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Le gène de la réussite (1)

Publié le 07 juin 2008 par Anne-Caroline Paucot

L'entreprise sera-t-elle virtuelle et collaborative ?

Une prospective-fiction sur l'entreprise en 2020 (Vidéo en deux parties).

Conception : Anne-Caroline Paucot avec Nicolas Tarrin et Anaïs Hua

Texte, pour ceux qui préfèrent lire qu'écouter

1. La perfection n'est pas un détail

Je m'appelle Rufus. J'ai trente ans. Depuis huit mois et trois jours, je suis cyber-consultant. J'ai été engagé le 9 janvier 2020 par la société Firmagénome.

Firmagénome est une NBIC 2. Ne le dites pas à ma mère. Elle ignore qu'une NBIC est une nano-bio-info-cogno business activité au mode 2. Oui, une société issue de la convergence des recherches en nano-bio-info-cogno technologies.

Je suis fier de travailler à Firmagénome. C'est une belle boîte qui fait plus dans l'avenir que dans la conserve. Elle travaille sur le génome des sociétés. Prenant comme modèle le séquençage du génome humain, nous établissons leur carte génétique et proposons aux créateurs d'entreprise le génome le plus en adéquation avec leurs objectifs.

Bref, je m'appelle Rufus, j'ai trente ans, je travaille dans une boîte d'avenir et… et… oui… je pense que si les détails font la perfection, la perfection n'est pas un détail…. Enfin, pour être franc, c'est mon patron, Lary Beaunez qui le pense.

Lary Beaunez porte bien son nom. Il mène son monde par le bout d'un nez de géant et oblige ceux qui travaillent avec lui à avoir du nez. La dernière mission que m'a confié le Cirano de la bussiness-génétique est d'identifier le gène de la réussite chez deux entreprises concurrentes : MicroGéant et NanoMaxi. Ces deux entreprises qui fabriquent des appareil techno-ménagers ont des baguettes magiques dans leurs business plan. Elles transforment tout ce qu'elles entreprennent en succès.

En revanche, question management, elles ne jouent pas dans le même bac à sable.

Dirigée par Fred Lyssac, MicroGéant pratique l'EcoTek ou l'écologie par la technologie. Les salariés de l'entreprise vont au travail en se connectant à un espace virtuel. Ils n'ont pas de bureaux. Tous les échanges se font dans cet environnement en trois dimensions. Plus de trajets quotidiens, d'entretiens de tours pharaoniques, de voyages d'affaires… Les salariés ne quittent par leurs pantoufles pour aller au turbin.

Pour être franc avec vous, l'affaire me laisse septique. Pour moi virtuel est synonyme d'artifice, de faux, de simulation, bref c'est tout ce qui n'est pas “réel”. Alors, une entreprise qui n'existe pas et qui gagne de l'argent, j'ai du mal à y croire.

Sous la houlette de Li Van, NanoMaxi a opté pour le AbeilComplexement. Sa gestion du personnel découle des théories des systèmes complexes. Le principe de base du système d'organisation est de créer une intelligence collective. Si j'ai bien compris, les adeptes du AbeilComplexement imitent les abeilles qui sont stupides individuellement mais intelligentes collectivement.

J'avoue, je suis dubitatif. Même avec le progrès, j'ai du mal à croire que les abeilles peuvent faire fortune.

Big Naze… c'est ainsi qu'on appelle le boss. Pas par dérision, c'est un homme génial doté d'un humour qui décape tous les a priori. Mais à cause de son pif… Bon, Big Naze veut tout savoir sur les deux entreprises. Leur stratégie, mode d'emploi, recettes gagnantes, les mentors des dirigeants… Il a insisté lourdement avant de conclure en disant : Pendant ton enquête, n'oublie pas que l'avenir appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves.

Que voulez-vous le boss, c'est un bourreau poète. Il a l'art de nous obliger à réfléchir en dehors des clous.

2. A l'épreuve de la virtualité

Avec tout cela, je ne sais plus où j'en suis. Si… Je m'appelle Rufus, j'ai trente ans, je suis cyber-consultant et j'arrive chez Fred Lyssac, la patrone de MacroGéant.

Au premier regard, le bureau de la dame date de l'avant révolution numérique. Pas d'écran en perspective. Les murs blancs servent de support à des œuvres de Pollock, Soulages, Matisse et autres classiques. Sur une étagère, on trouve trois livres :

-
L'annuaire des anciens élèves de l'Ane ou Administration Nationale Ecole, l'institut qui a remplacé la légendaire ENA pour laver les cerveaux des élites encore plus blanc que blanc.
-
Le discours de la méthode de Descartes ;
-
Le banquet de Platon.

Fred Lyssac

Des livres, cela vous étonne. Je conserve ces reliques non numériques car ce sont les fondements de la philosophie analySynthétique de notre entreprise.

