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Le nautisme français mise sur les navires d’exception

Publié le 27 septembre 2015 par Blanchemanche
#nautisme #LaRochelle
 Publié le 27-09-2015

Face à une concurrence étrangère féroce, les chantiers navals tricolores ont choisi de surfer sur une spécificité française : le luxe. Confort, esthétique et sur-mesure font leur succès auprès des plus fortunés.


Voilier de croisière Amel 55. C. BreschiVoilier de croisière Amel 55. C. Breschi
"Ecrasement." C’est ainsi que le président du chantier naval Couach, Christophe Kloeckner, qualifie l’état du marché de la plaisance. Même si les grandes fortunes ont souvent profité de la crise pour faire fructifier leur bas de laine, la plupart ont pris le parti de reporter l’achat purement plaisir que constitue le bateau de grand luxe. C’est le cas des Français. Avant la crise, ils représentaient 40% des acheteurs d’Amel, un spécialiste des voiliers premium installé à La Rochelle. Aujourd’hui, 10%. Les riches Espagnols et Italiens sont aussi aux abonnés absents : ils craignent le contrôle fiscal. Dès lors, les chantiers français ont vu leurs commandes s’effondrer. Certains ont dû être renfloués, d’autres ont changé de propriétaire.Confrontés à l’offre low cost venant de Turquie, ils souffrent d’autant plus que, contrairement à leurs concurrents allemands, néerlandais et italiens, ils ne peuvent pas s’appuyer sur un réseau bien étoffé de sous-traitants. Cependant, pas de découragement, cette faiblesse structurelle peut devenir un atout. L’idée ? Développer un produit original avec une touche spécifiquement française. Sur place, la "verticalisation" des activités avec les différents corps de métiers – architectes, designers, ébénistes, couturières, chaudronniers, électriciens, accastilleurs – crée un lien unique avec le client, qui prend plaisir à visiter les ateliers, voit l’état d’avancement de son futur joujou, discute avec les ouvriers… Le bateau est une affaire de passion. Comme le dit Olivier Lafourcade, président de CNB, filiale de Bénéteau, "un yacht, ça ne se vend pas, ça s’achète". La preuve avec trois chantiers de l’Atlantique.

Couach, le perfectionnisme

Sur sa brochure de présentation, la société annonce la couleur : "Yacht Couture". Le président de Couach, Christophe Kloeckner, veut faire de son entreprise l’Hermès de la plaisance. Installée à Gujan-Mestras, près d’Arcachon, la PME (20 millions d’euros de chiffre d’affaires prévu en 2015) produit depuis plus de cent ans des bateaux de grand luxe dont la longueur peut atteindre 50 mètres (compter environ 35 millions d’euros). Très élégants avec leur carène en V, leur étrave haute et pincée qui laisse passer la houle en douceur, les Couach disposent d’une coque en composite qui leur permet de naviguer vite – la traversée de l’Atlantique en dix jours – et par tous les temps.Le chantier ne produit que du sur-mesure. La tendance ? Du confort, rien que du confort. Car les nouveaux riches, venant notamment de Russie et des pays de l’Est, cherchent moins à naviguer qu’à se pavaner sur le pont de leur yacht. Du coup, ils exigent un produit parfait avec une habitabilité supérieure et des matériaux nobles, comme le sycomore ondé. En attendant les commandes des nouveaux nababs, Couach a signé en août un gros contrat avec… l’Arabie saoudite. Le chantier va fournir 79 vedettes de 15 mètres au royaume wahhabite. Un contrat qui pourrait atteindre 100 millions d’euros d’ici quatre ans.

Tofinou, l’épicurisme

Les chantiers Tofinou jouent eux aussi sur cette image d’exception. Avec leur ligne épurée, les dériveurs de 7 à 16 mètres habillés de teck font le bonheur des "voileux" fortunés (compter entre 100.000 et 400.000 euros). Les Tofinou ont d’abord séduit la bourgeoisie de Paris et d’Ars-en-Ré, et une trentaine d’exemplaires voguent au large de La Rochelle. Aujourd’hui, leur réputation a essaimé jusqu’en Australie. "On soigne l’esthétique, on est un peu les Riva de la voile", indique Christian Iscovici, le patron du chantier. Il suffit de regarder le liston, la bande de protection qui entoure les voiliers. Sur un Tofinou, elle est en acajou verni d’un seul tenant de 9,50 mètres. Idem pour l’hiloire, le renfort longitudinal situé sur le pont.Dans les ateliers de La Rochelle, tout est fait main. Pour que la coque des bateaux soit totalement lisse, les stratifieurs posent les couches de résine et de tissu de verre une à une, alors que la plupart des autres chantiers les projettent avec un pistolet. Rapides et racés, les Tofinou sont comme une voiture de course, le résultat d’un compromis. Le confort n’est pas leur qualité première. Aucune importance, les propriétaires utilisent leur bateau pour la journée, tirent quelques bords, puis regagnent la maison pour boire un verre entre amis. Et cela fait maintenant près de trente ans que les amoureux de la voile s’y retrouvent.

Amel, le classicisme

Situé également à La Rochelle, Amel – créé en 1964 – surfe sur son image de grand classicisme. De la fin des années 1980 jusqu’en 2005, l’entreprise n’a produit qu’un seul modèle, un élégant ketch (voilier à deux mâts) de 16 mètres, le Super Maramu, à raison de 35 unités par an. Depuis, l’entreprise développe deux voiliers de croisière, un Amel 55 pieds (16,5 mètres pour 1,1 million d’euros) et un Amel 64 (20 mètres pour 2,2 millions). La société – qui réalise l’essentiel de ses 20 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’étranger – produit des bateaux de série, avec différentes essences de bois (châtaignier, chêne…). "Notre concept, c’est la navigation hauturière sans équipage", indique Emmanuel Poujeade, directeur général. Winches électriques, propulseur d’étraves rétractables, cockpit central protégé, les voiliers, de plus en plus automatisés, sont faciles à manœuvrer. Le bateau idéal pour un couple de retraités fortunés. Une clientèle qui ne cesse de croître.http://www.challenges.fr/sport/20150925.CHA9798/le-nautisme-francais-mise-sur-les-navires-d-exception.html

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