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Mutatis mutandis, Patrick Weil devrait souhaiter la fin de l'euro

Publié le 07 juin 2008 par Edgar @edgarpoe

Longs papiers sur la politique d'(anti) immigration de l'Union européenne, dans Libé. Les tenants d'une Europe angélique semblent enfin se rendre compte que comme n'importe quel Etat, l'Europe mène une politique dont la générosité n'est pas la finalité première.

Sauf qu'en plus d'être un état avec d'égoïstes intérêts à préserver, l'Union est dotée d'un processus de décision non démocratique, où rien ne vient contrebalancer le pouvoir prédominant de la Commission.

Interrogé sur une possible politique d'immigration européenne, Patrick Weil explique : "Il n'y a pas de partage possible dans la politique d'admission au séjour. Entre les pays à forte démographie que sont la France et le Royaume-Uni et les pays à faible démographie que sont l'Allemagne et l'Italie, les besoins ne sont pas les mêmes." A mon avis, il n'y a pas longtemps à attendre pour que l'Europe impose une politique unique. Déjà on parle d'interdire les régularisations trop généreuses.

Je ne crois pas pour autant que PeeWee, comme l'appellent peut-être encore les facétieux étudiants de l'IEP, soit opposé à l'Euro et encore moins à l'Union européenne. Tout devrait pourtant l'y conduire.

En effet, entre les pays à forte inflation et faible inflation, entre les pays en croissance démographique et les pays en décroissance démographique, entre les pays endettés et les pays prêteurs, le taux d'intérêt unique servi par la Banque centrale européenne a peu de chances de convenir à tout le monde. Une politique forte de transferts fiscaux pourrait compenser les différences de besoins entre pays membres. Cette politique n'existe pas.

A partir de là, deux points de vue : les pleureuses optimistes, qui conseilleront d'attendre que l'esprit saint touche l'Union européenne laquelle, d'un seul coup d'un seul, se mettra à adopter des politiques  économiques adaptées et progressistes ; et les réalistes, lassés d'attendre une Autre Europe qui, telle le messie, viendrait réaliser le paradis sur terre.

Même si la réflexion de Patrick Weil reste cantonnée à son domaine propre, j'aime qu'ainsi, imperceptiblement, se fasse ressentir, aux yeux de plus de monde, la profonde imbécilité du choix européen. Imposer à 27 pays aux conditions économiques, sociales, juridiques, politiques fort différentes, de passer sous une toise unique n'a que peu de sens. Seuls des idéalistes impénitents et aveugles, et des comptables constipés, peuvent prendre plaisir à préserver la légende européenne au-delà du nécessaire.



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