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Visite guidée et musicale de Rome avec La Fura dels Baus

Publié le 28 septembre 2015 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! L'idée pouvait paraitre originale pour certains, saugrenue pour d'autres. Confier à la Fura dels Baus une illustration de la trilogie romaine d'Ottorino Respighi (par ailleurs excellent violoniste), composée entre 1916 et 1928, relevait de la gageure pour qui connait les délires visuels et l'armada technique qui sont la marque de fabrique de la compagnie catalane, spécialiste des spectacles interactifs se recevant comme des uppercuts en pleine poitrine ou au mieux une belle claque dans la figure.
Encore une fois, les plus atrabilaires aux visions de ces six ibères fous de théâtre devront rendre les armes.
Le montage cinématographique en scope et couleurs proposé n'a rien de vraiment révolutionnaire, nage dans les eaux du classicisme le plus pur, tel un luxueux dépliant touristique que l'on dirait sponsorisé par un Berlusconi voulant se refaire une virginité.
Comme le dit si pertinemment le programme, voici l'art et la manière superbe de donner grâce à la musique un pouvoir extraordinaire aux images et inversement, les images numériques orientant bon gré mal gré la musique illustrative de Respighi, pour un show qui vous cloue sur place, psychédélique, luxueux, ingénu parfois, sensuel souvent, luxurieux, balayant tout ce que l'on a pu voir jusqu'à présent.
Plus c'est grand, gros, démesuré, ça passe. On sort du Grimaldi Forum de Monaco les yeux pleins d'étoiles, complètement abasourdi, ébahi, comblé, heureux.
Car il faut quand même une bonne dose de courage pour s'attaquer aux trois courtes partitions des "Fêtes, fontaines et pins de Rome" qu'un Toscanini, enthousiaste, a grandement popularisés.
D'accord avec vous. La situation de Respighi dans la musique italienne est intéressante: elle correspond à un renouveau symphonique tentant d'endiguer les débordements du vérisme triomphant, tout en créant une sorte de post-romantisme ou impressionnisme purement latin. Chacun trouvera midi à sa porte dans cette emphase, ces effets calculés, cette orchestration facile et luxuriante, ces éclats guerriers dignes d'un péplum de Cinecittà, déjà sensibles dans les énigmatiques "Les Jeux du Cirque Maximus" un certain temps adorés par un Duce de sinistre mémoire...
On soulignera toutefois la finesse des coloris instrumentaux, un goût prononcé pour les contrastes, un sens mélodique certain, un pouvoir de séduction indéniable à ces cartes postales sonores.
Noyé dans les images, Kazuki Yamada empoigne à bras le corps sa phalange au grand complet et ne la lâche plus. Pour une visite guidée de la capitale italienne dans un maximum de sobriété, une rigueur technique de tous les instants.
Sans s'appesantir sur la subtilité colorée des partitions, le chef japonais entraîne le Philharmonique de Monte-Carlo, souple et aéré, gorgé de vie, de dynamisme, complice et ravi de l'expérience, dans un optimisme communicatif, impose son style, ample, vigoureux, laisse chanter - sans sentimentalité - l'orchestre, décape et transfigure sans théâtralité excessive, en véritable alchimiste du son, le célèbre triptyque.
Sans jamais tomber dans la facilité ou le folklore romain, avec élégance, une certaine poésie, le futur directeur artistique et musical restitue une certaine fraîcheur à ces partitions parfois exécutées (au sens propre) pour faire briller et tonner un peu vainement les grands orchestres.

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