Rufus

Bien, performant.

Oui, performant est le mot que j'utilise quand mon interlocuteur utilise des grands mots vendus par un consultant plus chevronné que moi. C'est bien performant. Cela incite la personne à continuer à s'écouter parler.

Fred

AnalySynthétique. Pour la partie analytique, nous nous référons à Descartes qui affirme : « Quand je vois un problème très compliqué, je le divise en parties et sous parties. Une fois que je les ai résolues, j'ai tout résolu. » A MicroGéant, lorsqu'un problème délicat se présente, nous le découpons en autant de fois nécessaires pour que le problème ne soit plus un problème.

Rufus

Performant.

Fred

Pour l'aspect synthétique, notre maître est Platon : « Je ne peux pas comprendre le tout si je ne connais pas les parties. Je ne pas comprendre les parties si je ne connais pas le tout. » Avec les ordinateurs quantiques, ce va et vient est un jeu d'enfant.

Rufus

Performant.

Et parfois je le pense. Oui, je suis à l'école Big Naze. Le boss nous apprend qu'on trouve des solutions innovantes lorsqu'on aére ses pensées et que l'on sort du cadre de référence habituel. Alors le mariage de la philosophie et du management, je trouve cela performant.

Fred

-
J'aime les philosophes. Ils nous apprennent que les questions sont plus importantes que les réponses. Cela évite de trouver des solutions qui créent plus de problèmes qu'elles n'en résolvent. Bon, après ce retour sur le passé, je vous invite à pénétrer dans notre antre de la modernité.

Rufus

Oh ! Performant.

Oui, la remarque est aussi justifiée. Je n'en crois pas mes yeux. Les Pollock, Soulages et autres classiques viennent de disparaître pour laisser apparaître un immense écran et nous projeter en plein cœur d'un univers virtuel composé d'immeubles de bureaux.

Fred

-
Bienvenue dans le Parc virtuel de MicroGéant. C'est ici que se retrouve chaque jour tous les salariés de l'entreprise. Ils se connectent à partir des quatre coins du monde pour partager un quotidien de travail similaire à celui que nous vivions hier dans nos bureaux en dur. La grande différence se situe dans le brassage culturel. Quand on partage ses journées avec un Indien, un Australien, un Chinois et un Suisse, on pense moins se trouver au centre du monde.

Rufus

On s'y croirait…. La fiction dépasse la réalité… Performant… Ne vous moquez pas de mes radotages. L'impression est étrange. J'ai la sensation d'être un nain de jardin autiste au pied d'un immeuble d'affaires dessiné par un architecte futuriste.

Fred

L'avantage, c'est que, comme dans tout univers virtuel, on peut traverser les murs et voler.

Rufus

Au secours. Qu'est-ce qui se passe ?

Fred

Calmez-vous… C'est juste le sol qui se transforme en tapis roulant. Pour vous déplacer, rien de plus simple. Soit vous marchez, soit vous agitez les bras et vous vous mettez à voler.

Rufus

En me faisant faire le tour du propriétaire, Fred Lyssac serre des mains, échange quelques phrases, signe des documents. Le réalisme est si parfait que j'oublie vite que j'évolue dans un univers virtuel. Résultat, quand je vois une copie conforme de Fred dans une salle de réunion, je ne peux m'empêcher de réagir.

-
Vous avez une sœur jumelle ! C'est incroyable comme elle vous ressemble.

Fred

Et oui, j'en ai même huit qui travaille pour moi en ce moment. Dans l'entreprise, la moyenne est de trois avatars par salarié. Un pour les nouveaux arrivants, sept à huit pour l'équipe dirigeante.

Rufus

Performant.

Là, la remarque est totalement justifié. Imaginez que vous soyez sept à faire votre boulot, vos journées seraient plus tranquilles.

Fred

Si l'ubiguité est un rêve ancestral, sa gestion est délicate. On y arrive en apprenant à multiplier les écoutes et les visions simultanées… Agitez les bras et suivez-moi, nous allons nous téléporter dans un stage de formation à la démultiplication.

Rufus

Performant…

Fred

Performant…. Je dirais plus grisant. Au début, voler nous donne des ailes. Bon, voilà, nous y sommes. C'est un stage de premier niveau. Les élèves portent un monocle qui diffuse ce qu'ils verraient s'ils avaient des yeux derrière la tête. Ils ont avec chaque œil une vision différente d'une même réalité. Après avoir utilisé le même procédé pour l'écoute, on multiplie les sources visuelles et sonores. L'apprentissage est surtout délicat pour ceux qui ont plus de 35 ans. Ceux qui ont grandi avec l'Internet haut débit ont, grâce à MSN, aux jeux en ligne ou au blog, eu très jeune l'habitude de mener plusieurs échanges de manière simultanée.

