorisés.
Enfin, l’interdiction totale reste la stratégie la plus rentable, coûts d’élimination et de substitution des acides gras trans pris en compte.
» Compter sur la coopération de l’industrie pourrait être insuffisant« , écrivent les auteurs qui appellent à « une action décisive » de l’Etat.
Source : BMJ 2015;351:h4583 15 September 2015 Potential of trans fats policies to reduce socioeconomic inequalities in mortality from coronary heart disease in England: cost effectiveness modelling study
Plus d’études surles Acides gras trans