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De Bellerive à Nuremberg

Publié le 07 juin 2008 par Alain Hubler

«Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver.» Mardi dernier, un comité en faveur d’un nouveau Musée des beaux-arts à Bellerive, appelons-le nMBA, tenait conférence de presse.

Du beau linge ce comité, vraiment du beau linge.

Des pointures pour une conférence de presse qui doit convaincre que les opposants d’un Musée des beaux-arts à Bellerive ont tort de le vouloir à la Riponne.

Le plasticien Robert Ireland, un homme qui travaille avec les images était là. Il faisait partie celles et ceux qui allaient dire à la presse tout le mal qu’ils pensent des référendaires qui s’opposent à un Musée des beaux-arts à Bellerive. Il était de ceux qui devaient expliquer que «face à la désinformation il faut agir».

La tâche était importante, essentielle. Il fallait convaincre. Convaincre la presse et, par elle, les Vaudoises et les Vaudois.

Robert Ireland était là, bien entouré, les journalistes n’allaient plus tarder.

Voyage imaginaire dans son cerveau.

La presse va arriver, il va falloir persuader. Je dois être concis. Je dois être convaincant et trouver la formule. La formule qui marque.
Pas facile avec Yvette Jaggi, politicienne professionnelle et Marie-Claude Jequier qui a passé sa carrière à déterminer la politique culturelle de la ville et à fréquenter des politiciens …

Yvette Jaggi frappe fort, d’entrée. Elle dénonce «les visées destructrices des opposants, qui s’attaquent à la forme mais en veulent au fond, au principe».

Voilà, elle l’a dit. On le pense tous.
Les opposants du nMBA à Bellerive sont des destructeurs, des destructeurs de musée …
des destructeurs d’art !
Ça me rappelle quelque chose …, ça me rappelle …
Ça y est … je la tiens, la formule !
«Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver.» … Joseph Goebbels !
Je tire le parallèle entre les opposants au nMBA à Bellerive et Joseph Goebbels.

Silence.

Les journalistes me regardent.

Joseph Goebbels était le ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande sous le régime nazi …

J’ai comparé les opposants au nMBA à Joseph Goebbels …
J’ai assimilé Frédy Buache, Michel Thévoz et Franz Weber à des tueurs d’art … à des tueurs tout court.
J’ai identifié le fondateur de la Cinémathèque suisse, l’ancien directeur de la Collection de l’art brut et celui qui a permis le classement de Lavaux au patrimoine mondial de l’Unesco à des nazis …

C’est exactement cela Robert Ireland, vous avez tenu conférence de presse, vous avez trouvé la formule qui tue - sans mauvais jeu de mots - vous avez trouvé la formule facile. Vous avez trouvé l’image beaucoup trop facile pour quelqu’un qui travaille avec les images

P.S. Cette terrible phrase, que l’on attribue tantôt à Goering, tantôt à Goebbels tantôt à d’autres tout aussi peu recommandable est en réalité issue d’une pièce de théâtre de Hans Johst, un auteur nazi. Baldur von Schirach, le fondateur de la « Kampfbund für deutsche Kultur » l’a reprise à son compte et on en trouve une trace dans terrible film «De Nurember à Nuremberg» de Frédéric Rossif.

Extrait :


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