Rufus

Les avatars grandissent !

Fred

Non, vous n'y êtes pas. Ces exercices sont effectués par des personnes réelles et non par les avatars. L'image que vous voyez est une projection holographique. Vous avez raison, depuis que les avatars ont passé le test de Turing 2 on s'y perd un peu.

Rufus

Le test de Turing ?

Fred

Turing est le fondateur de l'intelligence artificielle. Au milieu du siècle dernier, il a imaginé un test qui consistait à faire dialoguer un homme avec un ordinateur. Le test était gagné si l'homme n'arrivait pas à détecter qu'il parle à une machine. 70 ans plus tard, la machine n'a toujours pas réussi le test. Le test de Turing 2 est le même système avec l'image.

Rufus

Ce virtuel trop réel me déroule. J'ai l'impression que la machine sent et voit à ma place et que je ne suis plus qu'un spectateur passif de ce qui se trame autour de moi.

Fred

-
C'est normal. Entre le faux vrai, le vrai faux, le vrai vrai et le faux faux, on s'y perd. D'autant que souvent ce qui parait vrai est faux en réalité et le contraire. A MicroGéant, nous avons décidé de ne pas nous poser cette question et de considérer que ce qui est réel est ce qui est vécu par chacun d'entre nous, que cela soit dans l'univers réel ou virtuel.

Rufus

Oui, mais… Comme elle fonctionne la réalité lorsqu'on est sept fois virtuel.

Fred

La première réalité est de pouvoir animer en même temps plusieurs réunions. Regardez.

Sur l'écran 1, nous écoutons un prospectiviste nous parler de 2050. Tous les salariés de l'entreprise sont présents. Normal, si on ne peut pas prédire l'avenir, on peut l'inventer et tout le monde doit y contribuer. Et puis, pour être trivial, pousser les portes de l'avenir est rentable. Si ecouter les clients des autres est le meilleur moyen d'accroître sa part de marché , écouter les visionnaires permet de créer de nouveaux marchés.

Sur l'écran 7, nous échangons avec les chercheurs du Centre de dévellopement spatial autour des nano tubes de carbone. Grâce à ce matériau beaucoup plus souple et plus solide que l'acier, ils vont construire un ascenceur spatial et aimeraient que nous leur proposons du space techno-ménager.

Sur l'écran 15, la moue de mon avatar en dit long sur mon intérêt pour le neuromarketing. Depuis vingt ans, des experts nous racontent qu'il suffit de pulvériser de l'ocytocine, la fameuse hormone de confiance, pour que les consommateurs courent acheter nos produits. Mais, ils n'ont jamais prouvé qu'avec, ce subterfuge, ils ne vont pas encore plus vite acheter ceux de notre concurrent.

Sur l'écran 23, on retrouve la moitié des participants à la réunion précédente mais là ils échangent autour de la pertinence de lancer sur le marché des télé-frigidaires sensibles. C'est-à-dire qui, outre proposer des émissions en adéquation avec le repas préparé, se colorient en fonction des émotions des utilisateurs. Rouge si l'ambiance est au survoltage, rose si elle est à la romance…

Rufus

Performant

Fred

Ultra-performant vous voulez dire. Il y a une quinzaine d'années on imaginait même pas que tous les foyers seraient équipés de refroidisseurs d'aliments qui feraient les courses.

Rufus

Non, je voulais dire performant.

Ben oui, comme tout le monde je n'aime pas être incompris. Si je comprends bien, la multiplication d'avatars vous permet de disposer d'une masse d'informations plus importante. Mais, comment arrivez-vous à les gérer et à prendre des décisions ? Dans un océan, on peut facilement se noyer.

Fred

Nous avons deux bouées de sauvetage :

Un : une capacité au risque. Notre principe est d'oser d'abord et de doser ensuite. La frilosité contribue à de nombreuses noyades.

Deux : la DAO, la décision assistée par ordinateur. Les capacités de stockage étant quasi illimitées, nous enregistrons tout ce que les avatars entendent, comprennent, perçoivent, imaginent. Cette masse d'informations est analysée par des ordinateurs sémantiques qui croisent ces données avec des millions d'autres accumulées au fil du temps. Le résultat de ce brassage d'infos apparaît sous forme de propositions accompagnées d'une estimation chiffrée de sa validité. Le chef de projet n'a alors qu'à choisir. Concernant les télé-réfrigérateurs sensibles, trois propositions s'affichent.

Un… Démarrer la production. Incontournable sinon Borbus va rafler une part de marché. Bonne décision à 78 %.

Deux… Ne pas investir ce marché… Ce gadget va dévaloriser notre image de marque… Bonne décision à 68 %.

