
Macron se défend aujourd’hui et accuse des journalistes d’avoir trahi le secret d’une discussion «off the record» (hors micro). Ses propos étaient du «off». Et alors? A-t-il dit, oui ou non, ce qu’il a dit? La réponse est formelle: oui. Il pense donc ce qu’il a dit. Cela suffit à nous convaincre que, décidément, ce ministre-là mérite non seulement la défiance du peuple de gauche – il existe encore – mais également sa colère et pourquoi pas une forme de mépris. Car le recadrage de Hollande, puis de Valls ce dimanche, ne suffira pas. Il n’y a pas la parole «off» où l’on dit ce qu’on pense, et la parole «on» où l’on se cache derrière des mots.
Nous connaissions déjà pas mal le vrai visage d’Emmanuel Macron ; il nous apparaît cette fois de manière encore plus éclatante. Face à l’ampleur de la crise, un homme authentiquement de gauche proposerait prioritairement de réinvestir le champ des idées et des principes fondateurs du pacte républicain et de la citoyenneté, autrement dit, il chercherait à sécuriser et à améliorer la situation sociale de l’ensemble des salariés, tout en respectant la spécificité des missions de l’agent public, plus que jamais indispensable. Macron préconise tout le contraire. Rien d’étonnant. Avec lui, le libéral est d’abord et avant tout libéral, même paré d’une étiquette de «socialiste», dont il ne reste manifestement rien.
[EDITORIAL publié le 20 septembre 2015.]