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Bruno dalpra: non aux usines à vaches!

Publié le 26 septembre 2015 par Blanchemanche
#Crisedelelevage #Unsinesavaches
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La crise de l’élevage occupe l’espace médiatique depuis quelques mois.Les éleveurs n’arrivent plus à vivre de leur production et depuis des mois ils enchaînent  manifestations et déclarations.Mais la chute des cours et la pression de la grande distribution dont ils sont victimes sont les manifestations d’une crise structurelle; les traditionnels coups de pouce publics financiers et les déclarations gouvernementales lénifiantes  n’ont évidemment rien réglé.C’est qu’au delà des facteurs conjoncturels les déséquilibres et les surproductions ont des causes profondes: suppression des quotas laitiers qui régissaient la politique européenne laitière européenne, déclenchement de la guerre du lait entre producteurs nationaux, embargo contre la Russie suite au conflit ukrainien, guerre des prix et des parts de marchés entre grandes enseignes qui  utilisent volontiers la viande comme produit d’appel, recours au moins – disant pour les acheteurs de  la restauration collective, des cantines scolaires, des  administrations, des hôpitaux..Dans l’espoir d’amortir les coûts fixes les éleveurs se sont lancés dans la course au volume, au raccourcissement du temps.Des animaux qui n’ont jamais vu une prairie!Les exploitants se sont endettés et le Crédit agricole comme les coopératives liées à la FNSEA les y ont aidés, demandant en retour des rendements qui impliquent souvent  des modes de nourriture qui ne sont plus basés sur l’herbe.De même qu’en industrie avicole les poulets industriels sont élevés en 6 semaines, les éleveurs de boeufs  vendent à 21 mois des animaux qui n’ont jamais vu la prairie.L’intensité capitalistique exigée au nom de la « compétitivité » s’accroît: frais financiers, cours de l’alimentation dépendants des cours mondiaux, produits phytosanitaires, réglementations normatives, sont des frais devenus incompressibles et non répercutables sur les prix.Entre 2000 et 20010 34% des expoitations laitières et 27% des exploitations de vaches à viande ont disparu (chifres ministère de l’agriculture).Pour la FNSEA (54% des agriculteurs aux élections professionnelles et premier syndicat du secteur) cette  logique industrielle est acceptée et elle cogère largement le système, tout en défendant les intérêts de ses mandants,  les exploitants agricoles.Mais ce qui est désormais en jeu c’est ce modèle même d’élevage défendu depuis les années 60, qui repose sur l’endettement, la course au volume, la mécanisation.La crise du productivismeLe porte parole national de la Confédération paysanne, deuxième syndicat agricole et opposé cette vision de la FNSEA, déclarait récemment: « Ce que nous connaissons c’est une crise du productivisme; il y a trop de lait, de viande; il faut réduire la production et revenir à des modes de production plus raisonnables, plus respectueux de la nature… » .Il ne représente pas l’opinion de tous les éleveurs, loin s’en faut, mais l’impasse est désormais incontestable et l’avenir toujours plus difficile.C’est bien cette  question d’un modèle agricole soutenable que pose la Confédération.En Alsace le projet de la ferme des 1200 taurillons à Wintershouse (67) est devenu emblématique de ce conflit entre l’industrialisation de l’agriculture et les principes d’une agriculture paysanne.Initié par  3 exploitations moyennes qui se regroupent au nom de la compétitivité, il entre dans la logique des fermes usines.Pour Bruno Dalpra, secrétaire régional  Alsace des amis de la Confédération paysanne, les principes de base sont d’abord à réaffirmer: « répartir les volumes de production, réaffirmer le rôle des petites exploitations proches du citoyen – consommateur, favoriser les circuits courts de distribution ».Et pour cette association les réponses à la crise de l’élevage passent en particulier par l’opposition aux projets de fermes usines.Il rappelle qu’aux Etats-Unis on en est  déjà à des exploitations de 30 à 40 000 vaches  (100 000 en Chine est un chiffre qui circule…) et il suit avec inquiétude les conséquences prévisibles d’un marché transatlantique (projet transatlantique dit TAFTA) en négociation entre les Etats Unis et l’Europe où des normes d’exploitation européennes, voire  nationales, seraient abaissées dans le contexte d’un alignement par le bas calé sur des normes des éleveurs nord-américains à ce jour prohibées en Europe  (type de nourriture, hormones, conditions d’élevage et respect du vivant et du bien être animal, poulets chlorés…).Il souligne également les conséquences environnementales prévisibles (pollutions phréatiques et lisiers dont l’utilisation en épandage a ses limites dans les exploitations géantes); il rappelle que la méthanisation  doit être locale pour être rentable (nécessité d’intégrer les les déchets ménagers) et  que les nuisances et pollutions induites par un trafic de camions fortement accru ne sont pas sans conséquences.Il insiste sur  la réduction du personnel induite par ces exploitations géantes en hausse comme sur leur lien avec des entreprises (l’abattoir de Brumath pour le projet de Wintershouse ) pour lesquelles l’exploitation est inscrite dans une « chaîne de valeur industrielle » avec des contraintes de volume et de rentabilité totalement imposées et dans laquelle les frais de personnel deviennent une des rares variables d’ajustement.Associer paysans et consommateurs pour changer les chosesSes formules résument les moyens d’une résistance intelligente, associant paysans et consommateurs: « Exiger  un étiquetage informatif lisible sur l’origine des viandes », « produire local et manger local »« privilégier les circuits courts » – dont les marchés locaux qui évitent tout intermédiaire entre le paysan et le consommateur -, « s’appuyer sur les associations locales type AMAP » - qui associent consommateurs et paysans pour une agriculture écologique, économique et conviviale dans une démarche de partenariats locaux de proximité – , « diversifier les exploitations » – la référence aux fermes auberges des Vosges s’impose – , « produire et consommer en confiance, avec une visibilité du paysan et une traçabilité totale du produit »….Bref, privilégier le bien manger – souvent bio -, la proximité et la sécurité alimentaire induite par la maîtrise d’une exploitation contrôlée par le producteur – paysan,  le souci du respect du vivant et la protection des besoins essentiels des animaux, la conscience des impacts environnementaux de l’élevage de masse…Bruno Dalpra n’oublie pas pour autant les propositions de révision de la Politique agricole communautaire (PAC) en demandant des mécanismes pour favoriser les répartitions de primes qui favorisent aujourd’hui les grandes exploitations.Il résume ce que veulent les Amis de la Confédération Paysanne d’Alsace : « Vouloir inonder le marché et se soumettre aux diktats de la grande distribution, alors que l’ensemble de la profession est en détresse et le manifeste est tout simplement irresponsable. Il faut être solidaire avec les petits paysans qui se battent pour le maintien du prix de la viande et s’interroger sur le modèle agricole que nous voulons »Les Amis de la confédération ne placent pas leur action sur le terrain des grandes manifestations paysannes dont raffolent les médias (déversement de lisiers devant les préfectures, blocages de routes par les tracteurs…) mais tous les samedis du mois sur la place Kléber à Strasbourg ils sont présents avec d’autres associations et collectifs engagés là où sont des enjeux environnementaux, économiques et sociaux qui concernent tous les citoyens : les luttes pour le climat, contre le nucléaire,  les grands travaux inutiles, les stockages de produits dangereux (Bure, Stocamine), le déni des droits de l’animal (centre de primatologie d’Oberhausbergen)…Non au projet des 1200 taurillons à Wintershouse!L'Alterpress68[email protected]L'alterpresse 68
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