Trois… Retarder le lancement… Service basique, imaginer un plus utile qui incitera les consommateurs à l'achat. Bonne décision à 67 %.

La performance du procédé repose surtout sur l'absence de sélection des informations. Tout est enregistré sans discrimination. Dans la réalité, ce n'est pas le cas. Et oui, on voit et on entend plus avec notre esprit qu'avec nos yeux et nos oreilles. Nos a priori nous poussent à être myopes et sourds. Combien de fois, dans l'ancien management, on n'entendait pas la proposition géniale d'un salarié parce qu'il se trouvait au bas de l'échelle.

Rufus

Très juste. Nombreuses entreprises furent si sourdes au progrès de la technologie qu'elles n'entendirent même pas sonner leur dernière heure.

Fred

Et pourtant avec le croisement des nano-bio-info-cogno technologies, il cognait fort… Regardez, sur l'écran 56, je reçois un Argentin que l'ordinateur me recommande à 99 %. Il a un cursus de formation sans faille. Outre qu'il a toujours été le meilleur dans les meilleures écoles et entreprises, à 14 ans il dirigeait une guilde de 120 personnes dans un jeu en ligne. A MicroGéant, plus de la moitié des salariés étaient addicts aux jeux en ligne lorsqu'ils étaient jeunes.

Rufus

Vous engagez des joueurs ?

Fred

Ce n'est pas nouveau. Déjà dans la premier décénie de ce siècle, des sociologues constataient qu'il y avait une grande différence entre ceux qui ont commencé jeunes à faire des jeux vidéos et qui ont donc du se débrouiller tout seuls, sans l'aide d'adultes, et ceux qui, au contraire, ont été disciplinés par des entraîneurs sportifs adultes qui ont essayé de tout leur apprendre.

La volonté de gagner et l'aisance dans les univers virtuels sont pour nous des atouts très précieux. Enfin, notre Argentin a d'autres atouts. L'analyse de ses recherches et interventions sur la toile depuis une vingtaine d'années témoigne de son désir et sa capacité à accumuler des connaissances et jongler entre différents savoirs. Les milliards de clics sont comme des pixels. La juxtaposition permet de fournir une image très précise de l'individu qui les a effectués.

Rufus

-
Cette perle est peut-être très courtisée.

Fred

-
Nous avons des atouts auxquels on ne peut pas résister. L'absence de déplacement permet de gagner un temps précieux et nous travaillons que 28 heures par semaine. Imaginez le temps libre qui reste à nos salariés.

Rufus

-
La sédentarité peut rebuter certains. Je déteste les tableaux trop idyliques et je ne peux pas m'empêcher d'y ajouter quelques zones d'ombre.

Fred

-
Nous compensons en leur offrant, tous les deux mois, un voyage de découverte culturelle dans un pays de leur choix. Ces enrichissements individuels sont très bénéfiques à l'entreprise. Aujourd'hui, avec la limitation drastique de la consommation énergétique individuelle, il y a deux possibilités. Soit on travaille dans un univers réel et on voyage virtuellement, soit on travaille dans un univers virtuel, et on voyage réellement. A en croire les sondages, 70 % des salariés préfèrent la deuxième solution, celle que nous offrons aux salariés.

Rufus

Performant. Oui, performant me sert aussi à combler un vide dans une discussion. Au fait, tout cela est bien beau, mais question sécurité cela doit coincer dans les chaumières.

Fred

Notre système d'authentification est PER-FOR-MANT ; Nous utilisons la biomètrie pour identifier tous les visiteurs du parc.

Rufus

Performant… C'est sûr ? Il n'y a pas de failles. Cela m'étonnerait, il n'y a pas de technologie sans bug. Aussi sophistiquées soit-elles, les machines répondent à nos ordres, pas à nos intentions.

Fred

Oui, l'évolution de la technologie amène dans son sillage un certain nombre de maux. Il y a aujourd'hui plus de tracabilité, de tracker, de hacker, de virus, de désinformation, de censure. Comme toutes les entreprises virtuelles nous sommes régulièrement techno-bombés. Mais, nous avons la riposte à portée de clic. Notre univers virtuel est répliqué à des centaines d'exemplaires et il nous faut moins d'une seconde pour passer de l'un à l'autre.

Rufus

Oui, c'est…

Fred

Performant… Enfin, si vous recherchez les limites de ce mode d'entreprise. Interrogez vos auditeurs. Si mon souvenir est bon, dans la première décenie du siècle, tous les ingrédients de l'entreprise virtuelle étaient là mais on n'envisageait pas encore ce changement.

Rufus

Performant.

Oui, là je veux dire que c'est une suggestion intéressante. Question virtualité, des personnages réels peuvent avoir autant, voire plus et beaucoup plus à dire que des personnages de fiction.


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