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L’inacceptable est ambidextre

Publié le 20 septembre 2015 par Fabien Major @fabienmajor

Depuis plusieurs années, ce blogue traite d’économie et de finance. Parfois de produits financiers et de techno mais rarement de politique. Je fais exception aujourd’hui. La campagne électorale bat son plein et les enjeux économiques et sociaux s’y entrecroisent quotidiennement. En me levant du bon pied ce matin, j’ai réalisé que la politique canadienne est bipolaire. Il faut cesser d’accepter le « fastfood » politique. Je veux dire par là, accepter l’inacceptable des partis qui rejoignent partiellement nos valeurs. Ça va aussi bien pour la gauche que la droite.

Par exemple, la droite prône pour les libertés individuelles ET corporatives. Mais aussi pour un désengagement de l’état total ou partiel dans plusieurs secteurs névralgiques, dont l’éducation et la santé. La droite arrive souvent avec la militarisation et marche main dans la main avec le lobby des armes à feu et celui de l’industrie pétrolière.

La droite s’accommode aussi très bien des créationnistes (qui croit que la terre a 8000 ans) et des extrémistes religieux chrétiens et misogynes. Elle croit en un Dieu omniprésent, interventionniste et vengeur. Pas étonnant donc qu’elle stigmatise les scientifiques, surtout ceux qui alertent l’opinion publique sur les changements climatiques. Elle est prête à fermer ses portes aux immigrants et à faire mourir les plus pauvres des plus pauvres, mais refuse à ses derniers, le droit aux contrôles des naissances ou simplement à une assurance maladie. La droite pure et dure refuse le mariage gai, mais excuse volontiers les multiples infidélités de ses prêcheurs. Oh, j’oubliais! Elle ferme aussi les yeux sur l’évasion fiscale systémique. Bref, la droite arrive avec un lot inexplicable et indigeste de paradoxes.

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Avant d’applaudir, parlons maintenant de la gauche. Ce n’est guère mieux. L’attitude des ténors de la gauche face à un dossier aussi complexe que celui des réfugiés est d’une simplicité enfantine. Là aussi la quête des appuis politiques est plus importante que le sort des migrants. On ne peut pas ouvrir simplement les frontières et croire que tout ce passera bien. Oui, ça calmera les tourmentés qui veulent avoir bonne conscience, mais l’impact social doit être planifié et ORGANISÉ. Contrairement à Harper qui joue sur la peur et la ségrégation dans ce dossier, Mulcair fait le bonasse et réduit l’intégration des immigrants à une formalité.

Je remarque qu’en 2015, la gauche bourgeoise a davantage de poids. On souhaite que l’état contrôle mieux les banques, les hôpitaux, les pétrolières, l’éducation (mais maintiennent les juteuses subventions aux écoles privées), etc. On ne peut pas tout nationaliser comme par enchantement et croire que tous les problèmes sociaux vont se régler sans chômage. Voyons donc, ce n’est pas sérieux. On dénonce le fameux 1%, mais on exclut de cette caste des plus riches, les bénéficiaires de pensions à vie des sociétés publiques et parapubliques. Pourtant, mathématiquement parlant ils font également partie du 1% de privilégiés. Une pension inépuisable vaut très souvent plus d’un million de dollars (Je le sais très bien pour avoir fait le calcul des valeurs actualisées nettes plusieurs fois). Comme si ce n’était pas suffisant, la gauche autrefois pro-environnement peut maintenant permettre le passage de pipelines puisque ça sauve des jobs. Bref, la gauche s’en vient drôlement ambidextre.

La plus sournoise de ses pirouettes intellectuelles s’observe du côté des accommodements religieux. Si autrefois elle défendait la femme, son corps, son droit de parole et son statut dans la société, en 2015 la gauche a capitulé. Elle est maintenant ouverte à toutes les religions et ferme les yeux sur l’asservissement et la violence familiale. Le silence complice des anciens porte-étendards féministes transpire l’opportunisme politique. Pour gagner le vote des ethnies et minorités religieuses, on peut maintenant sacrifier le principe d’égalité homme femme. Pire, en pointant du doigt ceux qui doutent de la bonne foi religieuse, on tente de faire dévier le sujet en criant à l’islamophobie ou à la xénophobie. Moi, je ne le prends pas. Je mets toutes les religions dans le même bain… de sang. Elles sont championnes des discours haineux et des appels à l’intolérance.

On ne me fera jamais accepter les dérives sectaires des barbares sous prétexte que les chrétiens ou les protestants ont déjà commis des atrocités. TOUTES les religions doivent être remises à leur place. Dans le placard. Même les cathos jovialistes et les hassidiques! Comme la sexualité, la religion relève du domaine privé. S’il est impensable de tolérer les pressions sociales visant la propagande d’une orientation sexuelle au détriment de l’autre, la propagande idéologique même « soft » est une atteinte à nos libertés chèrement gagnées. Et les croyants modérés? Ce sont les pires. Sous le faux prétexte de vouloir éviter les querelles, on est prêt à laisser passer les loups solitaires… et les meutes. Quelle insouciance!

Alors, voyez cette polarisation gauche ou droite ne mène strictement à rien. Revenons à la base. Comme citoyens, nous ne sommes pas obligés d’acheter les kits idéologiques de nos politiciens. Rester soi-même en période électorale est tout un défi.

Si comme moi vous refusez ces doctrines prémâchées. On se doit de brasser la cage de nos candidats pour tenter de faire sortir LEURS vraies idées et opinions et non uniquement les lignes réductrices de parti qui les rendent tellement inhumains et incohérents.


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