Face à la chute des prix du pétrole et au bouleversement de la scène gazière : Preure plaide pour un redéploiement de Sonatrach à l’international

Publié le 27 septembre 2015 par Ouadayazid1

"La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach dispose des capacités pouvant lui permettre de se replacer parmi le top 10 dans le monde." Le propos est de Mourad Preure, expert international énergétique, qui a plaidé, hier à Alger, pour un redéploiement de la Sonatrach sur la scène internationale. "Sonatrach doit être un grand découvreur d'hydrocarbures dans le monde.


La compagnie nationale devra aussi renforcer sa position en tant qu'acteur majeur sur le marché européen du gaz et se muer aussi en compagnie multi-énergies", a encore ajouté l'expert, un des intervenants à la rencontre-débat tenue, hier, à l'hôtel Hilton, sous le thème "Convulsions de la scène internationale, enjeux et challenges pour l'Algérie". Lors de cette rencontre, initiée par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), il a été surtout question du rôle important, voire même décisif, que doivent assumer les compagnies énergétiques face un nouveau contexte mondial caractérisé par le bouleversement de la scène gazière et un choc baissier sévère des prix du pétrole. Une nouvelle donne qui, selon l'analyse de Mourad Preure, révèle que "les réserves du pétrole ne constituent plus la force des pays producteurs". Cette catégorie de pays doit s'appuyer à l'avenir sur la stratégie mise en œuvre par leurs compagnies énergétiques en matière de redéploiement, notamment sur la scène internationale.
Pour qu'un tel objectif devienne réalisable en Algérie, la compagnie Sonatrach devra consolider davantage ses relations de partenariat avec l'université, le Centre de recherche dans le domaine de l'énergie et les institutions d'ingénierie de renommée internationale, a encore insisté Mourad Preure, pour qui "la technologie est la clé de la puissance pétrolière et gazière de demain".
Il estime aussi que l'Algérie dispose d'un gisement exceptionnel en matière d'énergie solaire pouvant lui permettre de s'ériger en tant que pays leader dans ce domaine.
S'agissant des raisons de la baisse des prix du pétrole, un des sujets phares de la rencontre du Care, elle est due essentiellement, indique-t-on, à l'excédant d'offre provenant des huiles de schiste américains, alors que l'OPEP (Organisation des pays exportateurs du pétrole) dépassait déjà son plafond de 1Mbj, la forte progression du dollar et la surproduction des pays de l'OPEP, principalement l'Arabie saoudite. "Le facteur dominant est le fléchissement de la demande par rapport à la dynamique de l'offre", a encore souligné Mourad Preure. Il croit savoir, en outre, que la tendance baissière des cours du pétrole "devrait s'inverser dès l'année prochaine et les prix sont appelés à repartir à la hausse fin 2016 pour se stabiliser au dessus de 80 dollars le baril, et ce à la faveur d'une reprise attendue des économies asiatiques, particulièrement chinoise et indienne". Le même expert a, par ailleurs, jugé nécessaire de repenser le système de subvention des produits énergétiques (électricité et carburants) en vue d'une utilisation plus efficiente, mais aussi plus rationnelle de l'énergie dans un contexte marqué par une hausse de la consommation interne, parallèlement à une baisse continue des cours mondiaux de pétrole.
De son avis, "le système actuel de subvention devrait être réorienté de manière à faire bénéficier les catégories les plus démunies. À cet effet, il a préconisé la mise en place d'un nouveau mécanisme en adoptant une tarification flexible et équilibrée entre le prix réel du marché et le souci de préserver le pouvoir d'achat des citoyens les plus vulnérables.
Karim Aoudia