Magazine Humanitaire

Carmine, 7 ans : Salerne – Donetsk, Aller – Retour

Publié le 25 septembre 2015 par Frédéric Joli
Doc Carmine

La mission du CICR a consisté à protéger le rapatriement de Carmine, notamment en lui permettant de franchir la ligne de front. Les délégués ont également facilité l'obtention des titres de voyage et coordonné l'opération avec la Croix-Rouge italienne.

Carmine a l’âge de raison, 7 ans. Le petit garçon italien de père et ukrainien de mère vit à Salerne, près de Pompeï, en Italie. Depuis des mois, il sait que la vie est dure à Donetsk, chez ses grand-parents. Il sait que la guerre entre séparatistes et armée ukrainienne y a fait des ravages.

Sa grand-mère est comme le Dombass, l’est de l’Ukraine, elle ne va pas bien, éreintée par le stress et les privations. Début septembre, un coup de téléphone du grand-père l’annonce mourante. Carmine et Yryna, sa maman s’envolent alors pour Kiev, puis par train, rejoignent la zone du conflit, parviennent à traverser les lignes, atteignent enfin Donetsk. Ils sont accueillis, début septembre, par le grand père et le demi-frère de Carmine, Nikita, âgé 18 ans.

Trop tard, la grand-mère vient de mourir. Alors que se préparent le deuil et les obsèques, la maman du gamin meurt à son tour, sans coup férir, d’un malaise cardiaque. A Rome, peut-être aurait-elle été sauvée. Mais ici, sur la ligne de front, le système de santé est à l’image du reste de la ville, endommagé – pudique euphémisme - pour ne pas dire détruit.

Carmine à 7 ans, l’âge de raison. Il va lui en falloir.

Hors de question pour le grand père que l’enfant reste à Donetsk. Trop dangereux et quand bien même, ni lui, ni Nikita n’auraient les moyens de s’en occuper. Sa vie est à Rome.

Comment rapatrier un enfant de 7 ans depuis une zone de guerre ? Nikita s’adresse à la représentation de l’OSCE (*) à Donetsk, expose le cas de son petit frère, Carmine. Le CICR et le HCR (**) sont à leur tour alertés. Finalement, il revient à la délégation du CICR sur place d’organiser ce que, dans le jargon humanitaire, on nomme « une réunion de famille ».

Très vite, la mécanique du rapatriement se met en place. En amont, les délégués du CICR à Donetsk, en aval la Croix-Rouge italienne qui depuis Rome est en contact avec le père de l’enfant. Le 21 septembre, après avoir notifié toutes les parties au conflit et obtenu les garanties de sécurité nécessaires, un véhicule du CICR quitte Donetsk avec à son bord Carmine et Nikita ; direction Konstaninokska, localité tenue par l’armée ukrainienne au-delà de la ligne de front. La suite du voyage, comme à l’aller avec sa maman, il la fait en train jusqu’à Kiev, toujours accompagné de son grand frère. Le lendemain, le CICR facilite auprès des autorités ukrainiennes et italiennes l’obtention des titres de voyage.

Enfin, le 23, Carmine et Nikita atterrissent à Rome, accueillis à l’aéroport par les proches et la Croix-Rouge italienne. Retrouvailles déchirantes.

Le grand frère s’apprête déjà à retourner en Ukraine, dans le Dombass. Hors de question pour lui de laisser son grand père seul. Sa vie est à Donestk.

Découvrez le site du CICR pour le rétablissement des liens familiaux, Restoring Family Links

(*)Organisation pour la Coopération et la Sécurité en Europe.

(**)Haut Commissariat pour les Réfugiés.


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