25 septembre 2015 / Violette Bonnebas (Reporterre)

Le traficotage des émissions polluantes n’est pas l’apanage de Volkswagen. Une étude publiée en Allemagne, et que Reporterre révèle en France, montre que des modèles des constructeurs Renault, Volvo et Hyundai dépassent allègrement les normes de pollution automobile.- Berlin, correspondanceLes constructeurs automobiles rivalisent d’imagination pour contourner la législation anti-pollution. Mais à ce petit jeu, Renault ne passe malheureusement pas la contre-visite.Les nouveaux diesels de Renault sont-ils aussi propres qu’ils l’affirment ? La question se pose à la lecture d’une étude d’ICCT (International council on clean transportation), passée presque inaperçue début septembre (voir lien en anglais).L’enquête, menée par l’association ICCT, qui est à l’origine de l’affaire Volkswagen, portait sur trente-deux véhicules de dix constructeurs différents, commercialisés en Allemagne. Dont une Renault compacte de type Mégane. Toutes homologuées officiellement, ces voitures ont fait l’objet d’une contre-expertise, en subissant chacune deux tests anti-pollution : le test actuellement en vigueur, appelé NEDC, et le test WLTC, plus poussé, qui doit normalement être appliqué à partir de 2017 dans l’Union européenne.

- Passage au test anti-pollution aux Etats-Unis
Manque d’indépendance des tests
Par quel tour de magie ces véhicules ont-ils obtenu leur certification ? « Certains constructeurs semblent avoir optimisé leurs véhicules pour passer le test actuel, affirme Vicente Franco, l’un des auteurs de l’étude, alors que leurs émissions de dioxyde d’azote atteignent des niveaux très élevés dans des conditions réelles de conduite. »Il y aurait donc des « trucs », bien connus des professionnels du secteur. « Batterie plus légère, pneus surgonflés par exemple, les constructeurs utilisent les subtilités du règlement pour réussir les tests, et c’est légal », regrette Michel Dubromel, spécialiste transports à France nature environnement (FNE). Inlassablement, depuis plusieurs années, des associations comme la sienne dénoncent les petites combines et l’inefficacité des tests anti-pollution sur les moteurs diesel. En vain.Parmi les reproches que celles-ci font au processus d’homologation figure également le manque d’indépendance des laboratoires qui mènent les tests officiels. Financés par les constructeurs, qui en sont les clients, ils ne suscitent pas une confiance suffisante. C’est aussi la conclusion de l’ICCT, qui réclame que les tests soient menés par un organisme totalement indépendant, et en conditions réelles de conduite.Lire aussi : Alors que Volkswagen est pris la main dans le sac, EELV lance son plan contre la pollution de l’air
Source : Violette Bonnebas pour ReporterrePhotos :
. chapô : une Mégane phase II de Renault (Wikipedia)
. test au National Argonne Lab (Contract hire and leasing)http://www.reporterre.net/Renault-depasse-tres-largement-la-limite-de-pollution-autorisee

